La Niña, cet événement météorologique mondial perturbateur qui a déprimé les approvisionnements alimentaires mondiaux et fait grimper les prix des produits de base pendant deux années consécutives, est sur le point de revenir pour une troisième année, a annoncé le Centre américain de prévision climatique (CPC).
Issa SIKITI DA SILVA
Les conditions de La Niña pour la troisième année consécutive pourraient avoir des effets considérables sur l’agriculture mondiale en déclenchant d’importants changements climatiques, a averti Gro Intelligence, une plateforme d’intelligence artificielle sur le climat, l’économie et l’agriculture.
La Niña a tendance à créer des conditions de sécheresse dans de nombreuses régions du monde, tout en apportant des précipitations supplémentaires dans d’autres, a souligné Gro Intelligence, cette agence bureau dont les bureaux représentatifs sont basés à New York et à Nairobi.
La dernière fois que La Niña a été en place pendant trois années consécutives, c’était de 1998 à 2001. Les conditions de La Niña sont actuellement en place, selon l’indice « Oceanic Niño » du CPC, qui est calculé sur la base des températures océaniques dans une partie spécifique de l’océan Pacifique, a prévenu Gro Intelligence.
A en croire les analyses de Gro Intelligence, la production du blé pourrait être désastreuse avec l’arrivée imminente de la Niña. Cela viendrait ajouter l’huile sur le feu dans un secteur déjà amoindri par la guerre en Ukraine et le refus de la Russie d’ouvrir les ports ukrainiens pour exporter des millions de tonnes de céréales actuellement stockées dans des silos.
Ce phénomène climatique imprévisible, qui a déjà causé des pertes importantes de soja pendant les deux saisons précédentes, devrait aussi affecter la production mondiale du maïs, notamment au Brésil, le deuxième exportateur mondial de cette céréale vitale pour l’alimentation des millions de personnes à travers le monde, y compris en Afrique.
L’Afrique en danger
D’emblée, les experts ont tiré la sonnette d’alarme sur la production agricole africaine qui pourrait subir de sérieuses perturbations à cause de la sécheresse.
Déjà, c’est la débandade dans la Corne de l’Afrique, où les pays sont confrontés à des conditions de sécheresse les plus graves depuis des décennies.
« C’est ce qui fait craindre que des récoltes plus faibles des principales céréales n’aggravent l’insécurité alimentaire et nécessitent des quantités beaucoup plus élevées d’aide alimentaire et d’importations pour les populations de la région », ont indiqué les experts de Gro Intelligence.
Quant à l’Afrique de l’Ouest, elle connaît déjà la hausse des températures, des régimes pluviométriques variables et des événements extrêmes de plus en plus fréquents, selon l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI).
« Par conséquent, si des mesures idoines d’adaptations ne sont pas prises, ce sont les pauvres qui en paieront le plus lourd tribut », ont prévenu cinq experts de l’IFPRI, dans un ouvrage intitulé « L’agriculture Ouest-Africaine et le changement climatique ».