Si le taux d’inflation est ressorti, en glissement annuel, dans l’Uemoa à 4,3% en mai 2024, en hausse de 0,6 point de pourcentage par rapport à son niveau du mois précédent ; il est de 1,9% au Bénin. C’est ce que renseigne la note de conjoncture économique de juin 2024 de la BCEAO.
Abdul Wahab ADO
Au Bénin et dans les autres pays de l’Uemoa, l’inflation a connu un accroissement. L’inflation dans l’Union est ressortie, en mai 2024, en hausse par rapport à son niveau du mois précédent, en lien avec l’augmentation du rythme de progression des prix des produits alimentaires, atténuée par la décélération du composant logement. L’analyse par fonction montre des accélérations au niveau des composantes “produits alimentaires” (+1,3 point de pourcentage), partiellement compensée par les décélérations notées sur les composantes “logement” (-0,4 point de pourcentage) et “transport” (-0,2 point de pourcentage). Les prix des produits alimentaires ont enregistré une augmentation de 6,2% au cours du mois sous revue, après une progression de 4,9% un mois plus tôt, portés notamment par le renchérissement des tubercules (+12,9% contre +6,7%), des céréales (+8,1% contre +7,6%) et des légumes (+8,8% contre +4,6%). S’agissant de la composante “logement”, l’évolution enregistrée est liée à la détente des prix des combustibles solides (+10,5% contre +14,2%), notamment le bois et le charbon de bois, au Bénin, au Burkina, au Niger et au Togo. Quant à la fonction “transport”, la décélération de l’inflation s’explique par la stabilité, sur un an, des prix à la pompe des carburants dans les pays de l’Union et dans un contexte de ralentissement de l’évolution des cours mondiaux du pétrole.
L’analyse par pays révèle des augmentations de l’inflation au Niger (+13,0% contre +11,0%), en Côte d’Ivoire (+4,9% contre +3,6%), au Togo (+3,9% contre +2,6%), en Guinée-Bissau (+3,2% contre +2,9%) et au Mali (+1,2% contre +0,9%). Par contre, des décélérations sont notées au Bénin (+1,9% contre +3,1%), au Sénégal (+2,1% contre +2,3%) et au Burkina (+3,4% contre +3,7%). Le renchérissement des produits alimentaires en mai 2024 est attribuable à la combinaison de plusieurs facteurs, notamment les entraves aux circuits d’approvisionnement des marchés, en relation avec la persistance de l’insécurité, ainsi que les mesures de restrictions des échanges prises par certains pays. Selon la note de conjoncture économique de juin 2024 de la BCEAO, l’augmentation des prix des denrées alimentaires est également portée par l’accroissement des tensions sur les marchés céréaliers de l’Union, en lien avec une faiblesse de l’offre, consécutive aux résultats mitigés de la campagne agricole 2023/2024, caractérisée par une hausse de seulement 2,0% de la production vivrière, contre +17,0% lors de la campagne précédente. Par ailleurs, la période a également été marquée par une remontée des coûts du fret (+113,5% contre +61,7% en avril 2024), induite par l’augmentation des primes d’assurance contre les risques pour les navires marchands traversant la mer Rouge et le renchérissement des coûts logistiques pour les navires contraints à effectuer des détours avec des itinéraires plus longs.
Une activité économique robuste au Bénin et dans l’Uemoa
L’activité économique demeure robuste au niveau des pays membres de l’UEMOA, en lien avec la vigueur de la demande intérieure. Le taux d’intérêt à une semaine du marché interbancaire s’est établi à 6,12% en mai 2024, en hausse de 5 pdb par rapport à son niveau du mois précédent. Les conditions appliquées par les banques à la clientèle se sont légèrement durcies en avril 2024 (taux débiteurs : 7,19%, contre 7,01% en mars 2024 et 6,77% un an plus tôt). La masse monétaire a enregistré une progression de 2,7%, en glissement annuel, à fin avril 2024, après 3,7% un mois plus tôt. Cette évolution résulte essentiellement de la hausse des créances des institutions de dépôt sur les unités résidentes (+5,8%), dont l’effet a été atténué par la dégradation des Actifs Extérieurs Nets (-37,6%), indique la note de conjoncture économique de juin 2024 de la BCEAO.