La Commission économique pour l’Afrique, Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique tient sa 56è session du 28 février au 05 mars 2024. A l’occasion, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a présenté son nouveau rapport sur l’état de l’intégration régionale en Afrique, la part de l’Afrique dans le commerce mondial. Un taux qui demeure encore faible et que la Zone de libre-échange continentale africaine n’impacterait outre mesure.
Bidossessi WANOU
Le continent africain pèse peu dans le commercial mondial. Dans son nouveau rapport rendu public la semaine écoulée, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) note que l’apport de l’Afrique au commerce mondial reste inférieur à 3 % et dominé par le commerce de marchandises. Au niveau sous régional, les taux ne sont non plus reluisants. En dépit des regroupements et effort constant d’intégration notamment aux plans économique et monétaire, le continent peine à faire des pas significatifs, ce qui compromet à ce jour, l’atteinte des critères de convergence macroéconomique. En 2022, la part du commerce intra-africain dans le commerce mondial a baissé à 13,7 %, comparé à 14,5 % en 2021. Les exportations intra-africaines ont également diminué en pourcentage des exportations totales, passant de 18,22 % à 17,89 %, tandis que les importations intra-africaines ont chuté de 12,81 % à 12,09 %. Cependant, l’intégration régionale sera une étape nécessaire au développement productif inclusif en Afrique, selon Stephen Karingi, directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA. Il a insisté à cet effet sur la nécessité de la mise en œuvre effective des accords économiques notamment, celui sur la ZLECAf qui marque un marché commun. « La mise en œuvre effective de l’Accord déterminera dans quelle mesure le continent pourra tirer les bénéfices du libre marché et de l’intégration commerciale pour le bénéfice global des peuples du continent africain », a déclaré Stephen Karingi. Mais ce n’est pas encore le cas, souligne la CEA. A preuve, alors que l’accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine a officiellement débuté depuis le 1er janvier 2021, les changements envisagés dans le commerce intra-africain ne sont pas encore apparus.
La ZLECAf, et après ?
Selon le rapport du CEA, l’adoption de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine et du Marché unique du transport aérien africain a été par exemple un progrès remarquable dans la mise en œuvre du premier plan décennal (2014-2023) de l’Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons, de l’Union africaine (UA). Mais « les États doivent continuer à prendre les mesures nécessaires pour garantir que l’environnement réglementaire soit propice à la mobilisation du financement durable des infrastructures par le secteur privé », rappelle le directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA selon qui, « le nombre croissant de changements anticonstitutionnels de gouvernement met en évidence les défis persistants auxquels sont confrontés les pays africains, notamment la faiblesse de la gouvernance, la pauvreté persistante et les opportunités d’emploi limitées ». On note de nombreux autres obstacles au développement et à l’intégration. Entre autres, le développement des infrastructures et du numérique restent un défi important en dépit des efforts, et les progrès dans les transports ferroviaires et les infrastructures énergétiques sont minimes du fait des défauts de financement. Le déficit à ce chapitre est de l’ordre de 130 à 170 milliards de dollars. En réponse à ce gap, la CEA envisage des mécanismes financiers innovants : le financement mixte, les obligations axées sur des objectifs environnementaux, sociaux et de durabilité et les échanges de dette contre nature qui sont déjà en étude. Quant au volet numérique, 32 pour cent de femme utilise Internet, contre 42 pour cent de la population masculine contre une moyenne mondiale de 65 % des femmes et 70 % des hommes. Le rapport indexe également l’inflation comme un des critères qui ont été en souffrance en 2022. On note une inflation élevée dans plusieurs pays d’Afrique en 2023 avec une moyenne de 18,5 %. Dans 19 pays africains, l’inflation est ressortie à plus de 10%. La dette brute des administrations publiques s’est aussi détériorée atteignant 65,2 du PIB de l’Afrique en 2023 contre 64,6% un an plus tôt. Ainsi, le deuxième plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063 est confronté à de nombreux défis dans un environnement mondial instable. Son objectif principal préconise le rapport, devrait être de faire en sorte que chaque pays membre de l’Union africaine atteigne le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici 2034. Cela nécessite une attention soutenue à un large éventail de projets et de chantiers.
Légende : Stephen Karingi, Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce/CEA
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