La production du cacao au Bénin a été révélée en juin 2014 dans une étude monographique publiée par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Etant encore à une étape embryonnaire, le gouvernement du Président Patrice Talon donne une priorité importante au développement de cette culture qui fait l’objet d’un intérêt majeur à l’échelle mondiale.
Félicienne HOUESSOU
Outre le coton, l’arachide, le cajou et bien d’autres produits de rente de l’agriculture nationale, le Bénin est cité comme pays producteur du cacao. Selon la Bceao, le Bénin a en moyenne produit 100 tonnes de cacao entre 2004 et 2014. Malgré cette modeste production, le pays s’affiche comme le troisième producteur de Cacao de l’espace Uemoa dernière ses voisins de l’Ouest, le Togo et la Côte d’Ivoire, premier producteur de cette culture jusqu’à ce jour. Si la Bceao affirme que le cacao est la culture de rente la plus importante de l’UEMOA, c’est que le Bénin aura bien plus d’intérêt à renforcer cette filière. Avec une production moyenne annuelle de 1.200.000 tonnes, soit 41 % de l’offre mondiale, la filière cacao contribue à 20% à la richesse de la Côte d’Ivoire. Sur le plan macro-économique, le niveau de production atteint fait que l’économie cacaoyère fournit environ 40 % de recettes d’exportation, et contribue pour 10 % à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB). Au plan social, ce sont environ 600.000 exploitants qui animent l’appareil de production, faisant ainsi vivre environ 6.000.000 de personnes des revenus du cacao. Le Bénin qui présente déjà les mêmes atouts naturels et les mêmes opportunités commerciales que la Côte d’Ivoire, devra s’inspirer de ce modèle en intégrant la promotion et la réorganisation de la filière cacao.
Une opportunité que le Gouvernement du Président Patrice Talon a comprise et a commencée par intégrer dans son plan d’actions. En effet, les nouvelles orientations pour ce second quinquennat (2021-2026) donnent une priorité importante au développement du cacao dans notre pays. L’ambition affichée du Gouvernement du Bénin est de mettre en place une plantation de près de 50.000 hectares de cacaoyers afin de doubler le revenu des producteurs. Pour y arriver, l’Agence de promotion des investissements et des exportations a réuni en juillet 2021 le club « Les chocolatiers engagés », créé par des acteurs européens du chocolat haut de gamme et ceux de la filière cacao, avec pour objectif de soutenir la production et la transformation industrielle locales.
Atouts majeurs pour profiter de la Zlecaf
C’est dans l’agriculture que les ambitions de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), peuvent trouver le terrain le plus fertile, notamment en développant des chaînes de valeur régionales inclusives autour des produits de base prioritaires, sous l’impulsion d’un secteur privé dynamique et diversifié composé de petits exploitants, d’agriculteurs commerciaux, de transformateurs et de prestataires de services. La ZLECAf, une fois qu’elle sera entièrement mise en œuvre, sera la plus grande zone de libre-échange au monde et reliera 1,3 milliards de consommateurs dans 54 pays au sein d’un marché unique de biens et services. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement estime que la ZLECAf pourrait stimuler le commerce intra-africain d’environ 33 %, et réduire le déficit commercial du continent avec le reste du monde de 51 %. L’année dernière, le Secrétariat de la ZLECAf et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont publié un Rapport sur les marchés à terme identifiant les chaînes de valeur sur lesquelles les investissements devraient se concentrer. Il s’agit entre autres, du secteur automobile, de la filière cacao, le secteur des batteries, du lithium etc. Ainsi, il est clair, que les producteurs de cacao, ou qu’ils soient sur le continent africain, disposent d’un marché potentiel.
Les défis à relever
La relance durable de la filière cacao se heurte à plusieurs problèmes d’ordre technique et institutionnel. La principale contrainte pour le Bénin est qu’il n’existe pas encore d’exploitations dignes du nom. La petite taille des exploitations, qui sont en majorité de type familial et le manque de formation des agriculteurs entravent le développement des plantations et l’amélioration des rendements. Selon la Bceao, l’usage de méthodes agricoles archaïques, notamment une culture extensive avec une sous-utilisation de produits phytosanitaires appropriés accentue la détérioration de la qualité des sols et affecte la productivité des plantations ainsi que leur rendement. En outre, les maladies du cacaoyer demeurent l’une des difficultés majeures auxquelles la filière est confrontée. Les enjeux à la préservation de l’environnement sont énormes. L’adoption de techniques agricoles modernes qui accroissent le rendement et améliorent la qualité du cacao est un objectif important à atteindre. Egalement, la création d’une chaîne de valeur dans la filière est cruciale pour accroître les marges bénéficiaires des producteurs. La prise en compte de ces défis permettra la création d’une économie cacaoyère durable qui favorise un approvisionnement sécurisé du marché et une répartition plus équitable des revenus générés par le secteur.