Le Bénin est parmi les pays africains dont l’air est le plus pollué. La pollution affecte la croissance économique ainsi que le bien-être. Les experts de l’environnement pensent qu’il est nécessaire d’avoir une politique de lutte efficace contre la pollution qui comprend aussi une taxe sur la pollution.
ISSA SIKITI DA SILVA
Si le gouvernement béninois introduit la taxation sur la pollution, les premières victimes pourraient être les taxis-motos qui opèrent dans des villes du Bénin du matin au soir, déversant de centaines de tonnes de gaz carbonique dans l’air chaque jour, dont 83 tonnes à Cotonou, la capitale économique.
« Ils ne peuvent pas faire ça parce que ce n’est pas nous qui nous fabriquons ces motos. Nous, on achète et puis on conduit, nous n’avons rien à faire avec des histoires pareilles. En plus, combien gagne-t-on dans ce travail? Presque rien. On paie ceci, on paie cela. Et si on paie encore cette fameuse taxe, nous on va manger quoi ? », s’interroge Amadou, un Zemidjan opérant aux environs de Tokpa.
« C’est vous qui voyez cette pollution, moi je ne la vois pas. Montrez-la-moi. Tout va bien à Cotonou. Les histoires de pollution ce sont des blancs qui nous les amènent. Si on introduit cette taxe, on va marcher et arrêter de travailler », martèle Patrick.
Les propos de Patrick demontrent la négligence que font montre bon nombre d’africains, y compris les gouvernements, en matière de l’environnement.
Les Zemidjans ne sont, non seulement les pollueurs mais aussi les victimes. D’autant plus qu’ils s’exposent du matin au soir à un environnement profondément infesté, lequel est capable de leur causer des maladies respiratoires fatales.
Et quand ils tombent malades, c’est le gouvernement qui paie cher.
La pollution de l’air est le premier risque mondial en matière de santé environnementale lié à plus de 7 millions de décès chaque année, selon le World Resources Institute.
Conséquences économiques
Un rapport de l’OCDE, titré ‘’Les conséquences économiques de la pollution de l’air extérieur’’, déclare : « Les conséquences économiques de la pollution de l’air extérieur sont calculées en attribuant une valeur monétaire à chaque impact sur la santé publique. Par exemple, le nombre d’admissions à l’hôpital est exprimé sous forme de dépenses de santé additionnelles ».
Le rapport ajoute d’autres conséquences économiques telles que la baisse de la productivité du travail, l’augmentation des dépenses de santé et les pertes de rendement agricole. Ces impacts, affirme le rapport, contribuent tous à ramener les projections du Produit intérieur brut (PIB) à un niveau inférieur à la projection hors rétroactions, qui fait abstraction des effets en retour de la pollution sur l’économie.
Camions fumeurs
Le constat est triste et amer sur le Boulevard des Armées. La plupart des camions qui se dirigent vers le port de Cotonou dégagent une fumée noire dangereuse et nuisible pour la santé humaine et la biodiversité.
Certains observateurs pensent que les propriétaires de ces camions devraient être taxés pour la quantité énorme du gaz carbonique que leurs vieux camions libèrent sur l’atmosphère du pays.
« Le camion ne m’appartient pas, je ne suis qu’un simple chauffeur. Mais une chose est vraie, le camion est vieux et ne devrait même plus circuler », répond un chauffeur d’un camion fumeur transportant un conteneur, dont le pneu était crevé.
Le Bénin regorge de centaines de camions et remorques vieux et fumeurs, qui circulent dans les rues de ses villes et villages, à la barbe des autorités. Les camions de vidange de fosses septiques sont aussi dans un état critique et figurent parmi le nombre des pollueurs du pays.
Essence de la contrebande
Les vendeurs du carburant de la contrebande devraient aussi subir l’effet de la taxe sur la pollution si une décision d’introduire cette taxe venait à être prise.
Les vendeurs de ce type de carburant dégagent à eux seuls plus de 36 tonnes d’hydrocarbure chaque jour qui exposent les populations et les vendeurs eux-mêmes a des problèmes de santé.