(Pascal Koupaki reçoit mandat pour gérer les affaires courantes)
Le chef de l’Etat, Patrice Talon, a suspendu le processus de renouvellement du mandat des membres de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (ANLC). Le secrétaire général de la présidence, Pascal Irenée Koupaki assure l’intérim de Jean-Baptiste Elias qui serait licencié.
Falco VIGNON
A travers deux correspondances en date respectivement de janvier et mars 2020, le chef de l’Etat, Patrice Talon, qui assure la tutelle de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (ANLC), a instruit le président Jean-Baptiste Elias, de suspendre le processus de renouvellement du mandat des membres. Selon la correspondance du président de la République, une relecture de la loi portant création de l’ANLC est envisagée afin de l’adapter aux réalités du moment. Cette autorité avait été créée par l’ex chef d’Etat, Boni Yayi, à travers la loi 2011-20 du 11 octobre 2011. Cette première mandature avait été installée en mai 2013.
L’ex homme fort de la lutte contre la corruption se retrouve dans une situation qu’il est difficile de juger. Débarqué de son poste, bien inspiré celui qui pourra dire exactement la nature exacte de la décision du chef de l’Etat, Patrice Talon. Est-ce un licenciement ou un chômage technique ?
La thèse du licenciement peut s’avérer intéressante et probable quand on se fie aux raisons évoquées. En effet, selon les informations glanées çà et là, il ressort qu’il serait reproché à l’ANLC de n’avoir pas comblé les attentes placées en elle par l’exécutif. De même, l’ANLC se serait révélée comme une institution budgétivore. Deux faits qui ne cadrent pas du tout avec le modèle de gestion du gouvernement dirigé par Patrice Talon. Mais, cela n’exclut pas le fait qu’il peut revenir à la tête de l’ANLC avec une autre équipe. La thèse du chômage technique est moins plausible au vu de la volonté du gouvernement de bannir la corruption des habitudes du citoyen béninois. Or, il faut des hommes d’un certain charisme pour réussir cette pénible mission. Par exemple, il aura fallu Modeste Toboula pour opérer le démarrage du combat contre l’occupation des espaces publics et des abords de rues. Et il aura fallu un homme de la trempe du procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Ulrich Togbonon, pour donner un nouveau visage à la lutte contre la corruption sur le plan pénal.
Aussi, le fait que Jean-Baptiste Elias et son équipe n’aient abouti à des résultats élogieux, ouvre la voie de la concurrence aux proches du pouvoir qui sont animées par des convictions aussi fortes que celle du chef de l’Etat en matière de lutte contre la corruption. Tout ceci rapproche Jean-Baptiste Elias plus du licenciement que du chômage technique. Toutefois, il convient de noter que l’ex président de l’ANLC est le président du Front des organisations nationales de lutte contre la corruption (Fonac). Donc il ne va pas chômer. Juste retourner à ses anciennes occupations. A en croire certaines indiscrétions, il aurait fait des émules dans ces fonctions plutôt que dans celle liées à l’ANLC.
Quelques mérites quand même
L’ex président de l’ANLC avait eu à renseigner l’opinion publique béninoise et internationale sur certains dossiers sulfureux. En effet, Jean-Baptiste Elias a activement contribué à la lutte contre la corruption à l’ère du ‘’Bénin révélé’’ en dénonçant certaines pratiques peu orthodoxes qui avaient encore cours. Du cas de certains membres du gouvernement et députés qui n’auraient pas encore déclaré leurs biens conformément à la réglementation, à celui de l’affaire de prétendue surfacturation des motos et autres matériels prétendument acquis à des sommes astronomiques, en passant par certains autres faits, le président du Fonac a fait des révélations qui ont alerté les autorités compétentes du Bénin. De même, Jean-Baptiste Elias avait dénoncé certaines irrégularités constatées dans le processus électoral ayant abouti à l’élection des députés de la 8ème législature de l’Assemblée nationale.
Pascal Koupaki reçoit mandat pour gérer les affaires courantes
Le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Pascal Irénée Koupaki, a pris les rênes de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption des mains de Jean-Baptiste Elias qui, l’a dirigée depuis mars 2017. La cérémonie s’est tenue le jeudi 19 mars 2020 au siège de l’ANLC à Saint Michel. La prise de service par Pascal Iréné Koupaki place l’ANLC dans une phase de transition dont l’issue devrait être l’adoption d’une loi modifiant la loi 2011-20 afin d’adapter l’autorité nationale aux dynamiques actuelles.