Depuis le lundi 30 mars 2020 à 00h un cordon sanitaire est établi autour des communes que sont Cotonou, Abomey-Calavi, Allada, Ouidah, Sèmè-Podji, Porto-Novo, So-Ava, Aguégués, Akpro-Missérété et Adjarra en vue de les isoler du reste du pays. Dans les départements du Mono et le Couffo, plusieurs chauffeurs galèrent actuellement pour manque de clients pour les voyages.
Romuald NOUDEDJI
Sur le Parc de Lokossa, c’est le calme total. C’est le même constat sur les autres parcs dans la commune de Lokossa. Un silence qui est dû aux différentes mesures prises par le gouvernement pour contrer le Covid-19 sur l’ensemble du territoire béninois. Les quelques chauffeurs trouvés sur les parcs sillonnés viennent pour papoter avec leurs amis. ‘’L’heure est grave’’ disent certaines personnes. C’est le cas de Laurent Saizonou, un chauffeur qui fait le tronçon Lokossa-Cotonou-Porto-Novo : « C’est pour notre bien cette décision de cordon sanitaire prise par le gouvernement mais, c’est difficile pour nous de subvenir aux besoins de nos familles. Je vous dis qu’il n’y a pas de clients. On ne sait même pas quand est-ce que cette affaire va finir ». Plus loin, c’est Arnaud un chauffeur de taxi à Zounhouè qui attend les clients, les mains sur le volant. « Depuis ce matin, j’ai pu avoir un client de zoungbonou à Lokossa. Et je cherche depuis pour aller à Comé mais je ne trouve pas »explique-t-il. Malgré les mesures pour lutter contre le coronavirus mises en place par le gouvernement, les chauffeurs de taxi continuent de travailler dans les zones qui ne sont pas dans le cordon sanitaire. Mais, il n’y a pratiquement plus de voyages, ni de passagers et très peu de salariés à emmener au travail. Plus de cinq heures d’attente après son premier client, Elisée Ananou, gagne deux autres clients pour destination Comé. Avec cette course, ce chauffeur pourra au moins rembourser l’argent d’essence dépensé dans la journée. « Nous ne travaillons que pour l’essence. Parce que nous n’avons pas de passagers. Sauf les clients qui vont nous appeler spécialement pour des courses. Sans que ça, c’est la galère totale », nous explique Elisée Ananou. «C’est un nouveau véhicule qu’on m’a acheté depuis six mois et je suis même sous contrat actuellement. Avec cette situation de Covid-19, le paiement devient de plus en plus compliqué pour moi. Déjà que moi-même je ne mange pas à ma faim comment je vais payer l’argent d’autrui », nous explique Brice, un conducteur de taxi à Lokossa. Tout comme Brice, ils sont nombreux, ces chauffeurs qui ont pris des véhicules sous contrat afin de quitter le chômage. Ce qui voudra dire qu’ils ont des échéances à payer à leur propriétaire. Mais, depuis la mise en œuvre du cordon sanitaire c’est le statuquo total. Certains sont obligés de garer leur véhicule pour éviter tout problème. La question taraudent leurs esprits sont: que mangeront nos enfants et nos petites familles ? Dans un ton ironique Nicolas Adagbè, un chauffeur va dire : « Le Coronavirus est pire que les autres maladies qu’on a connu sur cette terre. Je vous dis que cette maladie est très grave. Tout le monde souffre de Covid-19 même dans les chambres de confinement. Parce que toutes les activités sont bloquées». Beaucoup s’en remettent à Dieu espérant un dénouement d’ici peu de la situation pour une reprise normale des activités.