Les consommateurs béninois font face depuis quelques jours à une hausse sensible du prix du Ciment. En réponse, le ministère de l’Industrie et du Commerce affirme que cette hausse ne saurait être justifiée, tandis que les distributeurs évoquent des difficultés d’accès au produit à l’usine.
Bidossessi WANOU
Le coût du ciment subit une nouvelle hausse sur le marché béninois. Dans un communiqué, le Ministère du commerce a rapidement pris position, rappelant les règles et précisant que le prix est resté inchangé. « Il est constaté depuis quelques jours que les revendeurs de ciment organisent de fortes spéculations sur le prix », a signalé le ministère dans le communiqué avant de poursuivre : « …le prix du ciment n’a connu aucun changement au niveau des usines de production. Ainsi, aucune hausse du prix du ciment ne saurait être justifiée ». Selon le ministère, il n’y a pas de raison que le ciment prenne de la valeur car, à la source, les revendeurs ne rencontrent aucun problème. Et pourtant, approchés, certains semblent ne pas voir les choses sous le même angle que le gouvernement. « Le stock que je distribue actuellement, j’ai lancé la commande bien avant les fêtes. Mais ce n’est qu’au début du mois de février que j’ai été satisfait ». C’est là le témoignage de Germain K., responsable d’un dépôt de vente de Ciment dans la région Agonlin. Il précise avoir vendu jusqu’au jeudi dernier à 81.000, mais tout a changé depuis le vendredi. Pacôme H., un autre responsable de dépôt confie être passé de 83.000 à 85.000 FCFA la tonne. Cependant, depuis lundi, il n’y a plus du tout de stock disponible. Le mardi 4 mars, la tonne se vendait à 90.000 FCFA dans certains entrepôts à Bohicon, tandis que d’autres proposaient la tonne à 95.000 FCFA, toujours dans la même ville. Selon les informations recueillies sur le terrain par Afrique médias, la situation est la même dans plusieurs villes. Dans la commune d’Abomey-Calavi, en particulier à Ouèdo, le média souligne que le paquet est cédé à 5500 FCFA, équivalant ainsi à 110.000 la tonne. A Cotonou, il a été observé que certains dépôts fixent le prix de la tonne entre 92.000 et 95.000 FCFA.

Des tarifs qui vont à l’encontre de la politique gouvernementale stipulant qu’aucune fluctuation de prix n’est observée au niveau des usines. Donc, cette augmentation de prix serait-il imputable au coût du transport de l’usine vers le dépôt ? Jusqu’à présent, aucune augmentation des tarifs de carburant ou d’autres produits liés à la chaîne de transport n’a été rapportée. D’où vient alors que les gérants de dépôts choisissent d’agir à leur guise et décident de défier le gouvernement ?
Le MIC doit prendre ses responsabilités
Bien que le Bénin fonctionne sous un régime économique libéral, la commercialisation de certains produits est exclusivement réservée à l’État. Le ciment est inclus. L’Etat fixe les prix et en assure la régulation. En effet, le communiqué signé par le Secrétaire général du ministère de l’industrie et du commerce, fait référence aux clauses de la loi n°90-005 du 15 mai 1990, spécifiquement en son article 17 concernant les marges bénéficiaires. C’est en vertu donc de cette même disposition que le ministère a instruit ses services à l’effet de procéder à des contrôles sur toute l’étendue du territoire. Il semble que ces inspections n’aient pas encore été initiées, ou du moins, elles ne semblent pas décourager les gérants de dépôts qui continuent à spéculer. Ce phénomène n’est pas nouveau et, généralement, ce sont les consommateurs qui en pâtissent. Au-delà du communiqué du 25 février, le ministère doit agir directement sur le terrain pour mettre un terme aux spéculations, sanctionner ceux qui s’y livrent et rassurer la population. C’est la seule stratégie efficace pour convaincre tout le monde qu’il n’y a aucun problème dans les usines. Force doit rester à la loi.