Les prévisions macroéconomiques sur la période 2023-2025 sont sujettes à des incertitudes qui pourraient affecter leur réalisation. Le taux de croissance prévu pour 6,2 % en 2023 pourrait être seulement de 4,7 % dans le scénario pessimiste avec les risques persistants sur l’activité économique.
Aké MIDA
Le taux de croissance s’afficherait à 6,2 % en 2023 et s’établirait autour de 6,0 % à l’horizon 2025, si l’activité économique reste dans la dynamique observée sur la période 2017-2021, d’après le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2023-2025. Le taux pourrait même atteindre 7,8 % en 2023 et 9,4 % en 2025, dans un scénario optimiste suivant l’hypothèse d’une atténuation rapide des tensions géopolitiques actuelles, d’une non-aggravation de la situation sanitaire et d’une évolution favorable des autres risques qui pèsent sur l’économie, projette le ministère de l’Economie et des Finances (Mef).
En revanche, la croissance pourrait être moins importante en s’affichant à 4,7 % en 2023 et 4,8 % à l’horizon 2025, en cas d’aggravation des tensions géopolitiques, notamment la crise en Ukraine et un durcissement des sanctions internationales contre la Russie. Le scénario pessimiste prend en considération une aggravation de la situation sanitaire et la survenance d’autres risques dont les conditions financières peu avantageuses et donc peu propices à la célérité adéquate des grands chantiers de l’État, précise le document du Mef.
Tels sont les trois scénarii de la croissance économique esquissés sur la base de l’évolution probable de la conjoncture aux plans international et sous-régional.
Simulations
Selon les estimations de la Direction générale de l’Economie (Dge), la crise russo-ukrainienne provoquerait une accélération de l’inflation entre 1,2 et 2,6 points de pourcentage (pdp) et une baisse de la croissance entre 0,4 % et 1,2 %.
L’aggravation du risque sécuritaire devenu une priorité nationale avec les récurrentes attaques terroristes, affecterait les flux touristiques et les investissements privés. L’hypothèse d’une baisse de 10 % des flux touristiques induirait un manque à gagner de 0,23 pdb de croissance et une baisse des recettes fiscales de 1,53 %. Du côté des investissements privés, une contraction de 10 % provoquerait une baisse de la croissance de 4,5 points de pourcentage et une baisse des recettes fiscales de 2,5 pdb.
Au plan des relations économiques et commerciales avec le Nigeria, premier partenaire commercial du Bénin de par le volume des échanges, une hausse de 1 % du taux de croissance du Nigeria se traduirait par une augmentation du taux de croissance du Bénin à hauteur de 0,14 %, selon la Dge. En revanche, la dépréciation de la monnaie nigériane, le naira, de 15% provoquerait une contraction du Pib du Bénin de 1,1 % la première année et une baisse des recettes publiques de l’ordre de 2,0 % la première année et 0,5 % la deuxième année.
L’autre risque majeur qui pèse sur l’économie est relatif à la variabilité climatique qui affecte particulièrement le secteur agricole, induisant la baisse des rendements jusqu’à 25,0 % pour le maïs et 10,0 % pour le coton. Une baisse de la production agricole de 10,0 % provoquerait un repli de la croissance économique de l’ordre de 2,0 points de croissance, selon les simulations.
Mesures préconisées
Une baisse des dépenses d’investissement public de 10 % par rapport à leur niveau initialement envisagé du fait des conditions financières internationales défavorables, induirait une rétraction de la croissance de 0,53 point de pourcentage.
Face aux menaces sur l’économie, une batterie de mesures fiscales et non fiscales est prise pour adresser les effets immédiats de la hausse des prix, mais aussi pour prévenir les tensions inflationnistes futures. Elles concernent non seulement les exonérations sur les importations (farine de blé et huiles végétales) mais aussi la subvention des prix des produits énergétiques (électricité et produits pétroliers).
Les dispositions visant à prévenir les tensions inflationnistes futures sont orientées vers la sécurisation de la production agricole au cours des campagnes à venir, à travers notamment la subvention des prix des intrants agricoles et les dispositions pour les rendre disponibles.
En ce qui concerne le renforcement du dispositif sécuritaire aux frontières, l’Etat s’est doté d’une approche civile visant à renforcer sa présence dans les localités à risque.
La stratégie de renforcement de la résilience du Bénin aux chocs en provenance du Nigeria, et plus généralement les chocs exogènes, devrait se poursuivre par l’accélération de la transformation structurelle de l’économie béninoise. Pour ce faire, l’accent est mis sur la diversification de l’économie, l’attractivité de l’économie, la promotion du capital humain et la promotion de l’intégration régionale, à travers notamment le développement des chaînes de valeurs régionales.
Par rapport au risque climatique, le Bénin a engagé avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, plusieurs initiatives, dont la mise en place du Système d’alerte précoce (Sap) et la création du Fonds de réponse aux catastrophes (Foncat).