Le chef de l’Etat, Patrice Talon, a procédé, le week-end écoulé, à l’inauguration de trois différents monuments dont celui de l’Amazone. Cette activité intervenue à la veille de la célébration du 62ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, plonge les Béninois dans un nouvel élan, celui de l’affirmation de la nouvelle identité du pays. Chacun des monuments exhorte chaque citoyen à s’inscrire dans la continuité du travail de bâtisseurs entrepris par les personnages historiques. Le message clé qui se dégage est donc celui qui invite à saisir le flambeau de l’amour pour la patrie, vertu dont ont fait preuve les amazones et autres héros de l’histoire du Bénin.
Les citoyens béninois, toutes catégories confondues, ont perdu le sens du patriotisme. C’est dans ce contexte qu’intervient la réalisation du monument de l’Amazone par le Gouvernement pour raviver cette flamme qui s’est éteinte en chacun des administrés afin que notre pays retrouve sa noblesse d’antan. Comme le monument Bio-Guéra et celui des dévoués, le monument de l’Amazone a une histoire. Pour ceux qui se souviennent encore du XIXè siècle dans le royaume de Danxomè, ce chef-d’œuvre renvoie à un ancien régiment militaire, entièrement féminin, constitué sous le règne de Tassi Hangbé. Elles sont dénommées les « Agoodjié » ou encore « minons » qui est une appellation locale des femmes guerrières. Elles seront plus tard appelées « Amazones » en référence aux amazones de la mythologie grecque par le Colon français au regard de l’expertise d’espionnage des camps ennemis de ces femmes, leurs interventions dans les attaques finales des batailles, leur endurance physique et leur robustesse. L’idée de créer ce corps de l’armée dahoméenne a germé de la reine Tassi Hangbé suite au décès de son frère siamois Akaba à la veille d’une bataille décisive entre l’armée du royaume de Danxomè et celle des Oyo et Wémènou. « Son fils Agbossassa n’étant pas encore mature à l’époque pour succéder à son père, sa tante, le reine Tassi Hangbé, la sœur jumelle d’Akaba, prend le contrôle des troupes pour poursuivre le combat en hommage à son défunt frère », raconte Damien Mariano Agliti, guide touristique à l’Office de tourisme et région (Otr) d’Abomey. Ce n’est qu’après qu’elle informa la cour royale et tout le royaume de sa victoire et devint ainsi, la première femme ayant accédé au trône dans le royaume au mépris des principes préétablis. Bien que son règne soit court, de 1708 à 1711, son Altesse royale, la reine Tassi Hangbé, a laissé ses traces indélébiles dans les annales de l’histoire. Elle a constitué le premier régiment des amazones restructuré plus tard par le roi Guézo. Elles ont vaillamment défendu les couleurs de Danxomè dans plusieurs batailles dont la célèbre victoire sur le royaume de Savi en 1727. Elle a aussi lutté énormément pour la promotion de la femme. Elle a favorisé le développement de l’agriculture, de la chasse et encouragé l’accès des femmes aux métiers réservés aux hommes comme les forgerons, guerriers, potiers ou encore les tisserands afin de leur permettre d’être capables d’agir à arme égale et de s’émanciper. Elle a également positionné les femmes dignitaires du royaume, les Dadassi. Ces femmes sont identifiées à travers leurs pagnes le plus souvent posés sur la tête. Brave et courageuse Tassi Hangbé, à défaut de défier les hommes, elle a prouvé qu’elle peut aussi quelque chose aux côtés des hommes.
Réapproprier l’histoire et les valeurs cardinales positives
« Symbole de notre amour et de notre engagement pour le pays, nos amazones ont su, par leur bravoure, autant que les hommes, défendre la patrie. Telles nos Amazones, la femme béninoise est notre fierté », pouvait-on lire sur la photo de l’épigraphe du monument de l’Amazone. Ce message rend non seulement un vibrant hommage aux amazones, mais aussi, invite les femmes béninoises actuelles à leur emboîter les pas, à travailler ardemment pour contribuer au développement de la Nation. C’est d’ailleurs le but poursuivi par le Gouvernement en réalisant ces monuments. « L’intégration du volet conception et construction de monuments dans le Programme d’action du Gouvernement s’inscrit dans le cadre global de la valorisation du patrimoine naturel, historique, culturel et de la réappropriation de notre histoire et du développement des pôles touristiques au Bénin ». Le monument de l’Amazone permet alors de partager avec les citoyens et surtout les adolescents et les jeunes la connaissance de l’histoire et des personnages qui ont marqué notre passé ; de s’inspirer des figures historiques pour retrouver les valeurs positives et les qualités de peuple fort dont nous avons aujourd’hui, besoin ; de cultiver le sens d’une vie parfaite de détermination et d’attachement à la Nation puis d’inviter le peuple à prendre de recul nécessaire par rapport à tout ce qui a pu nous diviser et de faire le pari de l’unité et de la cohésion nationale.
« L’Amazone, une force féminine qui doit servir de repère aux générations actuelles et futures du Bénin »
Ledit monument est érigé sur l’esplanade de l’Amazone. La zone d’implantation présente un intérêt touristique avec beaucoup d’aménagements. Elle offre des possibilités de détente, d’activités de plein air pour les résidents et visiteurs. Le personnage en mouvement avec un pied posé sur un tertre est fabriqué en structure métallique ; avec une enveloppe en bronze d’une hauteur de 30m et d’une masse totale de 150 tonnes. L’esplanade qui l’abrite sera un point d’attraction et de rencontres. Par rapport au sens et la portée de la construction du monument Amazone, il constitue une force féminine historique qui doit servir de repère aux générations actuelles et futures ; un symbole de l’histoire du Bénin et de l’épopée des illustres personnages ; une source de fierté et un élan patriotique auprès de tous les Béninois. Il présente également un intérêt pour la réappropriation du symbole identitaire fort de la femme béninoise ; la perpétuation dans le contexte national moderne du rôle déterminant de la femme dans la culture et dans l’histoire du peuple béninois et pour les valeurs qui vont inspirer les femmes et les hommes du Bénin telles que le courage et la bravoure.
Rock Amadji (Correspondant Zou-Collines)