Le préfet du Zou, Firmin Aimé Kouton, reçoit de façon récurrente des plaintes venant des maires, des Secrétaires Exécutifs (SE) et même des citoyens pour dénoncer tel ou tel acte posé soit par l’autorité communale ou soit par le SE dans le cadre de l’application de la nouvelle loi sur l’administration territoriale. Lors de sa dernière tournée statutaire, l’autorité préfectorale a clarifié les points d’ombre liés à la mauvaise interprétation de ladite loi et replacé chacun dans son couloir.
« Je ne savais pas que je signais ma mort au moment où je portais le choix sur mon SE », lançait le maire d’Abomey, Antoine Djédou devant le ministre de la décentralisation lors de sa visite à Abomey. Ce cri du cœur du maire de la capitale historique du Bénin traduit à suffisance le malaise qui déchire l’entente entre les Secrétaires Exécutifs (SE) et les maires. Lors de la tournée statutaire du préfet du Zou, ce sujet est revenu sur tapis. En effet, la mise en œuvre de la loi 2021-14 du 20 décembre 2021 portant code de l’administration territoriale continue de susciter des controverses dans les Communes du Zou. Les élus communaux et les SE à l’école de ce nouveau code mélangent les pédales et font de mauvaises interprétations des dispositions. Ainsi, entre les maires et leur Secrétaire exécutif le courant ne passe souvent pas. A Bohicon par exemple la SE, Ginette Apithy, a astreint ceux qui occupent les domaines publics à des fins commerciales au paiement des redevances dans les caisses de la Mairie. Cette décision prise par l’exécutif communal sans informer les organes décisionnels de la Commune que sont le Conseil de supervision ou le Conseil communal n’est pas du goût du maire, Rufino d’Almeida. A en croire ses propos, la SE devrait soumettre ses intentions au conseil de supervision et quitte à cet organe politique de lui donner les orientations nécessaires à suivre. « Non pas que je sois contre l’initiative. Mais l’idéal aurait été de sensibiliser les bonnes dames sur le sujet d’abord. Malheureusement, l’opération a commencé sans que le maire que je suis ne soit dans le mouvement. Et puis, on va sur le terrain et on dit que c’est le maire alors que je ne suis pour rien. Non ! », s’est plaint le maire de Bohicon. Autrement dit, la SE pense qu’elle est dans son rôle mais le maire estime que son autorité a été bafouée. Le préfet a fait des mises au point pour éclairer les zones d’ombre. A l’entendre, la mobilisation des ressources relève des compétences de la SE. A ce titre, il est normal qu’elle aille collecter les redevances auprès de ceux qui occupent les espaces publics. « Ce n’est pas le maire qui a demandé de percevoir les redevances sur l’occupation du domaine public. La mobilisation des ressources relève des attributions propres de la Secrétaire Exécutive. Ces redevances ou frais de location perçus sur ces domaines n’ont rien à foutre avec les impôts », a clarifié Firmin Kouton pour clouer le bec aux oiseaux de mauvais augures qui pensent que ladite décision émane du maire. « Néanmoins, sur certaines questions, le maire doit faciliter la tâche à la SE parce qu’il a un mandat électif. Donc, il doit pouvoir aller expliquer à ses mandants l’importance de la mobilisation des ressources », a nuancé le préfet. L’autorité préfectorale en a profité pour revenir sur la question des réserves administratives qui continuent de défrayer la chronique.
« Je n’ai jamais suspendu les opérations mais j’ai orienté le dossier vers le secrétariat exécutif »
Aussitôt lancées par le maire entouré des conseillers du parti Bloc républicain et en l’absence de la SE, les opérations d’identification et d’immatriculation des réserves administratives de Bohicon n’ont duré que le temps d’un feu de paille. Informé, le préfet, garant de l’ordre public dans le département et du contrôle de la légalité des actes pris par les Communes, a demandé de surseoir aux opérations pour deux raisons fondamentales. Dans un message radio-porté adressé au maire, le préfet avait dénoncé la procédure biaisée adoptée et évoqué les troubles à l’ordre public que cela pourraient engendrer. « Nous ne sommes pas contre l’identification et l’immatriculation des réserves administratives. Bien au contraire, nous nous battons pour sécuriser ces domaines de l’Etat. Mais nous n’allons pas confondre vitesse et précipitation. Si nous avons demandé d’arrêter les opérations à Bohicon, c’est parce qu’elles n’étaient pas conduites par la structure indiquée. Lorsque certains conseillers se mettent à identifier des réserves administratives, les gens vont vite l’assimiler à un règlement de compte politique. Ce qui pourrait amener des troubles à l’ordre public. Mais si on confiait cette opération au secrétariat exécutif avec les géomètres qui ont fait ce travail, je pense que tout se passera dans l’ordre et sans contestation. C’est pour ces raisons que j’ai orienté le dossier vers le secrétariat exécutif qui est un organe neutre en vue de lever toute équivoque », a longuement expliqué le préfet. Il a par la suite rassuré que l’opération va être relancée et se poursuivra jusqu’à l’immatriculation de ces réserves administratives. Au cours de cette tournée légale consacrée par l’article 281 de la loi 2021-14 du 20 décembre 2021 portant code de l’administration territoriale en République du Bénin, des préoccupations liées au fonctionnement de l’administration ont été également soulevées. Sans langue de bois, Firmin Aimé Kouton a expliqué aux conseillers l’esprit de cette nouvelle loi. Selon lui, les organes neutres de la Mairie (SE, et les autres) ne doivent pas travailler de façon cloisonnée avec les organes politiques à savoir le Conseil de supervision et le conseil communal. « Le SE et le maire sont tenus de travailler ensemble », a marqué Firmin Aimé Kouton. Des résolutions ont été prises dans ce sens et dont la mise en œuvre permettra de faciliter la collaboration entre le SE et le maire et d’apaiser les inquiétudes des uns et des autres. Mais déjà, l’autorité communale se veut plus rassurant, « Entre la SE et le maire que je suis, les deux organes fonctionnent bien. Cependant, je souhaiterais que la collaboration s’améliore davantage », a laissé entendre Me Rufino d’Almeida. Dans les autres Communes des problèmes similaires ont été aussi disséqués par le préfet.
Rock Amadji (Correspondant Zou-Collines)
Conflits entre maires et SE dans le Zou : Le préfet Firmin Aimé Kouton recadre et situe les responsabilités
