Le 15 Avril 2020, à l’issue d’une conférence de presse virtuelle, les ministres des finances du G20 et les autres créanciers bilatéraux ont décidé de suspendre pendant 12 mois, la dette de 40 pays africains. Sur Rfi le mercredi 20 mai 2020, David Malpass, président de la Banque mondiale a rejoint une position commune aux pays bénéficiaires qui trouvent que ce premier geste de solidarité internationale est comme une goutte d’eau dans l’océan.
Félicienne HOUESSOU
« … Ce que nous cherchons à faire aussi, avec Kristalina Georgieva, la cheffe du FMI, c’est d’élargir le moratoire sur la dette », a déclaré le premier responsable de la Banque mondiale sur l’émission ‘’l’invité du matin’’ de Rfi. Le moratoire de 12 mois n’est pas la réponse suffisante pour sortir les pays pauvre de l’Avc économique causé par la crise du Covid-19. Selon les calculs de l’Union africaine, le continent aurait besoin de 200 milliards de dollars au moins pour faire face à la pandémie du coronavirus et ses conséquences économiques et sociales. « En mars, nous avions appelé à un moratoire sur le paiement des dettes des pays pauvres, ce qui devrait leur permettre d’économiser pas mal d’argent et de le consacrer aux dépenses de santé. Et nous espérons que les créanciers privés à savoir, les banques et les gestionnaires d’actifs, participeront à ce moratoire », a indiqué le chef de la Banque mondiale. Mais, révèle-t-il, « il y a des réticences de leur part à renoncer aux remboursements de la part des pays les plus pauvres ». Toutefois, seule l’annulation de la dette publique de l’Afrique, tant proclamé par la France, représente une réponse à la hauteur des énormes défis auxquels le continent est confronté. Car, cette option pourrait permettre aux pays africains d’exploiter les ressources destinées aux remboursements de la dette (entre 10 et 13% des budgets des pays africains) pour faire face à la pandémie.
Rappelons qu’en dix ans, la dette publique africaine s’est creusée pour atteindre le niveau historique des 365 milliards de dollars dont 145 milliards de dollars sont dus à la Chine, soit 40% du montant total. L’effort de l’Europe et des institutions financières internationales risque d’être vain si la Chine n’est pas prête à renoncer plus durablement à récupérer ce qu’elle a prêté à l’Afrique. Pour ces 76 pays pris en compte par le moratoire, les remboursements cette année représentent 32 milliards de dollars dont 12 milliards détenus par les États, 8 milliards par les créanciers privés et 12 milliards aux mains d’institution internationales.
Des précautions parallèles de la Banque mondiale
Loin d’être à la hauteur de la situation, la réponse du G20 est comme un premier pas pour mieux faire. A cet effet, la Banque mondiale promet des efforts supplémentaires en vue d’aider les pays pauvres. « D’ici les quinze prochains mois, c’est-à-dire plus précisément d’ici juin 2021, nous devrions être en mesure de fournir 156 milliards de dollars d’aide au total. Que ce soient des subventions ou des crédits à faible taux d’intérêts. Et la plus grande partie ira aux pays d’Afrique subsaharienne », a précisé David Malpass. Reconnaissant que même avec tout cela, ce ne sera pas suffisant, il reste optimiste sur le fait que les créanciers privés comprendront qu’il est dans l’intérêt à long terme de l’ensemble du monde de prendre en compte ce que dit le G20. « Vous savez, dans un communiqué, le G20 a appelé les créanciers privés à agir comme les créanciers publics, à faire le même traitement de cette question de la dette », a-t-il rappelé. Toujours est-il qu’un remboursement différé qui restera comme une épée de Damoclès suspendue sur la tête des pays pauvres.