Les inventaires de gaz à effet de serre (GES) élaborés par la direction de l’environnement et dont les résultats ont été publiés en ce mois de décembre, montrent que le Bénin est devenu une source nette de GES. Le secteur de l’énergie reste le plus grand émetteur avec une estimation de 9624Gg CO2.
Félicienne HOUESSOU
Le Bénin qui était un puits net de GES estimé à -1093,61 Gg CO2 équivalent en 1990, est devenu une source nette de GES estimée à 681,93 Gg CO2 équivalent en 1997. De 1997 à 2015, les émissions de GES du Bénin sont désormais supérieures aux absorptions de CO2. Les émissions nettes totales estimées à 7792,37 Gg CO2 équivalent en 2015 sont 11 fois supérieures au niveau de l’année 1997. Cette situation de passage du statut de puits au statut de source s’explique notamment par les effets combinés de la déforestation (surtout conversion des forêts en terres cultivées), de la dégradation des forêts et autres affectations des terres (due à la collecte de bois rond commercial et de bois énergie) et à l’augmentation des émissions de GES surtout dans les secteurs énergie et agriculture. Selon la Troisième communication nationale (TCN) du Bénin sur les changements climatiques, les émissions cumulées des GES (CH4, N2O et HFCs) estimées en 1990 sont inférieures aux absorptions de CO2. Alors que ces émissions ont augmenté entre 1990 et 2015 à cause surtout de l’augmentation des émissions imputables aux secteurs de l’énergie et de l’agriculture, les absorptions dues à la foresterie ont continuellement diminué pour les raisons évoquées plus haut (déforestation des terres forestières notamment).
Les gaz à effet de serre (GES) sont des composants gazeux qui absorbent le rayonnement infrarouge émis par la surface terrestre et contribuent ainsi à l’effet de serre. L’augmentation de leur concentration dans l’atmosphère terrestre est l’un des facteurs à l’origine du réchauffement climatique. Un gaz ne peut absorber les rayonnements infrarouges qu’à partir de trois atomes par molécule, ou à partir de deux si ce sont deux atomes différents.
Le secteur de l’énergie producteur de 67,9% des émissions de GES
Les secteurs de l’énergie et de l’agriculture contribuent ensemble à 93,9% aux émissions totales hors foresterie en 2015 dont 52,5% proviennent de l’énergie seule. « C’est le secteur de l’énergie qui contribue le plus à l’accroissement des émissions totales des GES du Bénin », souligne Jacques Bamikolé Kouazoundé, Coordonnateur National du Projet TCN. Ceci s’explique surtout par la forte consommation de l’essence et du gasoil dans le transport routier. Selon les estimations de la Direction Générale de l’Energie, les consommations de ces combustibles fossiles en 2015 étaient 28 fois (pour l’essence) et 20 fois (pour le gasoil) plus élevées que celles de 1990. Quant aux émissions provenant du secteur de l’agriculture, elles ont été multipliées par deux entre 1990 et 2015 du fait, surtout de la fermentation entérique.
Les émissions nettes des sources en 2015 étaient de l’ordre de 6166,64 Gg CO2 pour l’énergie, 382,45 Gg CO2 pour PIUP, 4863,69 Gg CO2 pour l’agriculture et 339,41 Gg CO2 pour le secteur déchet. Ces émissions ont été multipliées par 7,1 ; 5,3 ; 2,2 et 4,5 respectivement par rapport aux niveaux de 1990. Quant au secteur de la foresterie, les absorptions sont passées de – 4 329,47 Gg CO2 en 1990 à – 3 959,81 Gg CO2 en 2015. Les secteurs de l’énergie, des PIUP, de l’agriculture et des déchets sont des sources nettes de GES contrairement à la foresterie qui est un puits net de GES sur toute la série temporelle 1990–2015. A l’horizon 2030, le secteur de l’énergie restera le plus grand émetteur de GES avec 14740 Gg CO2, si rien n’est fait. La mise en œuvre des options d’atténuation identifiées, dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie, permettra d’éviter le pire.