La salle ‘’Vivo’’ du Bénin Marina hôtel abrite depuis hier, mardi 7 mai 2019, une rencontre régionale de haut niveau sur la Santé reproductive maternelle, néonatale, infantile et des adolescents en Afrique de l’ouest et du centre(SRMNIA).
Nafiou OGOUCHOLA
‘’Un partenariat pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents en Afrique : renouveler l’engagement de Muskoka pour l’accès à la santé pour tous’’. C’est le thème central sur lequel les experts des différents partenaires de ce projet planchent depuis hier. Prévu pour prendre fin ce jour, cet atelier a pour objectif principal de faire le bilan de la première phase du projet Muskoka qui s’était achevée en 2018. « C’est une occasion pour les huit pays francophones de l’Afrique de l’ouest et du centre, à savoir, le Bénin, la Côte d’ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo, bénéficiaires desdits fonds, d’exposer les avancées enregistrées, les difficultés rencontrées et les leçons découlant des interventions à haut impact mises en œuvre pour améliorer la santé des femmes, des enfants et des adolescents, dans l’optique de contribuer à l’orientation des futurs engagements des partenaires », a confié le coordonnateur résident du système des nations-unies au Bénin, Siaka Coulibaly.
Plusieurs thématiques sont abordées au cours de cette rencontre. Les discussions qui auront cours permettront aux experts en conclave de répondre à certaines questions par des chiffres concrets. Entre autres thématiques, on peut citer la suivante : ‘’contribution des financements Muskoka aux résultats dans les pays bénéficiaires’’.
A la suite du représentant résident du Système des nations-unies au Bénin, le directeur régional du Fonds des nations-unies pour la population (Fnuap), Mabingue Ngom, est revenu sur l’importance de ce rendez-vous. « Cette rencontre vise à offrir une plateforme d’échanges entre les gouvernements, les partenaires y compris la société civile, le monde académique et le secteur privé sur les leçons apprises des expériences du fonds français Muskoka », a-t-il affirmé.
L’ambassadrice de France au Bénin, Véronique Brumeaux, lors de son allocution, a exhorté les participants à travailler pour l’atteinte des objectifs qui ont motivé cette rencontre. Elle a été suivie par le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin. Celui-ci a exprimé la gratitude du chef de l’Etat et du peuple béninois pour le secours qu’apportent les Etats partenaires et les quatre agences des Nations-Unies aux populations béninoises par le biais du fonds Mukoska. En effet, ce projet a été ourdi par la France et le Danemark l’a récemment intégré. Les quatre agences de l’Onu qui sont partenaires des deux Etats sont les suivantes : le Fonds des nations-unies pour la population (Fnuap), l’Organisation mondiale de la santé, le Fonds des nations-unies pour l’enfance et l’Onu-femmes.
La rencontre comporte deux segments complémentaires dont un segment technique qui a débuté hier et s’achève ce jour et un segment politique qui se tiendra demain, jeudi 9 mai 2019.
Les participants à la conférence sont des délégations venues des huit pays de Muskoka, les acteurs de la mise en œuvre du fonds dont les directeurs des programmes SRMNIA, les points focaux genre, les partenaires techniques et financiers clés, les organisations régionales, les représentants d’associations professionnelles, les coopérations bilatérales, les organisations de la société civile, les banques, le secteur privé…
Le Fonds français Muskoka en question
Le Fonds français Muskoka (FFM) et le partenariat H6 ont tous les deux une expérience considérable de synergie et complémentarité des mandats dans l’action et des avantages comparatifs solides au regard d’autres mécanismes. En Afrique de l’ouest et du centre, le FFM, avec ses quatre agences membres du H6 (OMS, Onu Femmes, Unicef et UNFPA), a acquis une expérience de huit ans en matière de coordination, de programmation et de mise en œuvre conjointe pour renforcer les systèmes de santé et la prestation des services de SRMNIA au niveau régional et national. Ses résultats probants ont fait de ce mécanisme un modèle de coordination opérationnelle ‘’One UN’’ telle que prévue dans la réforme de l’ONU.
