L’Institut des artisans de justice et de paix (Iajp) basé à Cotonou, a répondu à l’appel du Pape François pour soutenir les « milieux défavorisés ». Dans ce cadre, l’IAJP a organisé une conférence-débat le jeudi 20 février 2025 au Chant d’Oiseau de Cotonou, portant sur le thème : « Pour un développement durable et équilibré : L’urgence de viabiliser les régions défavorisé
Belmondo ATIKPO
Partant du constat que « lorsqu’une partie de la population est laissée à l’écart du progrès, cela crée non seulement des tensions mais cela constitue aussi un frein à la croissance générale du pays». Pour inverser la pente, les organisateurs de ces assises plaident pour un investissement dans les infrastructures de base, une formation et une éducation pour l’autonomie, un renforcement de l’accès à des financements adaptés, puis la promotion d’une agriculture durable et résiliente. Par cette rencontre d’échanges fructueux, l’Institut et ses experts proposent une nouvelle approche de solutions pour une justice sociale entre les régions. Trois panélistes au profil divers ont apporté leur éclairage sur le thème choisi. Maryse Glèlè Ahanhanzo, consultante et ancienne coordonnatrice de Wanep-Bénin, Nourou-Dine Saka Salley, consultant et juriste, et Gustave Dépo Sonon, ancien ministre d’État chargé des travaux publics et des transports, modérés par Marcel Ahossi. Selon Maryse Glèlè Ahanhanzo, une zone défavorisée n’est pas seulement un endroit négligé. Pour elle, un développement durable, équilibré et équitable doit répondre à trois critères : la dimension économique, sociale et environnementale. D’après ses connaissances, plusieurs régions de Cotonou et du Bénin sont défavorisées, et elle propose des idées pour leur amélioration. « Il est nécessaire d’élaborer des critères au niveau national pour qualifier nos zones et suivre les différentes régions, afin que dès que des éléments de défaveur apparaissent, des mesures soient prises pour éviter de se retrouver dans une situation d’urgence à viabiliser ces zones ».
Dans cette même optique, Nourou-Dine Saka Salley invite le gouvernement à mettre l’accent sur la décentralisation. « La décentralisation doit être remise au cœur du développement. Il faut ramener le pouvoir à la base », a recommandé le juriste. Il a ajouté que pour protéger les populations marginalisées, l’État central devrait confier des responsabilités aux chefs locaux et communaux pour faire progresser leur localité respective. Selon Gustave Dépo Sonon, le Bénin est sur la voie d’un développement durable et équilibré, et l’actuelle politique de l’État permet d’assurer cela. « Actuellement, le processus en cours permet de dire que le développement est équilibré », a déclaré l’ancien ministre. Il a également donné des exemples dans des domaines tels que la santé, l’alimentation et la sécurité pour soutenir son argumentation. Il est à noter que le public n’est pas resté en marge de ces échanges. Il a également contribué à la discussion pour apporter plus de clarté sur le sujet. Les regards sont désormais tournés vers le prochain débat, qui abordera un thème lié à celui-ci.
Appel à l’équité sociale
Expliquant le contexte d’émergence de cette initiative, le père Aguénounon a évoqué l’appel du Pape François à « tourner nos regards vers les périphéries ». « N’ayez pas peur d’aller et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux périphéries », lançait, à Rio de Janeiro, le Pape François, aux jeunes le 28 juillet 2013, aux premiers mois de son pontificat. Cet appel reviendra souvent dans ses homélies et discours. Parlant en particulier des régions d’Afrique, le père Aguénounon estime que le terreau du « terrorisme, [de] l’extrémisme religieux », « sont vraiment ces zones défavorisées, ces zones négligées, ces zones abandonnées ». À partir de ce diagnostic, l’Iajp a voulu faire de cette conférence « un cadre propice pour réfléchir sur la façon dont nous pouvons penser la viabilisation de ces zones pour que le combat contre l’extrémisme, le terrorisme ne soit pas qu’un combat par la force mais aussi un combat par la promotion humaine, l’éducation, l’emploi des jeunes et la résolution des crises sanitaires». Fondé par la Conférence épiscopale du Bénin (Ceb) en 1997, ce centre est présenté par son directeur, le père Éric Aguénounon, comme un «outil au service de la doctrine sociale de l’Église».