Du 16 mars au 06 mai 2020, le Bénin a enregistré sur son territoire 140 cas confirmés de coronavirus. Face à cette contamination grandissante de l’épidémie, plusieurs défis se pointent à l’horizon. Le plus important, la consolidation des services de santé.
Félicienne HOUESSOU
Le nombre de cas du coronavirus ne cesse de grimper au Bénin. La barre des 100 personnes atteintes a été franchie ce mercredi 06 mai 2020 où le gouvernement a annoncé 140 cas confirmés dont 53 guérisons et 2 décès. Pendant ce temps, la situation infrastructurelle des hôpitaux publics du Bénin demeure dans un état critique marqué par le manque de respirateurs, lits, personnels formés à la réanimation. A cela s’ajoute un manque d’équipements de protection personnelle (gants, masques, visières de protection et désinfectant pour les mains). La question de résilience du système sanitaire est d’une importance capitale au vue de cette crise épidémiologique qui sévit le monde entier. Le renforcement des capacités hospitalières constitue donc l’un des défis prioritaires à résoudre pour le gouvernement. Il faille aujourd’hui, face à la contrainte de l’heure, briser les blocages existants du à un dysfonctionnement chronique de l’organisation du système de santé. Notre système sanitaire est sans aucun doute le talon d’Achille de notre réponse au Covid-19. Pour cela, la ressource humaine doit être formée de façon optimale. En Chine, on a parlé de près de 3 500 agents de santé infectés. Si cela se reproduit au Bénin, il se posera un énorme problème dû fait du manque de personnel formé.
Agir pour la disponibilité de la ressource humaine
En mettant en exergue les immenses lacunes des systèmes de santé du continent africain, les experts internationaux incitent les gouvernants à investir davantage dans ce secteur. Dans la perspective d’un pic épidémique, les structures médicales existantes ne pourront pas gérer un grand nombre de cas d’infection au Covid-19. Au-delà de l’inexistence de structures hospitalières dans certaines zones du Bénin, s’ajoute le manque de spécialiste et de personnel qualifié pour faire face à une progression de l’épidémie. Chose qui inquiète plus d’un. Puisque la masse conséquente de ressources humaines constitue le socle sur lequel repose l’organisation de la politique sanitaire. Les autorités politiques doivent aussi agir pour mettre à disposition, les moyens financiers nécessaires et l’accès aux produits pharmaceutiques nécessaires à l’exercice de leurs fonctions, que ce soit des médicaments ou du matériel médical de pointe. Renforcer les capacités, c’est bien, mais il faudrait déjà trouver suffisamment de médecins réanimateurs dans le pays. Et, le signal fort des dirigeants politiques doit se matérialisé par l’investissement dans les infrastructures de santé.
Intensifier l’investissement
Le financement des programmes sanitaires ou de la mise en œuvre des infrastructures constitue un autre pan de la problématique. Il a toujours manqué une volonté politique affirmée et rigoureuse. En conséquence, les ressources affectées au secteur sont souvent soit insuffisantes, soit mal gérées. Outre le moratoire de 12 mois de la dette publique, le pays obtient de par et d’autres des soutiens financiers et matériels de tous genres. Le secteur privé et les partenaires techniques et financiers mettent les mains à la pâte pour apporter leur soutien face à la propagation du virus. La Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), les banques privées et autres organisations n’ont pas marchandé leur appui tant au niveau financier que technique.
Spécifique pour relever les défis liés aux services financiers, un fonds d’investissement soutenu par l’Agence française de développement (AFD) propose aux pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest des prêts aux institutions de santé pour renforcer leurs capacités. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un effort croissant de consolidation des services de santé africains dont le rôle est essentiel dans la crise sanitaire liée au coronavirus. Selon le site de l’AFD, le Medical Credit Fund, membre de l’organisation Pharm Access, propose des prêts à plus de 1 600 institutions de santé en Afrique de l’Est et de l’Ouest. Ces prêts couvrent des financements de l’ordre de 2,5 millions de dollars liés à la construction et à l’infrastructure, mais aussi, des crédits de court terme pour des produits pharmaceutiques. Ce fonds d’investissement qui propose des prêts pour les grands hôpitaux publics autant que pour les petites cliniques des bidonvilles au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda, au Ghana et au Nigéria, prévoit d’élargir sa zone d’opération. L’Afrique n’est encore que faiblement touchée par le coronavirus. Les gouvernements tentent autant qu’ils peuvent d’augmenter les capacités de prise en charge de malades du Covid-19. Mais, ils n’auront peut-être pas les moyens de répondre médicalement à un afflux de cas graves comme en Asie, en Europe ou aux Etats-Unis. Malgré le confinement, rien n’arrête pour le moment la courbe de progression. Si la Chine a pu construire un hôpital de plus de 400 chambres, 1 000 patient en seulement 10 jours, l’espoir que l’épidémie liée au Covid-19 ne tournera pas au désastre sanitaire sur le continent africain, est permis.