Si certaines banques centrales sont nationalisées, bon nombre d’entre elles continuent d’être considérées comme des agences gouvernementales mais politiquement indépendantes, selon Investopedia. Cependant, la plupart des banques centrales, surtout en Afrique, subissent des pressions politiques très fortes des partis au pouvoir.
Issa SIKITI DA SILVA
La plupart des pays ont des lois qui “ancrent” d’une façon ou d’une autre, l’indépendance de la banque centrale, selon des études fondées sur la base de données du Fonds monétaire international (FMI) relative à la législation des banques centrales.
La banque centrale est généralement responsable de la formulation de la politique monétaire, selon les experts. En Afrique, les gouvernants ont souvent l’habitude de s’ingérer dans les affaires des banques centrales sans fournir des efforts de transparence et de responsabilisation de ces institutions, lesquelles sont censées de jouer un rôle crucial pour les économies des pays.
La manipulation de la politique monétaire par des dirigeants désirant accroître leur popularité en période pré-électorale, autrement dit la quête d’avantages politiques à court terme, peut nuire à l’économie sur le long terme sous la forme d’une inflation élevée, voire d’une hyper inflation, a avertit le FMI, il y a quelques jours.
Risques à long terme
Cette ingérence politique pourrait porter atteinte aux objectifs de la banque centrale (stabilité durable de l’inflation par exemple) et même être la source de risques à long terme pour la stabilité économique et financière.
Le cas du Reserve Bank of Zimbabwe (Banque centrale du Zimbabwe) dont l’ancien président Robert Mugabe (aujourd’hui décédé) avait manipule jusqu’au bout pour continuer à imprimer des billets des banques alors que le pays nageait dans une mer d’hyper inflation, devrait interpeller les manipulateurs de ces institutions. « Parfois, les banques centrales doivent prendre des mesures impopulaires pour préserver la santé de l’économie. Nous avons vraiment constaté des résultats économiques déplorables dans les pays où les banques centrales sont en proie aux pressions politiques », avait déclaré l’ancienne présidente de la Banque centrale des Etats-Unis, Janet Yellen.
Lutter pour l’indépendance
L’indépendance des banques centrales reste un problème sérieux en Afrique, où les banques centrales de certains pays sont politiquement manipulées, a affirmé John Mukum Mbaku dans son livre intitulé “Corruption in Africa: Causes, Consequences, and Cleanups”, publié en 2010.
L’orientation globale et la composition des travaux menés par le FMI auprès des autorités monétaires confirment que cette lutte pour l’indépendance des banques centrales est bien réelle. « Pour un quart des missions d’assistance technique effectuées par nos services, les échanges ont, d’une façon ou d’une autre, porté sur l’indépendance de la banque centrale », a indiqué le FMI.
Ces travaux se sont surtout focalisés sur le renforcement de leur indépendance parallèlement à l’instauration d’une politique monétaire efficace et à la modernisation de leurs opérations. Cela montre clairement qu’aujourd’hui, les banques centrales dans le monde entier souhaitent avant tout se protéger contre les atteintes à leur indépendance, a poursuit le FMI.
Transparence
La transparence est un élément fondamental de cette responsabilité sociale. Cela passe notamment par la publication de procès-verbaux, la réactivité face aux demandes des législateurs, la diffusion de rapports techniques détaillés, l’organisation de rencontres avec le ministre des Finances et la tenue de conférences de presse, a souligné le FMI.