La stratégie mondiale de lutte contre le Covid-19 est perturbée par une nouvelle vague de contamination qui s’apprête à plomber la reprise économique amorcée depuis l’année 2021. Cependant, les variantes du virus ne constituent que l’un des principaux risques qui pourraient peser sur la relance économique du Bénin.
Félicienne HOUESSOU
Le gouvernement béninois a mis en place un plan de relance estimé à 74 milliards de FCFA, soit 1% du PIB du pays. Ce plan s’adresse aux ménages les plus vulnérables et aux entreprises opérant dans les secteurs les plus touchés (tourisme, transports, etc.). De plus, l’exécutif a lancé la semaine dernière, leProgramme d’action du gouvernement (PAG) pour le second quinquennat. Le programme évalué à plus de 12 mille milliards de francs CFA contient des projets d’investissements et de réformes qui touchent tous les secteurs. Sur son site, le gouvernement indique que “le catalogue des projets du PAG 2021-2026 comporte 342 projets pour un montant cumulé de 12 011 milliards F CFA, dont : 189 projets en cours (PAG1) pour 7 658 milliards F CFA ; 153 nouveaux projets pour 4 353 milliards F CFA. Le financement déjà disponible est de 3 431 milliards F CFA tandis que le montant à rechercher est évalué à 8 580 milliards F CFA (4 897 milliards F CFA pour projets en cours, et 3 683 milliards F CFA pour nouveaux projets)”. Une panoplie de programmes et de projets pour assurer la relance post covid ainsi que la croissance économique du pays. Ainsi, tout se prépare pour relever la pente après le choc sanitaire. Mais des menaces se pointent déjà à l’horizon. Alors que les autorités adoptent une stratégie de vaccination générale, la pandémie du Covid-19 se révèle sous de nouvelles formes. Selon une étude d’août 2021, un taux de vaccination élevé peut paradoxalement favoriser l’émergence de variantesrésistantes.
Les variantes du coronavirus
Annoncée en novembre 2021, l’Omicron, la variante hautement transmissible du coronavirus a fait effondrer les marchés financiers et des produits de base mondiaux. Les investisseurs ont du mal à juger des implications économiques de la nouvelle variante. Les gouvernements ont renforcé les restrictions pour maintenir la variante à distance, menaçant la reprise économique. Il est possible qu’Omicron ne soit pas la boule de courbe pour faire dérailler la reprise économique.Mais,les experts ont averti que si la pandémie continue de faire ravage, nous pourrions assister à l’émergence de variantes COVID résistantes aux vaccins, ce qui pourrait marquer un retour des blocages.
Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement
Les impacts du coronavirus mettent en lumière la nécessité de transformer les modèles de chaîne d’approvisionnement traditionnels.Les difficultés liées à l’expédition ainsi qu’une pénurie de conteneurs d’expédition et un fort rebond de la demande sont, entre autres,les défis de la chaîne d’approvisionnement. Le secteur automobile a été parmi les plus touchés avec la chute de la production dans la zone euro, y compris en Allemagne, ces derniers mois. Les constructeurs automobiles ont réduit leur production car les équipements intermédiaires, en particulier les semi-conducteurs, restent rares. Cependant, les experts s’attendent à ce que les goulots d’étranglement de l’approvisionnement continuent de peser sur la croissance cette année.Bien que l’Afrique soit moins exposée aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, le Centre du commerce international indique queles exportateurs africains pourraient perdre plus de 2,4 milliards de dollars en exportations de chaînes de valeur manufacturières mondiales en raison du choc causé par les fermetures d’usines dans le G3. Les effets du coronavirus mettent en lumière la nécessité de transformer les modèles de chaîne d’approvisionnement traditionnels.
Une inflation galopante
La flambée des prix, en particulier au Bénin est principalement tirée par l’augmentation des prix de produits alimentaires (+12%), notamment sur les céréales locales (+21,5%), sur les huiles (+22,6%) et les légumes frais (+15,9), ainsi que sur les produits à base de féculents comme le gari (+75%) où la hausse des prix est plus marquée. Deux raisons possibles sont à la base de cette inflation galopante sur les denrées alimentaires dans ce pays. Il s’agit de la baisse de la production céréalière de 0,8% et des contres performances de la filière manioc associéés à l’augmentation de l’exportation des denrées alimentaires vers le Nigéria. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement s’avérant plus persistantes qu’on ne le pensait auparavant, l’inflation devrait continuer à être élevée pendant la majeure partie de 2022. « Si COVID-19 devait avoir un impact prolongé – à moyen terme – il pourrait réduire le PIB mondial d’un montant cumulé de 5,3 billions de dollars (4,6 billions d’euros) au cours des cinq prochaines années par rapport à notre projection actuelle », prévient Gita Gopinath, économiste en chef du FMI. Toutefois, pour le Bénin, les prévisions annoncent pour 2022 un taux de croissance de 7% dans le meilleur des scénarios, comptant notamment avec l’atténuation des effets de la crise du Covid-19. L’autre scénario prévoit un taux de croissance de 4,5% si la pandémie ne retombe pas et que de nouvelles variantes du virus se propagent.