Près de 50% de la superficie terrestre de l’Afrique souffre de dégradation, et 70 à 80% des surfaces cultivées du continent sont dégradées avec des pertes de 30 à 60 kg de nutriments par hectare et par an. Les agriculteurs sont désemparés et crient au secours.
Issa SIKITI DA SILVA
« Les petits producteurs sont de plus en plus confrontés à la baisse de la fertilité des sols ; 28% des agriculteurs en Afrique rurale cultivent des terres en dégradation continue », indiquent Suwadu Sakho-Jimbira and Ibrahima Hathie dans un document de recherche intitulé « The future of agriculture in Sub-Saharan Africa ».
Face à cette situation, et pour augmenter la productivité agricole de manière durable, les chercheurs ont recommandé l’utilisation d’une stratégie de gestion intégrée des terres, soulignent-ils.
« Il s’agit de réhabiliter le sol en augmentant la matière organique, en retenant l’humidité et en augmentant l’utilisation d’engrais inorganiques », expliquent Suwadu Sakho-Jimbira and Ibrahima Hathie.
La matière organique naturelle est une source carbonée composée des matières fécales et des restes d’organismes tels que les plantes et les animaux. Quant aux engrais inorganiques, le site Aquaportail les définit comme un produit constitué de substances naturelles qui ne contiennent pas de carbone. Ce type d’engrais est utilisé dans les substrats ou dans l’eau afin d’augmenter la production de plantes.
Si les changements climatiques sont incontestablement les principaux facteurs climatiques de la dégradation des terres, de mauvaises pratiques agricoles exacerbent également les processus d’érosion et de salinisation.
« Une mauvaise gestion de l’irrigation et de la fertilisation accélère la pollution, la salinisation et l’acidification des sols », soulignent les deux experts cités ci-dessus, pointant du doigt les facteurs humains (donc les agriculteurs) comme des responsables de la dégradation des terres.
Gestion intégrée des terres
Les Nations Unies définissent la gestion durable des terres (GDT) comme « l’utilisation des ressources terrestres, y compris les sols, l’eau, les animaux et les plantes, pour la production de biens afin de répondre aux besoins humains changeants, tout en assurant simultanément le potentiel de production à long terme de ces ressources et le maintien de leurs fonctions environnementales ».
La dégradation des terres n’est pas un problème insurmontable. Les solutions sont basées sur un mélange de connaissances scientifiques, locales et autochtones, qui est une ressource utile pour comprendre comment les terres menacées dans le cadre des approches de gestion modernes peuvent être gérées de manière plus durable ou même restaurées, déclare The Lancet Planetary Health.
Tammana Begum, rédactrice au National History Museum, propose des solutions suivantes pour prévenir la dégradation des terres : « La pratique de la rotation des cultures permet à différentes plantes de pousser dans une zone de sol chaque année. Cela permet au sol de se reconstituer des éléments nutritifs qui manquent après la croissance d’un type de plante. »
« L’agroforesterie consiste à faire pousser des cultures autour des arbres et d’autres plantes telles que les haies. Les arbres créent leur propre microclimat, favorable aux cultures. Ils agissent également comme une forme de protection contre les dommages causés par le vent et l’eau et encouragent la biodiversité, qui maintient les écosystèmes forts et sains. »