Déjà sous le choc de la pandémie et de l’invasion russe de l’Ukraine, l’’économie mondiale fait face à des perspectives de plus en plus sombres et incertaines. La preuve en est que les trois plus grandes économies du monde sont au point mort, entraînant des conséquences néfastes pour les perspectives mondiales.
Issa SIKITI DA SILVA
Ce diagnostic du Fonds monétaire international (FMI) semble troublant car d’une manière ou d’une autre il jette de l’huile sur le feu dans un environnement où les pays pauvres font face au surendettement et à une hausse galopante des prix. « L’inflation est une préoccupation majeure. Bon nombre des risques signalés dans nos « Perspectives de l’économie mondiale d’avril » ont commencé à se matérialiser », a indiqué le FMI, ajoutant qu’une inflation plus élevée que prévu, en particulier aux États-Unis et dans les principales économies européennes, entraîne un resserrement des conditions financières mondiales.
Et ce que les analystes craignaient s’est enfin concrétisé la semaine dernière lorsque la Banque centrale américaine a augmenté ses taux directeurs de 0,75% pour la seconde fois consécutive, le faisant passer de 2,25 % à 2,50 %. Maintenant il faudra s’attendre au pire dans les économies des pays pauvres.
« En effet, une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis va non seulement augmenter le coût d’emprunt de dollars, mais elle va également encourager les investisseurs à garer leur argent aux États-Unis, vidant les pays les plus pauvres des investissements », a expliqué Colm Quinn, ancien directeur des nouveaux médias et du développement des publics au Center for Strategic and International Studies, sur le site de « Foreign Policy ».
« Cela, à son tour, tend à augmenter la valeur du dollar par rapport aux autres devises », a-t-il souligné.
Inflation mondiale
Malgré le ralentissement de l’activité économique, poursuit le FMI, l’inflation mondiale a été révisée à la hausse, en partie en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. « Cette année, l’inflation devrait atteindre 6,6% dans les économies avancées et 9,5% dans les économies émergentes et en développement, et elle devrait rester élevée plus longtemps ».
A en croire le FMI, l’inflation s’est également élargie dans de nombreuses économies, reflétant l’impact des pressions sur les coûts des chaînes d’approvisionnement perturbées et des marchés du travail historiquement tendus.
Statista affirme que l’inflation en Afrique subsaharienne devrait atteindre 12,2% en 2022, après avoir augmenté régulièrement à partir de 2020. On estime que le taux va diminuer même s’il va rester élevé dans les années à venir.
Selon Pierre-Olivier Gourinchas, l’inflation aux niveaux actuels représente un risque évident pour la stabilité macroéconomique présente et future. La ramener aux objectifs de la banque centrale devrait être la priorité absolue des décideurs, martèle cet économiste français, directeur de la recherche au FMI.
« En réponse aux données entrantes, les banques centrales des principales économies avancées retirent leur soutien monétaire plus rapidement que prévu en avril, tandis que de nombreux pays émergents et en développement avaient déjà commencé à relever les taux d’intérêt l’année dernière », indique-t-il.