En 2023, la perte totale de forêts primaires tropicales a atteint 3,7 millions d’hectares, ce qui équivaut pratiquement à la perte de 10 terrains de football par minute, selon un rapport du Global Forest Watch (GFW), une plateforme du World Resources Institute (WRI), publié jeudi 4 avril en collaboration avec l’université de Maryland.
Issa DA SILVA SIKITI
« Bien que cela représente une diminution de 9% par rapport à 2022, le taux de 2023 est presque identique à ceux de 2019 et 2021. Toutes ces pertes de forêts ont produit 2.4 gigatonnes (Gt) d’émissions de dioxyde de carbone en 2023, soit l’équivalent de près de la moitié des émissions annuelles de combustibles fossiles des États-Unis », ont révélé les experts du WRI, Mikaela Weisse, Elizabeth Goldman et Sarah Carter. « Si certains pays montrent une volonté politique de réduire la perte de forêts, ce n’est pas le cas pour tous et les limites de la perte de forêts se déplacent : les réductions notables au Brésil et en Colombie ont été compensées par de nettes augmentations en perte de forêts en Bolivie, au Laos et au Nicaragua et par de plus faibles augmentations dans d’autres pays », déplore le rapport. Les pays les plus affectés par la perte de forêts primaires tropicales en 2023 sont, entre autres, le Brésil, la RD Congo, la Bolivie, l’Indonésie, le Pérou, le Cameroun, et la Malaisie.
Inquiétudes pour la RDC
Les taux élevés de perte de forêts primaires en RDC inquiètent cette organisation de défense de l’environnement basée à Washington, qui souligne que le bassin du Congo est la dernière grande forêt tropicale qui est toujours un puits de carbone, absorbant plus de carbone qu’elle n’en émet. « La plupart des pays du bassin du Congo connaissent de façon constante de faibles niveaux de perte de forêts primaires, comme le Gabon et le Congo-Brazzaville, tous deux des pays dits de la HFLD (High Forest Low Deforestation Countries ou Pays à forte forêt et à faible déforestation), qui continuent à présenter de faibles niveaux en 2023. Cependant, plus de la moitié de la forêt du bassin du Congo est située en RDC, laquelle perd un demi-million d’hectares de forêts pluviales primaires chaque année. Et même si le taux n’a augmenté que de 3% en 2023, ces petites augmentations, régulières depuis plusieurs années, s’ajoutent les unes aux autres ». Les auteurs du rapport pensent qu’il est nécessaire de disposer d’incitations durables et de mécanismes financiers qui valorisent la préservation des forêts pour rendre ces dernières moins vulnérables à la destruction par l’agriculture, l’exploitation minière, les infrastructures ou d’autres activités économiques.
« Des solutions réellement adaptées à la situation locale doivent être combinées à des solutions mondiales de lutte contre le changement climatique et en faveur du développement durable pour réduire la perte de forêts partout sur la planète », indiquent-ils.
A part le rôle prépondérant qu’elles jouent pour combattre le changement climatique et booster la biodiversité, les forêts contribuent aussi au bien-être humain. Quelque 1,6 milliard de personnes, dont près de 70 millions de peuples autochtones, dépendent des ressources forestières pour leur subsistance.