La quatrième réunion trimestrielle de concertation entre le Directeur National de la BCEAO et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit, au titre de l’année 2024, s’est tenue le 11 décembre 2024 dans les locaux de l’Agence Principale de la BCEAO à Cotonou. A cette occasion, divers points ont été abordés dont la présentation de l’Observatoire de la qualité des services financiers au Bénin (OQSF).
A.W.A.
Les directeurs généraux des établissements de crédit au Bénin sont désormais outillés sur l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF) au Bénin. C’était au cours de la dernière réunion trimestrielle de concertation de 2024 entre le Directeur National de la BCEAO et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit. Au terme de la rencontre, un point de presse a été organisé par le Directeur National de la BCEAO, Emmanuel ASSILAMEHOO et le président de l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers du Bénin, Monsieur Lazare NOULEKOU pour évoquer les points abordés. Selon l’exposé sur l’OQSF, fait par le Secrétaire Exécutif, l’Etat béninois est pleinement engagé dans l’opérationnalisation de cet important dispositif consacré par la Loi 2024-14 du 2 septembre 2024 portant réglementation bancaire. Le rôle fondamental de l’OQSF est d’encourager les populations et les petites et moyennes entreprises à recourir davantage aux services financiers, et de restaurer leur confiance à l’endroit du système financier. Les Directeurs Généraux ont pris connaissance des objectifs, de l’organisation, du fonctionnement, du plan d’actions, des défis et perspectives de la structure ainsi que de ses attentes à l’égard du secteur bancaire. Ils ont particulièrement noté qu’au regard de la loi bancaire, l’OQSF est la structure à compétence nationale en matière de médiation financière. Ce fut l’occasion de rappeler les dispositions de la loi bancaire qui stipulent que tout utilisateur de services bancaires qui se sent lésé, peut, préalablement à la saisine de l’autorité judiciaire, déposer une réclamation auprès de la Commission Bancaire ou engager une procédure de médiation auprès de l’OQSF.
Les autres sujets importants débattus
L’autre point important abordé avec les dirigeants de banque est d’être davantage édifiés sur les actions requises de leurs établissements, teneurs de comptes, en cas d’incidents enregistrés sur les instruments de paiement. Ils ont été invités à instruire leurs collaborateurs afin de veiller à une participation active de leurs structures au fonctionnement de la Centrale des incidents de paiement (CIP), à travers l’application effective des dispositions réglementaires prévues dans l’Instruction n°009/07/RSP/2010 du 26 juillet 2010, et ce dans leur intérêt et celui de tous les usagers du système financier.
Les principaux indicateurs macroéconomiques au cœur des échanges
Les échanges ont permis aux participants de noter avec satisfaction la bonne tenue des principaux indicateurs macroéconomiques. À l’échelle de l’Union, le taux de croissance du produit intérieur brut est projeté à 6,0% pour l’année 2024 tandis que le taux d’inflation devrait ressortir à 3,6%, en baisse par rapport à son niveau à fin 2023, mais demeurant hors du corridor de stabilité des prix dans l’UMOA. Au Bénin, le taux de croissance devrait se consolider à 6,7% en 2024 contre 6,4% en 2023, et le taux d’inflation s’établirait en dessous de 2,0% pour 2024 contre 2,7% en 2023. Nonobstant ces évolutions favorables, les perspectives sont entourées de quelques risques, relatifs notamment à la situation sécuritaire dans certains pays, l’impact des conditions climatiques défavorables sur la production agricole et les effets des tensions géopolitiques et commerciales sur les prix mondiaux des produits énergétiques et alimentaires.
Le cadre de concertation est également revenu sur les principales recommandations issues de la sixième édition des rencontres entre le Secrétariat Général de la Commission Bancaire et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit de l’Union, tenue le 05 décembre 2024. Sur ce point, les directeurs généraux des établissements de crédits au Bénin sont invités au renforcement du système bancaire notamment avec les fonds propres et à accorder une importance particulière aux dispositifs de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive ; de rapatriement des recettes d’exportations et de comptabilisation des créances en souffrance.
Le bilan du rapatriement des recettes d’exportation
Les directeurs généraux des établissements de crédits présents à cette séance ont été informés sur le taux de rapatriement des recettes d’exportation par les opérateurs économiques qui est ressorti à 97,0% (norme de 100%) au terme des trois premiers trimestres de l’année 2024, contre 82,6% en 2023. Il en résulte un défaut de rapatriement des recettes par cette catégorie d’acteurs, évalué à 12,4 milliards contre 61,0 milliards de FCFA à fin juin 2024 et 75,6 milliards en 2023. Tout en notant les progrès réalisés en 2024, les Directeurs Généraux de banque ont réitéré leur engagement à poursuivre les actions de sensibilisation auprès des opérateurs économiques exportateurs. De ce fait, les déficits de rapatriement qui subsistent pourront être résorbés dans les plus brefs délais. Face à cette situation, le cadre de concertation a réaffirmé sa décision de ne plus accepter en couverture les dossiers des entreprises qui ne sont pas à jour vis-à-vis de leurs obligations de rapatriement des recettes d’exportations, sans préjudice de l’application des sanctions prévues par les dispositions réglementaires.
Noter que la profession bancaire a été informée sur les motivations à la base du maintien du statu quo, par le Comité de Politique Monétaire (CPM), sur les taux directeurs de la BCEAO, à l’issue de sa dernière session ordinaire, tenue le 04 décembre 2024 au Siège de la BCEAO à Dakar. En effet, le CPM a maintenu, à 3,50%, le principal taux directeur auquel la Banque Centrale prête ses ressources aux banques, et à 5,50% le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal, niveaux en vigueur depuis le 16 décembre 2023. Cette décision résulte de l’analyse de l’évolution récente des prix, de l’activité économique et de la situation extérieure de l’Union. La BCEAO a saisi l’occasion de prendre consciences des préoccupations spécifiques de la profession bancaire et des contraintes auxquelles les acteurs financiers au Bénin sont confrontés.