Depuis le 6 avril 2016, la situation sécuritaire du Bénin a changé de visage. Présentant son bilan après 4 années d’exécution, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Sacca Lafia a énuméré les réformes sécuritaires engagées par l’actuel gouvernement ainsi que leurs retombés.
Félicienne HOUESSOU
« Le 6 avril 2016, l’ensemble des Béninois avait un sentiment partagé d’insécurité », se désole le ministre Sacca Lafia à l’occasion de la présentation de ses 4 années de gestion du ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique. Placée sous le signe du rétablissement de la sécurité, cette gestion va crescendo. D’une ressource humaine harmonisée et fusionnée, elle est passée à une stratégie opérationnelle. Les check-points sont remplacés par la patrouille, et les ressources financières. « Avant, une brigade de Gendarmerie avait un budget de 300.000 Fcfa par an et qui sert à tout faire. Aujourd’hui, au lieu de 300.000 l’an c’est 400.000 Fcfa par mois. Une partie pour le fonctionnement, une autre pour la patrouille à savoir achat de carburant, une autre pour l’entretien du véhicule, une autre pour motiver le personnel. Pour ce dernier aspect, on ne donne pas automatiquement. C’est quand l’agent doit se rendre en patrouille aux heures de repas, loin de sa famille, qu’il est payé 2000 F ou 3000 F », révèle Sacca Lafia. Le budget annuel d’un commissariatautrefois appeléebrigade de Gendarmerie a ainsi été multiplié par 16 selon le ministre de tutelle. Dans ce cadre, une cinquantaine de nouveaux commissariats a été construite pour une meilleure couverture sécuritaire. Chaque commune a un commissariat au niveau du chef-lieu de commune et, 1 ou 2 commissariats d’arrondissement. Selon le ministre, l’objectif à terme est de couvrir tous les arrondissements et, les doter d’au moins un commissariat.
Plusieurs réformes entreprises
La première réforme fut la fusion de la Police nationale et de la Gendarmerie. Un travail intellectuel a été fait en reprenant les textes qui créent chacune de ces unités. « On a veillé à ce que les intérêts des uns et des autres soient sauvegardés, que personne ne perde un copeck de son salaire, que personne ne perde un copeck de ses avantages. Voilà ce qui a été fait sur le plan humain. Cette mutualisation, cette fusion de ces deux forces nous a donné des ressources humaines parce que qui dit sécurité, dit besoin en ressources humaines », confie le ministre. Cette fusion a été effective le 1er janvier 2018 pour donner naissance à la Police Républicaine qui, non seulement a changé de nom mais doit changer de pratiques, d’habitudes.
La seconde réforme a été faite sur le plan stratégique et sur le plan opérationnel. Elle a permis de réduire les barrières à l’entrée de chaque ville qui au lieu d’être des postes de sécurité, sont plutôt des postes de rançonnement. « Tous les stratèges de la gendarmerie et de la Police nationale n’étaient pas d’accord avec nous sous prétexte que l’insécurité allait se rétablir. Nous avons trouvé une stratégie de compensation qui répond à ce que j’avais dit, la sécurité c’est d’abord la présence des agents de sécurité. A la place des barrières, des Check-Points, nous avons instauré la patrouille en permanence sur tous les axes routiers en priorisant les corridors : Cotonou-Malanville, Cotonou-Kraké, Cotonou-Hillacondji, en tenant compte de nos moyens roulants, de nos moyens financiers, des ressources humaines dont nous disposons. La police nationale et la gendarmerie circulent de jour comme de nuit. Chaque unité avait un tronçon de route bien défini. Vous ne pouvez pas passer sans les rencontrer. Les contrôles étaient rétablis, c’est comme cela qu’on a mis un terme aux braquages », a expliqué Sacca Lafia.
Le troisième axe a pris en compte le matériel roulant qui entre temps était quasi-inexistant et branlant. Mais de 2016 à la date d’aujourd’hui, le gouvernement a doté la police républicaine de plus de 250 véhicules pick up. A en croire le ministre, ce type de véhicule coûte entre 25 à 30 millions FCFA hors taxes. Une somme d’au plus 5 milliards FCFA a donc été allouée dans le cadre de la mise ne œuvre de cette réforme. Ces infrastructures ont rendus possible la lutte contre le terrorisme et le démantèlement de grands réseaux de fossoyeurs, de braqueurs et de cybercriminels au Bénin.
Afin de renforcer les capacités de la police et lui permettre de mieux exploiter son efficience, le gouvernement à travers le ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique, a œuvré à la redynamisation de la brigade cynophile. « On a spécialisé une catégorie de chiens pour découvrir les écailles de Pangolin, de peaux d’animaux, une autre catégorie de chiens formés pour découvrir les stupéfiants de toutes sortes, les explosifs… On a eu de bons résultats», a révélé le leader de ce département. Il prévient : « Nous allons étendre ses activités au Port pour contrôler les conteneurs, parce que les trafiquants sont de plus en plus ingénieux ». Les chiens importés de la France sont entretenus et dressés par des Béninois formés par une Ong spécialisée. De plus, compte tenu de l’importance de l’objectif que le gouvernement s’est fixé dans le secours des personnes en détresse, le gouvernement a doté les sapeurs-pompiers de 5 ambulances entièrement équipées sur budget national ; 6 autres ambulances reçues des pays amis…
Dans la Cedeao, « nous sommes parmi les meilleurs en matière de sécurité. Et il y a 4 ans, 5 ans, on ne pouvait pas dire cela », se réjouit le ministre. Par ailleurs, reconnait-il, « on n’a pas tout fait ; la satisfaction est relative, car, la sécurité est une quête en permanence. La contribution des populations, des Forces de sécurité, des armées, doit concourir pour maintenir ce climat de sécurité pour le développement de notre pays ». Ces actions et réformes ont hissé le Bénin au rang du pays le plus sécurisé dans l’espace Uemoa.