Les impacts économiques du coronavirus, cette nouvelle épidémie qui fait ravage dans le monde, ne sont pas indemnes sur le transport aérien mondial. De récentes études de l’Association du transport aérien international (IATA) réévaluent les pertes au double des 113 milliards de dollars annoncés il y a une semaine.
Sylvestre TCHOMAKOU
Le parcours meurtrier qu’a entamé depuis trois mois déjà l’épidémie du coronavirus, au-delà de mettre en veilleuse le secteur du transport aérien international, lui causera une perte de chiffre d’affaires estimée à environ 252 milliards de dollars, soit 151.462 milliards de F CFA cette année. Et non plus de 113 milliards de dollars comme prévu il y a une semaine par l’Association du transport aérien international (IATA). C’est ce que révèle l’institution elle-même, en appelant les États à soutenir les compagnies aériennes. En raison du covid-19 qui, très vite, a multiplié sa carte de pays contaminés, la flotte d’avions est clouée au sol. Et plus les jours passent, plus l’évaluation des effets de la crise du Covid-19 sur le transport aérien s’accroît. Ce mardi 24 mars 2020, soit une semaine après avoir estimé à 113 milliards de dollars la perte de chiffre d’affaires des compagnies aériennes pour 2020, soit -19%, l’Association du transport aérien international (IATA) évalue désormais la perte de recettes à 252 milliards de dollars. Ce qui représenterait une chute de 44% par rapport à 2019. Le trafic passager devrait en effet chuter sur l’année de 38%, à en croire l’institution.
Pas de courbe en « V », la reprise sera lente
La durée, encore incertaine mais probablement longue, de la fermeture des frontières et l’intensité de la crise économique qui va éventuellement se traduire par une récession mondiale en 2020, expliquent cette révision des prévisions. Les« sévères restrictions de voyages ne seront pas levées avant trois mois », analyse l’IATA. Alors qu’elle tablait jusqu’ici sur une courbe en « V » avec une forte chute d’activités suivie d’un rebond tout aussi rapide, l’IATA s’attend désormais à une reprise « graduelle », a expliqué son chef économiste, Brian Pearce. Réduite de 65% au deuxième trimestre, la capacité des compagnies aériennes mesurée en sièges-kilomètres offerts, ne sera pas encore revenue en fin d’année au niveau espéré avant crise. La baisse devrait encore être de 10% au quatrième trimestre.
Baisse de liquidités
Les compagnies aériennes sont dans une situation d’urgence. Sortant de la saison hivernale, une période de basse saison consommatrice de cash, et privées de rentrées d’argent frais liées habituellement aux prises de réservation pour la saison d’été, elles manquent cruellement de liquidités. Selon une note publiée la semaine dernière par CAPA Aviation, un cabinet de consultants spécialisé dans le transport aérien, la plupart des compagnies aériennes risquent d’être en faillite fin mai. Une compagnie moyenne a deux mois de trésorerie dans les caisses, précise l’IATA. « Une crise de liquidités se précipite sur nous à pleine vitesse : nous n’avons aucune recette mais, toujours des coûts », a déclaré le directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA), Alexandre de Juniac, lors d’une conférence téléphonique. Selon l’institution, 200 milliards de dollars d’argent public, soit 185 milliards d’euros environ sont nécessaires pour sauver le secteur. C’est pourquoi elle appelle les Etats à intervenir rapidement, que ce soit sous la forme d’aides directes, de prêts, de garanties de prêts, ou encore d’allègements d’impôts de charges sociales. De son côté, même si elle a assuré qu’elle aidera Air France-KLM, l’Etat Français continue d’observer sans mot dire, les autres compagnies françaises.