Malgré l’engouement que suscite l’e-commerce en Afrique, en particulier au Nigeria voisin et le potentiel que représente ce secteur en termes de croissance économique, le Bénin traine les pas et semble moins intéressé.
Issa SIKITI DA SILVA
Les opportunités offertes par les nouvelles technologies ont amené de nombreuses personnes à penser que le commerce électronique se développerait rapidement et contribuerait aux pays en développement à surmonter leurs problèmes d’exclusion de l’économie mondiale et à permettre à leurs entreprises d’obtenir un meilleur accès mondial et réduire leurs coûts de transaction, a révélé un rapport publié en janvier 2010 par l’Information, Society and Justice.
Neuf ans après la publication de ce rapport, la fièvre de l’e-commerce tarde à monter au Bénin et nombreux sont les petites et moyennes entreprises et même les consommateurs qui hésitent à s’embarquer dans ce qu’ils qualifient d’aventure périlleuse et coûteuse.
« C’est vrai que le secteur suscite un engouement dans de nombreux pays africains mais le chemin est encore long. Beaucoup degouvernements africains doivent d’abord créer les conditions nécessaires favorables pour le développement de ce secteur en vue, entre autres, de protéger l’intégrité des payements, de construire les routes et créer des réseaux de distribution carc’est une aventure à haut risque qui coûte cher », a déclaré l’entrepreneur Georges Adiyeton.
Cybercriminalité
« Acheter en ligne ? Je ne peux pas le faire. Il y a trop de risques sur l’internet. Nous sommes un pays décimé par la cybercriminalité. Le site marquète des produits de qualité à bas prix mais tu n’es pas sûr s’il est crédible. Les transactions du e-commerce sont sécurisées si tu as ton propre PC, mais ici au Bénin un bon PC coute les yeux de la tête, donc pas vraiment à la portée de nos moyens. Tu vois, il y a beaucoup d’obstacles », a affirmé Joël Soton.
« Alors que les prix des PC ont considérablement diminué au cours de la dernière décennie, ils restent hors de portée de la plupart des utilisateurs individuels et les entreprises des pays en développement. Ajoutez à cela le coût en capital humain de l’installation, l’exploitation, la maintenance, la formation et le support, les coûts dépassent les moyens de nombreuses entreprises dans les pays en développement », ont souligné Japhet E. Lawrence et Usman A. Tarun, les auteurs du rapport intitulé ‘’Barriers to e-commerce in developing countries’’.
En outre, il y a le problème de la faible pénétration et le cout élevé de l’internet, et aussi le manque de fiabilité de la connexion, lesquels semblent être engendrés par les facteurs d’infrastructures de base inadéquats et la passivité des stratégies nationales des gouvernements en matière de TIC.
Culture
Certains consommateurs interrogés ont catégoriquement rejeté l’e-commerce qui, selon eux, ne fait pas partie de la culture béninoise. « C’est difficile pour la majorité de gens de l’adopter. Nous sommes un peuple qui a l’habitude d’aller au marché et discuter les prix. A part cela, je ne fais pas confiance à des personnes qui vendent ces produits car je ne les connais même pas. Si je pars acheter et que je manque 1000 FCFA, le vendeur que je connais bien va me dire viens payer demain. Et ces gens du e-commerce, qui sont-ils et ou sont-ils ? »,s’est interrogé un consommateur.
« La confiance est une condition essentielle pour un commerce électronique sécurisé. La question de la confiance est encore plus importante dans le monde virtuel que dans le monde réel.Dans les pays en développement, le shopping est considéré comme un lieu social où les conversations amicales ont lieu entre le vendeur et le client. Le succès des affaires dépend fortement de la qualité et parfois la quantité de relations personnelles », a poursuivi un rapport précité.
Malgré ces défis, l’Ile Maurice, le Nigeria et l’Afrique du Sud sont classés comme les géants de l’e-commerce en Afrique, selon la CNUCED qui soutient qu’il y avait au moins 21 millions d’acheteurs en ligne en Afrique en 2017, moins de 2% du total mondial.