La production mondiale de riz va baisser en 2022-23 pour la première fois en trois ans après que des événements météorologiques extrêmes – de la Chine à l’Asie du Sud et à la Californie – ont endommagé les récoltes, a prévenu Gro Intelligence, la plateforme internationale du climat et de l’agriculture.
Issa SIKITI DA SILVA
Il en résultera un resserrement de l’offre mondiale de riz, la 3e céréale la plus cultivée au monde, ce qui pourrait ajouter une pression à la hausse sur les prix du riz et menacer d’accélérer l’insécurité alimentaire et l’inflation des prix alimentaires dans de nombreux pays, a souligné Gro Intelligence.
Les prévisions sombres de Gro interviennent dans un contexte inflationniste et de troubles géopolitiques dans lequel des millions de personnes à travers le monde éprouvent des difficultés énormes pour se nourrir et nourrir leurs familles. En 2021, quelque 2,3 milliards de personnes (29,3% de la population mondiale) étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave – soit 350 millions de personnes de plus qu’avant la pandémie de Covid‑19, selon l’ONU.
La production mondiale de riz a franchi un nouveau pic en 2019/20, atteignant un peu plus de 499 millions de tonnes (Mt), selon le Conseil international des céréales (CIC), soit une légère progression au vu des chiffres de la campagne précédente (498,3 Mt). Ce niveau record de la production mondiale a été attteint une nouvelle fois grâce aux abondantes récoltes dont a bénéficié l’Inde, (119 Mt), qui ont plus que compensé les replis de production chez d’autres exportateurs clé, tels que la Chine (-1 %), explique un rapport intitulé « Le marché du riz : Monde, Europe, France, Campagne 2020-2021 », publié par FranceAgriMer.
Selon les chiffres de Statista, les principaux pays producteurs de riz au niveau mondial (top 5) en 2021/2022, selon le volume de production, comprennent la Chine (149 Mt), l’Inde (129 Mt), le Bangladesh (35,85 Mt), l’Indonésie (35,4%) et le Vietnam (27,19 Mt).
Le temps passé
Cependant, comme dit l’adage « le temps passé ne revient jamais », donc plus rien ne sera comme avant car le changement climatique va pousser le ratio stocks-utilisation de céréales – une mesure clé de la disponibilité de l’offre – à chuter en 2022/23 – pour atteindre son niveau le plus bas en cinq ans, a indiqué Gro Intelligence, ce qui constitue une prévision triste pour les principaux exportateurs de riz.
Aux Etats-Unis, l’un des plus gros exportateurs de riz, la désolation est grande dans l’Etat de Californie – le deuxième État producteur de riz – où plusieurs années de sécheresse ont fait baisser la superficie rizicole.
« À l’échelle mondiale, les stocks de clôture de riz devraient accélérer leur baisse après avoir légèrement baissé l’an dernier. La compression des approvisionnements en riz survient au milieu d’autres pénuries de céréales – par exemple, les stocks mondiaux de blé, à l’exclusion de la Chine, devraient chuter en 2022/23 au niveau le plus bas en 14 ans », a affirmé Gro, dont les principaux bureaux sont situés à New York (direction générale) et Nairobi.