Le Comité d’abolition de dettes illégitimes (CADTM/Afrique) et le Cercle de l’autopromotion pour le développement durable (CADD-Bénin) ont initié au profit de la société civile béninoise, une formation de trois jours sur l’impact de la dette publique sur les droits humains. A l’occasion, le diagnostic et l’état des lieux ont été faits au Bénin et sur le continent suivi d’une série de résolutions. C’était du 04 au 07 octobre 2022 à Cotonou.
Bidossessi WANOU
En plus des Organisations de la société civile béninoise, celles venues du Burkina Faso, du Togo, du Mali, du Cameroun, de la République Démocratique du Congo ont pris part à l’atelier de formation sur la dette. « L’impact de la dette publique sur les droits humains et les alternatives possibles », c’est autour de ce thème développé en sous thèmes qu’a eu lieu la formation conduite par des acteurs publics, des chercheurs et universitaires. Au total, treize sous thèmes ont été développés durant les 72 heures qu’a duré le séminaire la formation avec une priorité à l’état des lieux et à la situation au Bénin. Selon la déclaration finale, il ressort que « les Etats africains consacrent chacun une part importante de leurs recettes fiscales au service de la dette ». A les en croire, « le service de la dette grève gravement les budgets alloués aux secteurs sociaux, compromettant ainsi la promotion des droits humains les plus élémentaires des masses laborieuses ». En abordant le cas spécifique du Bénin, « durant les quatre dernières années, le Bénin a remboursé au titre du service de sa dette publique, 1.256 milliards de FCFA composés de 1092 milliards de principal et 164 milliards d’intérêt ». Et ce n’est pas tout, le niveau d’endettement du pays demeure élevé avec un ratio PIB/dette de plus de 50% et un stock de la dette publique béninoise chiffré à 5438,70 milliards à fin juin 2022 selon le bulletin statistique de la dette publique du second trimestre 2022 de la Caisse autonome d’amortissement (CAA). Ils ont dans leurs déclaration, d’emblée fustigé la politique d’endettement des Etats africains où on note de nombreuses dettes illégitimes et appelé les Etats à s’opposer à honorer leurs dettes comme ce fut le cas avec la Mexique en 1982.
Des solutions aux politiques infructueuses Selon le CADTM/Afrique et le CADD-Bénin, les solutions de lutte contre la pauvreté sur le continent ont échoué en l’occurrence, les institutions classiques de microcrédits/finances qui loin de lutter contre la pauvreté, « enfoncent davantage dans l’extrême pauvreté, le stress, l’humiliation et la violence » trahissant ainsi la pensée de Muhammad Yunus. Selon Emilie Tamadaho, présidente du CADD-Bénin, « cet outil mis en place pour accompagner les couches défavorisées, notamment les femmes, dans le contenu est bien mais dans la pratique, il y a encore beaucoup à faire ». Le ratio 1 médecin/1000 habitant n’a pu être respecté à ce jour et les OMD et ODD, ne sont que des ballons d’essai qui ont tous échoués.
Ils ont dénoncé le discours trompeurs des pays du G8, qui proclament une annulation massive de dette par cette période de crise alors qu’il ne s’agit que d’un report de paiement et évoqué le constat de « l’abandon progressif par les Parlements de l’Uemoa de leur rôle de législateurs notamment en ce qui concerne la ratification des accords de prêts ». En raison de tout cela, il y a lieu d’élargir la collaboration entre les mouvements sociaux des pays du Sud d’une part, et ceux du Nord et du Sud d’autre part pour contrecarrer les forces prédatrices aussi bien en Afrique qu’en Occident. Car selon Broulay Bagayoko, Secrétaire permanent du réseau CADTM-Afrique, citant Thomas Sankara, l’Occident ne peut jamais parvenir à régler sa dette vis-à-vis de l’Afrique avec laquelle il a conclu une dette de sang. Les organisations venues des différents pays ont fait une série de propositions pour une meilleure politique d’endettement et de gestion de la dette, le contrôle de son impact sur la vie et les droits des peuples, l’orientation des dettes contractées, le fonctionnement et le rôle des Institutions financières internationales (IFI) et les contraintes à rendre compte au parlement de leurs Etats, la réduction des taux d’intérêt applicables aux microfinances…sans oublier l’urgence pour l’Uemoa de battre monnaie pour s’affranchir définitivement du joug colonial et des pressions extérieures.