L’ex ministre béninoise de la Microfinance, Reckya Madougou, conseillère spéciale du chef d’Etat togolais, Faure Eyadema, a été choisie pour conduire le processus de transformation Mécanisme incitatif de financement agricole (Mifa). Une sacrée responsabilité au vue des attentes portées envers cet instrument.
Nafiou OGOUCHOLA
Le gouvernement de la République du Togo a décidé, en conseil des ministres, fin mai 2019, de transformer le Mécanisme incitatif de financement agricole (Mifa) en société anonyme en société anonyme. « Au regard des résultats concluants enregistrés après les six mois de phase pilote (…), il convient d’envisager, comme souhaité par les acteurs du secteur agricole et les partenaires, un montage institutionnel centré sur un modèle de partenariat public-privé’ », a indiqué le communiqué officiel.
La transformation du Mécanisme incitatif de financement agricole permet l’entrée de partenaires privés et institutionnels tel que le Fonds international de développement agricole des Nations unies (Fida), en qualité de bailleur, au capital de la nouvelle entité. Ce dernier s’élève à 10 milliards FCFA, libéré à 49 %.
Pour financer le Mifa, il est prévu la constitution d’un fonds de 65 milliards FCFA. Ce dernier sera placé auprès des institutions financières et commerciales pour lever un financement des chaînes de valeur agricoles de plus de 650 milliards sur dix ans. Ce placement permettra, par effet levier, de négocier une enveloppe de deux à cinq fois l’an le montant déposé pour le financement des investissements. Permettant aussi d’obtenir un taux de rémunération supérieur à celui d’un compte épargne classique en fonction du montant et de la durée du contrat.
La politique de développement de l’Agriculture initié par l’Etat togolais fait partie de l’un des trois axes stratégiques du Plan national de développement (PND). Le financement de cet axe est estimé à 4622 milliards FCFA. Les autorités togolaises ambitionnent de mobiliser ces fonds à hauteur de 65 % par le secteur privé.
Créé en 2018 pour pallier le déficit des financements bancaires, puisque 0,2 % seulement étaient consacrés au secteur agricole, le Mifa a soutenu 122 coopératives pour plus de 3 milliards FCFA de crédits octroyés.
Selon le média ‘’Jeune Afrique’’, l’État togolais et ses partenaires se mobilisent pour lever 100 millions d’euros afin d’atteindre les nouvelles ambitions du Mécanisme. Il s’agit de porter la part des crédits bancaires alloués à l’agriculture de 0,2 % en 2017 à 5 % dans les dix prochaines années, ainsi que de professionnaliser un million d’agriculteurs.
Le MIFA est un mécanisme destiné à accroître l’engagement du secteur bancaire en faveur du monde agricole en augmentant le volume des prêts et en baissant les taux d’intérêts.Il a été lancé en 2018 par le gouvernement et s’inspire directement de ce qui a été fait au Nigeria. Le dispositif fonctionne par le biais d’un panier auquel contribuent les partenaires au développement, le gouvernement et les banques.Il permettra, à terme, de générer des lignes de crédits jusqu’à 10 fois le capital d’amorçage investi dans un délai de 10 ans afin de porter les prêts agricoles de 0,3% à 5% du total des prêts bancaires. Un million de producteurs pourraient en profiter d’ici à 2021.