Pour faciliter leurs échanges commerciaux, la Russie et deux grands pays de l’Asie viennent de concrétiser un projet de longue date qui pourrait permettre à l’une des premières puissances économiques mondiales de renforcer sa résilience dans le conflit qui l’oppose à l’Ukraine et d’autres puissances.
Sylvestre TCHOMAKOU
Alors que les sanctions économiques se multiplient à son encontre pour l’affaiblir et l’amener à renoncer à l’opération qu’elle a entamée en Ukraine depuis plusieurs mois déjà, la Russie rivalise de stratégies pour renforcer son économie et minimiser les résolutions prises par l’UE et les Etats-Unis en ce qui concerne son hydrocarbure et d’autres produits. En effet, le dimanche 12 juin 2022, la route maritime pensée par Moscou, Téhéran et New Delhi, a été rendue opérationnelle. De Saint-Pétersbourg (Russie) à Bombay (Inde), grâce à ce nouveau corridor, il faut seulement quatorze jours de trajet aux navires. Selon Rfi qui a informé de l’inauguration de cette nouvelle route maritime, « deux porte-conteneurs russes sont partis du port d’Astrakhan, sur la mer Caspienne. Leur cargaison de palettes de bois laminé passera par le port iranien d’Anzali, sera transférée par la route jusqu’au Golfe, avant de rejoindre par la mer le port indien de Nhava Sheva, non loin de Bombay. Un périple de deux semaines ». Projet de longue date, ce corridor nord-sud doit son accélération au contexte conflictuel actuel entre la Russie et le camp USA- Europe qui a entraîné une série de sanctions contre Moscou. Sans oublier l’Iran qui était également sous sanctions. « Depuis les années 2000, l’Inde, la Russie, l’Iran et d’autres pays discutent d’un corridor international nord-sud. C’est en effet le seul moyen d’expédier des marchandises russes vers l’Inde. La guerre en Ukraine a indéniablement contribué à accélérer le projet. L’Iran est sous sanctions et maintenant la Russie aussi. Les deux pays veulent donc avancer au plus vite. Je pense que l’intérêt commercial pour cette nouvelle route va croître rapidement. », se convainc Nandan Unnikrishnan, spécialiste des relations entre l’Inde et l’espace post-soviétique. Sans parti pris dans le conflit Russo-Ukrainien, l’Inde, avec ce nouveau corridor, recevra plus facilement des marchandises en provenance de la Russie, notamment le blé, le gaz et le pétrole. Partie prenante de ce nouveau deal, l’Iran espère profiter des taxes prélevées sur les transits sur son territoire. Avec ces derniers épisodes, la Russie s’offre d’autres alternatives pour se passer du marché européen du pétrole et du gaz.