La corruption, en tant que crime extraordinaire, a des effets néfastes qui vont bien au-delà de simples pertes financières pour l’État, indique Indonesia Corruption Watch (ICW), l’Observatoire de la corruption en Indonésie, dans un document de recherche publié cette semaine. Le document ajoute que le caractère généralisé de la corruption aggrave les inégalités sociales existantes, affectant non seulement les droits économiques et sociaux, mais aussi l’accès aux services publics, aux opportunités d’emploi et à d’autres droits fondamentaux. Par conséquent, cette organisation indonésienne déplore les lourdes conséquences de la corruption sur la vie des populations vulnérables, telles que les femmes et les jeunes.
Issa DA SILVA SIKITI
« Les femmes sont souvent victimes de discrimination basée sur le genre, une situation aggravée par la corruption des systèmes gouvernementaux, des forces de l’ordre et d’autres secteurs. Par exemple, les budgets qui devraient être alloués aux services de santé ou d’éducation sont détournés par des pratiques corrompues. En conséquence, les femmes, en particulier celles qui appartiennent aux communautés marginalisées, ont plus de mal à accéder à ces services publics. Comme les femmes, les jeunes, qui devraient être les seuls moteurs du changement et de l’innovation, se retrouvent souvent piégés dans un système corrompu. Leurs chances d’obtenir une meilleure éducation, d’obtenir un emploi décent et de participer aux processus politiques sont souvent entravées », souligne l’ICW.
A en croire l’ICW, l’influence de la corruption sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes n’est pas uniforme ; elle dépend fortement des contextes sociaux, économiques, culturels et politiques. Cette complexité signifie qu’une approche unique pour lutter contre la corruption peut ne pas être efficace, renchérit l’ICW, une institution créée en juin 1998 dont la mission est, entre autres, de lutter contre la corruption à travers l’éducation, le changement culturel, les poursuites judiciaires et la réforme du système.
Stratégies de lutte
L’ICW appelle les États à élaborer des stratégies de lutte contre la corruption qui tiennent compte des spécificités, notamment en ce qui concerne la manière dont ces stratégies s’articulent avec les efforts visant à promouvoir l’égalité des sexes. « Par exemple, dans les États où l’inégalité des sexes est profondément ancrée dans les pratiques culturelles, les mesures de lutte contre la corruption pourraient devoir se concentrer sur le démantèlement des systèmes de népotisme et de favoritisme qui excluent les femmes des opportunités ».
En Afrique de l’Ouest et du Centre, où la corruption a exacerbé les inégalités et la pauvreté, et impacté négativement la création d’emploi et la croissance économique, la Banque mondiale a mis l’accent sur la bonne gouvernance, la responsabilité et la transparence pour réduire cette pratique nuisible.
Le document de l’ICW fait partie des propositions présentées par la Coalition de la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC) et plusieurs mouvements de la société civile à la prochaine réunion du Groupe d’examen de la mise en œuvre de la CNUCC. La réunion s’est ouverte ce mercredi 28 août 2024 à Vienne (Autriche).