Dans la logique de présenter les résultats des comptes extérieurs du Bénin, composés essentiellement de la balance des paiements et de la Position extérieure globale, la direction nationale de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a organisé le 18 février 2020, la journée de diffusion des comptes extérieurs du Bénin au titre de l’année 2018. Déroulée au Novotel à Cotonou, cette rencontre qui est à sa 12ème édition, a connu la participation de décideurs économiques nationaux, sous-régionaux et internationaux.
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Sylvestre TCHOMAKOU
De 2.888,8 milliards de FCFA en 2017, la Position Extérieure Globale du Bénin est passée à 3.140,8 milliards de FCFA, soit une progression de 252,0 milliards de F CFA à fin décembre 2018. Ces chiffres, sont ceux de l’analyse réalisée et présentée par la direction nationale de la BCEAO sur les comptes extérieurs du Bénin au titre de l’année 2018. A en croire l’institution, les variations nettes induites par les autres changements d’actifs et de passifs se sont élevées à -5.804,2 millions, imputables essentiellement aux évolutions du taux de change entre le franc CFA et les principales devises étrangères. Par ailleurs, les actifs détenus par le Bénin sous forme d’investissements de portefeuille sont estimés à 36,2%, notamment les titres publics acquis sur le marché régional de la dette publique, d’avoirs de réserve (26,9%), de prêts (14,0%) et de dépôts (9,4%). « Ces actifs sont concentrés dans la zone UEMOA soit 63,7%. Les passifs sont constitués d’emprunts (39,4%), d’investissements directs (31,4%) et d’investissements de portefeuille (9,8%) », renseigne davantage la Banque tout en ajoutant qu’ils sont contractés auprès des autres pays (44,0%), des pays de l’UEMOA (40,5%) et de la Zone Euro (15,5%). A l’occasion, justifiant les raisons ayant conduit au « semblant de retard » connu dans l’organisation de cet évènement qui, devrait se tenir au plus tard le 31 octobre de l’année suivante, soit 2019, le directeur national de la BCEAO, Alain Kamaclo, a pointé la non-disponibilité à temps des statistiques devant permettre la confrontation des données. C’est alors qu’il va remercier l’ensemble des participants pour l’intérêt qu’ils accordent à ce rendez-vous dont l’utilité à l’essor du Bénin réside en les propositions et recommandations faites au gouvernement en vue de l’accélération de la croissance économique impactant les populations à la base. Pour la circonstance, le directeur de cabinet du ministre de l’économie et des finances, Hermann Orou Takou, a salué, au nom de l’autorité ministérielle, les efforts de la BCEAO pour accompagner le Bénin dans sa politique de développement de l’investissement direct tout comme de la maîtrise de la soutenabilité de la dette publique. « L’organisation chaque année de cette journée consacrée à la dissémination des comptes extérieurs est désormais enregistré dans l’agenda des évènements économiques du Bénin », a-t-formulé avant de déclarer ouverts les travaux de cette activité qui est à sa 12ème édition.
De la balance de paiements
Des analyses de la direction nationale de la BCEAO, en ce qui concerne le deuxième sous compte des comptes extérieurs du Bénin, au titre de l’année 2018, on retient que les échanges extérieurs du Bénin se sont déroulés en cohérence avec le contexte international marqué par une régression de l’activité économique mondial, et une activité économique nationale dont le taux de croissance est estimé à 6,7% en 2018 contre 5,7% un an plus tôt. Le solde global de la balance des paiements (importations et exportations des marchandises de biens et services, etc.) affiche ainsi un excédent de 196.860,5 millions en 2018, après deux années consécutives de déficit (164.447,0 millions en 2016 et 118.287,1 millions en 2017). Au-delà, la présentation faite aux participants par la direction nationale de la BCEAO a mis en exergue une accentuation du déficit structurel du compte courant rapporté au produit intérieur brut soit 4,5% en 2018 contre 4,2% en 2017. Ce, essentiellement sous l’effet d’une hausse du solde déficitaire de la balance des biens, consécutive à la progression des importations de biens intermédiaires et de biens d’équipement. S’agissant des entrées d’investissements directs, elles se sont établies à 102.370,5 millions F CFA contre 98.128,3 millions F CFA en 2017, en progression de 4.242,2 millions F CFA, en liaison avec les perspectives favorables de l’économie béninoise. Les investissements directs étrangers, poursuit l’institution bancaire régionale, ont notamment bénéficié aux secteurs des « transports et entreposages » (74,7%), du « commerce de gros et de détail » (72,1%) et de l’ « industrie manufacturière » (10,8%). Cependant, les flux d’investissement direct étranger sont ressortis négatifs dans les secteurs de la « construction » (-27,3%), de la « communication » (-20,3%) et de l’ « intermédiation financière, assurance et retraite » (-10,0%).
La diversification agricole fortement recommandée au Bénin
Face à ces résultats qui dans l’ensemble, témoigne de la confiance des investisseurs en « la destination Bénin », l’Union, pour aider le Bénin dans sa perspective de développement des échanges extérieurs et d’amélioration des soldes de la balance des paiements, n’est pas restée sans faire des propositions. Il s’agit entre autre de la poursuite des efforts de diversification de l’économie, notamment à travers la valorisation des filières agricoles identifiées dans la programme d’Actions du Gouvernement (PAG) ; du renforcement de l’offre d’énergie, conformément aux objectifs sectoriels et aux actions identifiées dans le cadre du deuxième compact du Millennium Challenge Account (MCA) ; de la continuité de l’amélioration du climat des affaires et le recours au Partenariat Public-Privé pour la réalisation des projets et programmes inscrits au PAG. A ces points, s’ajoute l’encouragement à la poursuite du reprofilage de la dette publique, pour tenir compte des risques de refinancement. Présent à la rencontre, le Directeur général de la BOA, Sadio Cissé, pour sa part, a insisté sur la diversification. « La diversification agricole doit être accentuée, accélérée pour pouvoir avoir une capacité de remboursement en devise agricole. Il faut également maîtriser la soutenabilité de l’endettement public. », a-t-fait savoir. Au terme des travaux, mesurant la qualité des recommandations faites par les uns et les autres, le directeur national de la BCEAO a rassuré de ce que le point sera fait au ministre en charge de l’économie et des finances.