L’Afrique subsaharienne doit réussir à créer des emplois de qualité pour tous, au risque d’aggraver la pauvreté, l’instabilité et les migrations, selon le Fmi. Pour ce faire, des politiques fortes, des investissements ciblés et une coopération internationale sont essentiels.
Aké MIDA
Alors que l’Afrique subsaharienne connaît une croissance démographique accélérée, le défi de la création d’emplois devient plus pressant que jamais. Selon le dernier rapport du Fmi intitulé Le temps presse : relever le défi de la création d’emplois en Afrique subsaharienne, la région devra générer environ 15 millions de nouveaux emplois par an d’ici 2030 pour répondre à la demande d’une population active en pleine expansion. Cette nécessité est particulièrement cruciale dans les pays fragiles ou à faible revenu, où la création d’opportunités professionnelles de qualité reste un enjeu majeur.
Le rapport indique que l’un des principaux freins à la croissance de l’emploi en Afrique subsaharienne réside dans la prévalence du secteur informel. Près de 8 travailleurs sur 10 occupent des emplois non déclarés, ce qui les prive de sécurité sociale et de revenus stables. En fait, dans la région, 8 travailleurs sur 10 occupent des emplois informels, souvent précaires et dépourvus de protection sociale. Les emplois informels dits de « niveau inférieur » représentent près de 70 % des emplois non agricoles au Ghana, en Tanzanie et en Ouganda. Ce phénomène touche particulièrement les jeunes et les femmes, qui peinent à évoluer vers des emplois formels mieux rémunérés. Pour relever ce défi, il est impératif de stimuler la croissance de la productivité dans tous les secteurs, y compris le secteur informel.
Créer des opportunités durables
Le Fonds monétaire international (Fmi) recommande des politiques ciblées visant à éliminer les obstacles à la croissance des entreprises et à soutenir les travailleurs informels dans leur ascension vers des emplois mieux rémunérés.
L’Afrique subsaharienne surpasse d’autres régions en termes de création d’entreprises par adulte, mais ces initiatives peinent à croître et à perdurer. La majorité restent petites, non enregistrées et peu productives. Les principaux obstacles incluent l’accès limité au financement, les infrastructures défaillantes et une demande intérieure faible. Pour pallier ces freins, le Fmi recommande des investissements massifs dans les infrastructures, l’amélioration du climat d’investissement pour attirer les capitaux étrangers, et des réformes structurelles visant à stimuler la demande intérieure.
Une transformation structurelle, axée sur des activités à plus forte valeur ajoutée telles que les services numériques, les énergies renouvelables et l’agroalimentaire, pourrait devenir un moteur essentiel de la croissance inclusive.
Le Fmi appelle à une meilleure accessibilité au financement, à la modernisation des infrastructures, et à des réformes pour simplifier la régulation du climat des affaires. La création de programmes de formation professionnelle adaptés et d’opportunités entrepreneuriales, notamment pour les jeunes, est également cruciale pour transformer les défis en opportunités, selon le rapport. Le succès de cette transformation ferait de la région un levier de croissance durable pour le monde. En définitive, le sort du développement global repose en partie sur la capacité de la région à relever le défi urgent de l’emploi.