Le monde se trouve au milieu d’une crise du coût de la vie et le pire reste à venir, a averti le Fonds monétaire international (FMI), mardi à Washington. Cet avertissement intervient alors que l’économie mondiale est confrontée à des défis de taille, tels que l’inflation galopante, la stagnation des trois plus grandes économies du monde, et le ralentissement de la Chine.
Issa SIKITI DA SILVA
« Nos prévisions pour la croissance mondiale cette année restent inchangées, à 3,2%, mais celles pour l’an prochain ont été abaissées de 0,2 point de pourcentage par rapport à juillet, à 2,7%. Le ralentissement de 2023 sera généralisé, des pays représentant environ un tiers de l’économie mondiale devant enregistrer une contraction de leur activité économique cette année ou l’année prochaine », a souligné le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.
« La croissance dans les trois plus grandes puissances économiques, les États-Unis, la Chine et la zone euro, restera au point mort. De façon générale, les chocs de cette année vont rouvrir les blessures dont souffrait l’économie, qui ne s’étaient que partiellement cicatrisées après la pandémie. En somme, le pire reste à venir et pour beaucoup, 2023 aura l’effet d’une récession », a-t-il ajouté.
A en croire cet éminent économiste d’origine française, les pressions inflationnistes s’avèrent plus persistantes que prévu et la hausse rapide des prix cause de graves difficultés aux ménages presque partout, en particulier aux pauvres.
Intensification
L’intensification des pressions sur les prix demeure la menace la plus immédiate qui pèse sur la prospérité actuelle et future, car elle comprime les revenus réels et fragilise la stabilité macroéconomique, dixit Pierre-Olivier Gourinchas.
Les banques centrales concentrent aujourd’hui leurs efforts sur le rétablissement de la stabilité des prix, et le rythme du resserrement de leur politique s’est fortement accéléré.
Selon l’économiste français, le risque est à la fois d’en faire trop et pas assez. « Un durcissement insuffisant renforcerait davantage l’inflation, saperait la crédibilité des banques centrales et provoquerait un désencrage des anticipations d’inflation. Or l’histoire nous a montré que cela ne ferait qu’accroître, à terme, le coût d’une maîtrise de l’inflation ».
Le FMI lance un appel aux banques centrales à maintenir le cap et bien concentrer leur politique monétaire sur la maîtrise de l’inflation.
« Un durcissement excessif risquerait d’entraîner l’économie mondiale dans une récession inutilement sévère. Les marchés financiers pourraient également souffrir d’un tour de vis trop précipité. Ces erreurs n’ont cependant pas un coût égal. En sous-estimant une fois de plus à quel point l’inflation est obstinément tenace, les banques centrales mettraient à mal une crédibilité qu’elles avaient péniblement gagnée, ce qui se révèlerait encore plus préjudiciable à la stabilité macroéconomique. Si besoin, la politique financière doit veiller au maintien de la stabilité des marchés », a expliqué le chef économiste du FMI.