Les prix des denrées alimentaires de base en Afrique subsaharienne ont bondi de 23,9% en moyenne entre 2020 et 2022, soit le plus haut niveau depuis la crise financière mondiale de 2008, révèle le Fonds monétaire international (FMI).
Issa SIKITI DA SILVA
Les facteurs mondiaux sont en partie responsables ; étant donné que la région importe la plupart de ses principaux aliments de base (blé, huile de palme et riz), la répercussion des prix alimentaires mondiaux sur les prix locaux est importante, soulignent trois experts du FMI, Cédric Okou, John Spray et D. Filiz Unsal, dans un blog publié cette semaine.
En effet, l’Afrique a importé pour 5.1 milliards USD de blé de la Russie et de l’Ukraine entre 2018 et 2020. Quant aux importations de riz en Afrique, elles étaient chiffrées à 23 189,9 millions USD en 2019, selon les données du Centre du commerce international ; la Côte d’Ivoire, le Bénin et l’Afrique du Sud étant les principaux importateurs.
Les prix des denrées de base d’origine locale ont également grimpé en flèche dans certains pays en raison des perturbations de l’approvisionnement intérieur, des dépréciations de la monnaie locale et de la hausse des coûts des engrais et des intrants, soulignent ces experts.
« Au Nigeria, par exemple, les prix du manioc et du maïs ont plus que doublé, même s’ils sont principalement produits localement. Au Ghana, les prix du manioc ont augmenté de 78% en 2020-2021, reflétant des coûts de production plus élevés et des contraintes de transport, entre autres facteurs ».
Ménages plus aisés
« Les ménages plus aisés peuvent se permettre une plus large gamme d’aliments, mais pour les pauvres, il existe très peu de substituts aux aliments de base, qui représentent près des deux tiers de leur alimentation quotidienne », indiquent Cédric Okou, John Spray et D. Filiz Unsal.
A en croire le FMI, les prix des aliments de base dans la région sont également affectés par les catastrophes naturelles et les guerres, augmentant en moyenne de 4% à la suite des guerres et de 1,8% après les catastrophes naturelles, selon l’ampleur, la fréquence, la durée et le lieu des événements.
Selon ces trois experts, les pays qui ont des cadres de politique monétaire plus solides sont mieux placés pour freiner les pressions inflationnistes directes sur les prix alimentaires et, par conséquent, contrôler l’inflation globale. En revanche, les prix alimentaires ont tendance à être plus élevés dans les pays où la gestion budgétaire est plus faible et la dette publique élevée.
Un mélange de réformes budgétaires, monétaires et structurelles pourrait aider à réduire l’inflation alimentaire, affirment-ils.
Par exemple, expliquent-ils, l’amélioration de la gestion des finances publiques pourrait aider à libérer des ressources pour investir dans des programmes d’aide sociale bien ciblés ou dans des infrastructures résilientes au changement climatique. Cela pourrait aider à stabiliser les prix.
Les décideurs politiques pourraient également aider à rendre les intrants agricoles tels que les semences et les engrais moins chers en introduisant des réformes structurelles et réglementaires qui favorisent une concurrence loyale, ainsi qu’en rationalisant les procédures commerciales et en tirant mieux parti de la recherche et du développement pour stimuler l’innovation agricole.