Au Nigeria, la crise économique a fait partir certaines entreprises étrangères. Leur décision de partir découle du chaos économique qui s’empire depuis l’arrivée au pouvoir de Bola Tinubu le 29 mai 2023, chaos qui a entraîné une descente aux enfers généralisée et qui a fini par user la patience des multinationales.
Le départ de l’Américain « Procter and Gamble » en décembre 2023 a donné le top de l’exode des multinationales au Nigeria. Après seulement cinq ans chez le géant africain, cette compagnie américaine qui a beaucoup investi sur un marché estimé à 50 millions de dollars a décidé de prendre ses cliques et claques. Dans le secteur de la pharmacie, c’est une hécatombe. On peut citer le Britannique « GSK », l’Allemand « Bayer » et le Français « Sanofi » qui ont aussi quitté le Nigeria. Dans le domaine pétrolier, plusieurs grandes compagnies se sont retirées également. Entre autres, on peut citer la norvégienne « Equinor » et de l’italienne « Eni ». D’autres multinationales comme la Suisse « Nestlé », la multinationale de l’agroalimentaire présente au Nigeria depuis l’indépendance, et qui a subi des pertes de 70 millions de dollars en 2023 ne tient plus au Nigéria. Le géant sud-africain des télécom MTN qui essuie également des pertes de changes colossales avait hésité entre partir et laisser tomber son plus grand marché africain.
Au nombre des raisons qui expliquent cet exode des multinationales, il y a la libéralisation des changes qui a été douloureuse pour les entreprises étrangères. En effet, le président Tinubu a décidé de la libéralisation du marché des changes. Conséquence, depuis juin 2023, la Banque centrale laisse filer le naira, la monnaie locale. Une cure d’assainissement nécessaire, mais que les multinationales paient au prix fort. A la prise des rênes de l’Etat par Tinubu, 10 000 nairas valaient 22 dollars. Aujourd’hui, il faut remettre 10.000 nairas pour avoir moins de dix dollars. L’effondrement du naira couplé à la pénurie de dollars mettent les comptes des entreprises étrangères dans le rouge. Le Nigeria, 1er marché si prometteur du continent africain s’est brutalement contracté avec une inflation à 30%. Dans cette situation qui refroidit les investisseurs étrangers, les investissements directs étrangers sont en chute libre. Selon le Bureau nigérian des statistiques, les investissements étrangers directs sont passés de 1 milliard et 150 millions de dollars au troisième trimestre 2022 à 654 millions de dollars un an plus tard. Au bout du rouleau, c’est un déclin de 45% relatif aux capitaux étrangers plus qu’indispensables que jamais pour créer de la croissance et de l’emploi. En dépit de ces statistiques peu reluisantes, le président Tinubu reste toujours confiant. Il a annoncé avoir eu des engagements à hauteur de 30 milliards de dollars notamment de la part des pays du Golfe. Pour le moment, entre les promesses et la réalité, les Nigérians continuent par broyer du noir.
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