Le premier Sommet de la Coopération Énergétique en Afrique de l’Ouest (WA-ECS) s’est tenu à Lomé (Togo) du 03 au 05 Décembre 2024. Occasion pour les acteurs mobilisés de relancer le débat sur le fonds fiduciaire pour améliorer la situation énergétique dans la région.
Falco VIGNON
Le sommet a mis en lumière une initiative de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) : la création d’un fonds fiduciaire pour sécuriser les transactions énergétiques transfrontalières. Ce mécanisme vise à pallier les retards de paiement qui freinent depuis des années l’intégration énergétique de la région. En effet, les impayés constituent l’un des principaux obstacles à l’essor d’un marché régional de l’électricité. Le Nigeria, principal fournisseur d’électricité pour ses voisins tels que le Togo, le Bénin et le Niger, a récemment exprimé son mécontentement face à l’accumulation des arriérés. En août 2024, la Commission nigériane de Régulation de l’Électricité (NERC) a dénoncé des dettes importantes, notamment celles du Bénin (7,61 millions de dollars) et du Niger (1,21 million de dollars). La Côte d’Ivoire, autre acteur clé du secteur, fait face aux mêmes difficultés.
« La mise en place de ce fonds fiduciaire est essentielle pour rassurer les fournisseurs et attirer des investissements privés », a souligné Sediko Douka, Commissaire chargé de l’Énergie et des Mines de la CEDEAO. Ce fonds doit garantir le paiement des producteurs et stimuler l’extension des infrastructures. À travers son plan directeur des infrastructures énergétiques 2019-2033, la CEDEAO prévoit 75 projets visant à injecter 16 000 MW supplémentaires et à construire 23 000 km de lignes d’interconnexion. L’accent sera mis sur les énergies renouvelables, notamment l’hydroélectricité et le gaz naturel. Depuis 2020, 5 milliards de dollars ont été injectés dans le réseau électrique ouest-africain. Néanmoins, pour atteindre les objectifs fixés d’ici 2030, la région devra mobiliser 30 milliards de dollars supplémentaires. Alors que près de la moitié de la population reste sans accès à l’électricité, cette initiative constitue un pas décisif vers une intégration énergétique capable de répondre aux besoins croissants des populations et de soutenir la transition vers les énergies renouvelables. Ce sommet marque ainsi une avancée pour la CEDEAO, qui entend concrétiser sa vision d’un marché énergétique commun et durable en Afrique de l’Ouest. C’est une dynamique qui soutiendra le développement économique de la sous-région.