Le Nigéria dans ses réformes agricoles et économiques entend limiter le commerce de réexportation du Bénin vers son marché.
Abdul Wahab ADO
« C’est difficile pour les opérateurs économiques du commerce de réexportation de vendre leurs marchandises sur le marché nigérian. Les reformes engagées au Nigéria depuis un certain temps nous rendent difficile ce marché de près de 200.000 consommateurs ». C’est ainsi, que s’est exprimé, un opérateur économique béninois qui a requis l’anonymat. « Le poste de contrôle juxtaposé construit et mis en service est un frein actuellement pour le commerce de certains produits sur le Nigéria et vice versa pour le Bénin » a ajouté le commerçant qui est un acteur des échanges commerciaux bénino-nigérian. En effet, le commerce de réexportation est essentiellement informel en direction du Nigeria selon le rapport de 2017 sur la balance des paiements. Les transactions relatives à la réexportation du Bénin vers le Nigéria sont estimées à un montant de 848.443,1 millions en 2017 contre 762.669,0 millions en 2016. La hausse des réexportations en 2017 s’explique par les exportations non officielles de produits alimentaires vers le Nigeria nonobstant les mesures prises par les autorités nigérianes pour limiter l’importation de certains produits, en provenance du Bénin. En 2017, l’accentuation du déficit des transactions courantes a enregistré une augmentation avec des importations de produits alimentaires qui sont passées de 766.126,9 millions en 2016 à 969.009,4 millions en 2017. Cette progression des importations de produits alimentaires a été imprimée par les acquisitions de riz, qui ont évolué de 453.443,3 millions en 2016 à 618.198,9 millions en 2017. Ces transactions de produits alimentaires ont soutenu pour l’essentiel le commerce de réexportation informelle en direction du Nigeria, dans un contexte de fin de récession économique dans ce pays dès le deuxième trimestre de l’année 2017.
Les mesures de restriction du Nigéria
Au Bénin, l’activité de réexportation de biens date de longtemps.
Mais depuis 2015, le Nigeria a pris plusieurs mesures pour protéger son marché. Il s’agit de la restriction de l’accès aux devises via la Banque Centrale, à l’importation de 41 produits spécifiques, dont des produits alimentaires (riz, margarine, huile…) et industriels (plastic, caoutchouc, métaux…), réexportés essentiellement par les canaux informels entre le Bénin et le Nigeria, ainsi que l’introduction d’un taux de change flexible de sa monnaie, le naira, sur le marché interbancaire. Les mesures du Nigéria, visent également à protéger la production locale nigériane par des restrictions sur les importations de certains produits tels que le riz, les huiles végétales, les poissons congelés, les friperies et les véhicules d’occasion. Il faut mentionner que les récentes sorties de l’homme le plus riche du continent africain, Aliko Dangote et les recommandations du rapport de 2017 de la balance de paiement montrent que le commerce de réexportation en direction du Nigeria sera limitée. Les reformes agricoles d’autosuffisance alimentaire s’inscrivent donc dans cette ligne de limitation du commerce de réexportation vers le Nigéria. La mise en exécution de cette mesure sera un coup dur tant pour les operateurs économiques béninois mais aussi pour les nigérians.