De la Corne de l’Afrique à l’Afrique de l’Ouest en passant par l’Afrique Australe, la sécheresse continue de sévir indifféremment, balayant tout sur son passage (cultures, terres fertiles, cours d’eau), engendrant ainsi une sorte de faim permanente dans un continent déjà meurtri par la pauvreté, la dictature et les inégalités sociales.
Issa SIKITI DA SILVA
Dans la Corne de l’Afrique, cet été n’a pas connu de répit dans les conditions de sécheresse, et la prévision d’une autre saison des pluies déprimée menace d’aggraver l’insécurité alimentaire de la région, indique Gro Intelligence. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 22 millions de personnes sont menacées de famine causée par la sécheresse dans cette région qui regroupe la Somalie, le Kenya, l’Ethiopie et l’Erythrée.
Au Kenya, les agriculteurs s’inquiètent depuis que le service de météorologie a annoncé aux populations de se préparer à une nouvelle saison des pluies déprimée pendant les mois d’octobre à décembre – un phénomène qui est dû à un refroidissement inhabituel de l’océan Indien.
« La sécheresse, la plus longue depuis une quarantaine d’années, suscite des inquiétudes quant à la diminution des récoltes des principales céréales, aux pénuries de fourrage et à l’épuisement des réserves d’eau. Les importations alimentaires, rendues plus chères par la pénurie mondiale de nombreux produits de base, et l’aide alimentaire d’urgence devront augmenter », prévient Gro Intelligence, qui ajoute que cette année la production des cultures de certains pays sera plus affectée que les autres.
Déficits hydriques saisonniers
En Afrique Australe, bien que les précipitations de janvier aient contribué à réduire les déficits hydriques saisonniers et à améliorer les conditions de la végétation dans la plupart des régions de la région, l’impact de la sécheresse et du stress thermique sur les conditions de la végétation est toujours évident dans le sud-ouest de l’Angola, le nord-ouest de la Namibie, le nord et le centre du Mozambique, le Malawi et Madagascar, selon une analyse du Centre commun de recherche (JRC), le service scientifique interne de la Commission européenne.
En Afrique de l’Ouest où la sécheresse sévit depuis une vingtaine d’années dans les régions sahéliennes, un rapport d’Action contre la Faim (ACF) publié en avril 2022 a averti que l’année 2022 risque de devenir une année de référence en matière de sévérité de la période de soudure, et d’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel.
Selon Wikipédia, la période de soudure désigne, pour les populations vivant de l’agriculture vivrière, la période de l’année précédant les premières récoltes et durant laquelle les produits des récoltes précédentes viennent à manquer.
La saisonnalité expose les ménages au risque d’insécurité alimentaire, qui avec la malnutrition augmentent pendant la période de soudure, ce qui est habituellement observé en cas de privation plus extrême, souligne la Banque mondiale.
Ainsi, il apparaît important pour les pays du Sahel d’investir dans des mécanismes d’alerte et de réponses précoces, insiste la Banque mondiale.