Le FFM est un financement de la France, créé en 2010, en réponse à un appel urgent à l’action pour améliorer la santé des mères, des nouveaux nés, des enfants, adolescents et jeunes. L’appel a été lancé lors du sommet du G8 au Canada, afin d’accélérer l’atteinte, en 2015, des OMD 4 et 5, liés à la santé maternelle et infantile. Ce financement a été à la base d’un mécanisme novateur de coordination, d’appui technique et de mise en œuvre aux niveaux régional et national qui réunit les mandats complémentaires de l’Unicef, UNFPA, OMS et Onu Femmes.
Le renouvellement récent de l’engagement de la France pour les cinq prochaines années (2018-2022) offre l’opportunité de construire sur les acquis des huit premières années de mise en œuvre, en matière de coordination, de partenariat mais aussi de leçons apprises dans les pays et des succès engrangés dans la lutte contre la mortalité maternelle, néonatale, infantile et des adolescents, pour monter une réponse de plus grande envergure en vue de l’atteinte des ODD en Afrique de l’Ouest et du Centre et cela en alignement avec la vision et le processus de la réforme de l’ONU.
A cet effet les quatre agences proposent de mettre en place une plateforme régionale de coordination SRMNIA (H6+) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Cette plateforme servira de pont entre les partenariats existants au niveau mondial et au niveau des pays. Ce nouveau mécanisme devrait améliorer l’efficacité et l’efficience du programme, la coordination et l’alignement des actions des partenaires sur les priorités des pays dans le domaine de la SRMNIA et de la nutrition.
Justification du choix de l’Afrique de l’ouest et centrale
L’Afrique de l’ouest et du centre est une région diversifiée et complexe, confrontée aux défis humanitaires et de développement et à de faibles performances sur la santé des mères et des enfants.
La région abrite 7% de la population mondiale, mais représente une part disproportionnée de la charge mondiale : 42% des décès maternels, 31% des décès d’enfants dans le monde, 36% des enfants non scolarisés et 19% des enfants souffrant de la malnutrition chronique. Elle a également la prévalence la plus élevée des grossesses chez les adolescentes entre 15 et 19 ans, trois fois la prévalence mondiale et une très faible utilisation des méthodes modernes de contraception (15,8%), quatre fois moins que le niveau mondial.
L’Afrique est le continent qui connaît la plus forte croissance démographique, sa proportion d’enfants et de jeunes qui représente déjà 65% de la population va encore croître fortement au cours des prochaines décennies. Cette jeunesse de la population peut être un formidable atout pour le développement durable des pays mais cela ne se fera pas de manière automatique, sans investissement dans les secteurs sociaux notamment l’éducation et la santé.
Les enjeux en matière de SSRMNIA
La mobilisation en faveur de l’amélioration de la Santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et des adolescents (SRMNIA), observée depuis 2010, s’est traduite par la mise en place de plusieurs initiatives de partenariat au niveau global visant à accélérer les actions pour mettre fin aux décès maternels, néonatals et infanto-juvéniles, y compris la mortinatalité, qui sont liés à des causes pour la plupart évitables.
Le cadre d’action est défini avec la Stratégie mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents, couvrant la période 2016-2030 lancée par le secrétaire général de l’Onu. Cette dernière est alignée sur les Objectifs de développement durable (ODD), l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), ‘’L’Afrique que nous voulons’’ et le Plan d’action de Maputo 2016-2030, qui ont fait de la santé de la mère et de l’enfant une question centrale.
Dans la région de l’AOC, 16 pays ont pris un engagement formel de mettre en œuvre la Stratégie mondiale. Par ailleurs, on note l’existence de plusieurs mécanismes de financement, notamment le Mécanisme mondial de financement (GFF) en appui à l’initiative ‘’Chaque femme chaque enfant’’, le Fonds mondial pour la lutte contre la tuberculose, le sida, et le paludisme, etc.