Le règne des taxi-motos et tricycles a atteint son apogée à Lagos depuis le samedi 1er février 2020. Ainsi en a décidé le gouvernement du fait du taux d’accident de plus en plus élève sur les routes en raison de l’imprudence de cette catégorie d’usagers et de l’embouteillage qu’ils créent.
Bidossessi WANOU
Moteur éteint pour les taxi-motos et tricycles dans les rues de Lagos au Nigéria. Point de taxi-moto ou tricycle dans les rues de Lagos. Et pour cause, le taux d’accident lié à la méconnaissance du code de la route et aux embouteillages dans les rues de Lagos. Cette mesure qui est applicable depuis le 1 er février 2019, concerne six collectivités locales (Ikeja, Lagos Mainland, Lagos Island, Apapa, Surulere et Eti Osa) et neuf zones de développement communales. Elle couvre par ailleurs les restrictions d’accès des « Okada » et « Keke » à 10 ponts et une quarantaine d’autoroutes après « des consultations avec les parties prenantes, et conformément à la loi de 2018 sur la réforme du secteur des transports ».C’est du moins ce qu’a expliqué Gbenga Omotosho, commissaire à l’information et à la stratégie de l’État de Lagos : « cette mesure a été prise en réponse à des « chiffres effrayants » d’accidents mortels enregistrés par des opérateurs de motos et tricycles dans l’État entre 2016 et 2019 ». Plus de 10 000 accidents ont été en effet enregistrés dans les hôpitaux généraux ; un taux qui ne prend même pas encore en compte, les cas non déclarés ou enregistrés. Dans ce lot, le taux de décès est estimé à plus de 600 cas de décès, soit en moyenne une soixantaine l’an, un nombre élevé qui nécessite des actions urgentes afin d’arrêter la saignée. Cette interdiction est donc motivée par la sécurité de la population ; sécurité sur plusieurs axes. « Le taux de crimes qui sont facilités par les taxi-motos (Okada et Keke) continue d’augmenter. Ils sont utilisés comme moyens de fuite par des criminels ». C’est donc une mesure motivée qui n’est pas cependant sans conséquence.
Plusieurs milliers d’emplois volés en éclat
L’entrée en vigueur de cette mesure condamne au chômage plusieurs milliers de jeunes. Comme il est de coutume dans les grandes villes africaines notamment le Bénin et le Nigéria, plusieurs jeunes sortis des centres de formation, universités et écoles n’ont autre issu que la conduite de taxi-motos, une trouvaille qui permet de masquer le chômage et de joindre les deux bouts. D’ailleurs, nombre d’entre eux ont déploré cette décision du gouvernement sans mesure d’accompagnement dans un contexte où, d’autres subtilités du métier, telles les prises de commandes ou de courses émergent et permettent de faire davantage de profits. A propos, « cette mesure mettrait en péril les emplois dans plusieurs start-up qui proposent, depuis quelque temps, le transport à la demande en Okada, une activité devenue très lucrative » rapporte un site d’information ; ce qui, par extension, perturbe de développement de cette catégorie de start-up. Toutefois, le défi lié aux conducteurs de taxi moto reste préoccupant dans nombre de grandes villes africaines et il faudra que les Etats y travaillent avec stratégies pour, non seulement préserver les vies mais aussi et surtout permettre à ceux qui en vivent de trouver de bonnes alternatives susceptibles de les soulager durablement.
De quoi relancer le débat au Bénin ?
Le gouvernement de la République du Bénin avait annoncé des réformes dans le rang des conducteurs de taxis-motos et tricycles, il y a deux mois environ. Avec la mesure prise par l’Etat de Lagos, nul doute que les autorités béninoises seront convaincues de ce qu’elles voyaient juste. De même, l’Etat de Lagos peut servir d’alibi au Bénin pour réformer le travail des conducteurs de taxis-motos.