L’intelligence artificielle menace de faire disparaitre 18% des emplois dans les pays à faible revenu et d’accroître les inégalités, a révélé un expert du Fonds monétaire international (FMI) mardi. Cette révélation a été faite dans un contexte où le monde se frotte les mains pour affronter les effets secondaires de l’IA, ce « messie » qui a pour mission régalienne de remodeler l’économie mondiale.
Issa DA SILVA SIKITI
« La plupart des économies de marché émergentes et des pays à faible revenu ont une part d’emplois hautement qualifiés plus faible que les économies avancées, et seront donc probablement moins touchés et confrontés par des perturbations immédiates dues à l’IA », a indiqué Giovanni Mélina dans une tribune publiée sur le site du FMI.
Ce cri d’alarme vient d’enfoncer davantage l’épée de Damoclès qui plane sur le continent depuis qu’un document de recherche de McKinsey & Company avait prévenu l’année dernière que l’apprentissage automatique, l’IA et la robotique avancée pourraient entraîner la perte de 3,3 millions d’emplois existants en Afrique du Sud d’ici 2030.
A en croire cet économiste de renom, dans la plupart des scénarios, l’IA aggraverait probablement les inégalités globales, une tendance inquiétante que les décideurs politiques doivent s’efforcer de prévenir.
Il y a plusieurs raisons de s’inquiéter en Afrique car la disparition des millions d’emplois risque d’accentuer la pauvreté dans un continent déjà rongé par le chômage, la misère, la corruption au sommet de l’État, les conflits armés et les souffrances de toutes sortes.
Cédric, employé dans une institution financière, se fait déjà des soucis : « Ces chiffres donnent la chair de poule car l’IA ressemble à une bombe à retardement qui, au moment venu, va causer des dégâts collatéraux énormes. Qu’on le veuille ou non, l’IA va bouleverser nos vies ».
Outil complémentaire
Ne vous découragez pas, semble dire Giovanni Melina, car « du côté positif, l’IA représente un outil complémentaire qui offre un énorme potentiel pour améliorer la productivité des emplois existants et créer de nouveaux emplois et même de nouvelles industries ».
Mais il y a un couac, remarque cet ancien professeur de macroéconomie à la City University London. « Bon nombre de pays à faible revenu ne disposent pas des infrastructures ou de la main-d’œuvre qualifiée nécessaires pour exploiter les avantages de l’IA, ce qui pourrait aggraver les inégalités entre les nations », a-t-il expliqué, précisant que les économies les plus riches ont tendance à être mieux équipées pour l’adoption de l’IA que les pays à faible revenu.
Des mécanismes tels que l’infrastructure numérique, le capital humain et les politiques du marché du travail, l’innovation et l’intégration économique, et la réglementation doivent être prêts et aguerris si une nation aspire à tirer profit pleinement des avantages de l’IA.
Or, selon Melina, certains pays se trouvent encore au stade de préparation.
« L’IA peut également compléter les compétences des travailleurs, améliorant ainsi la productivité et élargissant les opportunités. Les travailleurs qui seront en mesure d’exploiter cette technologie obtiendront des gains de salaire ou seront plus productifs. Par contre, ceux qui ne le peuvent pas vont rester en arrière. Les jeunes travailleurs vont vite s’adapter mais les plus âgés pourraient éprouver des difficultés », a-t-il souligné.