A cause du réchauffement climatique, le niveau de la mer monte et les côtes béninoises subissent une érosion grave. Pour faire face à ce phénomène naturel, de nouvelles formes investissements, dans la résilience du littoral, naissent au moyen de financements innovants et de partenariats public-privé.
Félicienne HOUESSOU
A l’instar des autres pays côtiers du Golfe de Guinée, le Bénin subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. La mer fait de tels ravages qu’elle engloutit prés de 20 mètres de côte chaque année. Plusieurs opérateurs privés exerçant aux abords de la plage, luttent contre l’érosion côtière pour pouvoir sauver leurs installations. La houle destructrice menace tout le système écologique lagunaire et les populations qui y vivent. Sans oublier les conséquences sur les infrastructures de transport qui subissent des dommages de leur côté. Le secteur privé, très présent dans les zones côtières du pays, est un acteur clé dans la gestion intégrée du littoral. C’est pourquoi son implication apparaît comme une priorité pour le succès de la lutte contre l’érosion côtière.
Selon la Banque mondiale, un tiers des habitants de l’Afrique de l’ouest vivent sur le littoral et les zones côtières sont à l’origine de 56% du PIB de la région. Le Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA), financé par la Banque mondiale et mis en œuvre dans six pays (Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin, Togo, Mauritanie, Sao Tomé et Principe) entend contribuer au développement durable du littoral ouest africain en luttant contre l’érosion et les inondations côtières. Cette lutte nécessitera toute une palette d’interventions. Par conséquent, les professionnels de l’agriculture, de la pêche, du tourisme, de la gestion des risques de catastrophe, de l’environnement et de l’eau doivent unir leurs forces pour réduire les risques, protéger les écosystèmes et améliorer les infrastructures afin de renforcer la résilience des moyens d’existence.
Solutions techniques et financières pour relever le défi
La situation est tout aussi critique en Afrique de l’Ouest, comme le montre une récente analyse de la Banque mondiale : pour la seule année 2017, la dégradation des côtes, les inondations et la pollution pour l’ensemble de ces pays ont coûté 3,8 milliards de dollars : au Bénin, à la Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo, soit 5,3 % du produit intérieur brut de ces quatre pays réunis. Et au-delà de son coût économique, la dégradation du littoral a entraîné le décès de 13 000 personnes cette année. C’est une tragédie. Il est donc indispensable de mobiliser les financements et l’expertise nécessaires pour aider les pays à se préparer aux aléas climatiques et aux tensions qui s’exercent sur les côtes. Le programme WACA de la Banque mondiale offre des solutions techniques et financières pour relever les défis de l’érosion côtière. Cependant, la tâche est encore plus colossale en raison de la pression accrue causée par la croissance de la population côtière et par l’exploitation impitoyable des ressources naturelles dont tant de personnes dépendent pour leur subsistance.
Le secteur privé de tous les pays concernés par l’érosion sur le littoral ouest-africain s’est engagé le 28 février 2019 à Abidjan, à travers la formation d’un Comité consultatif, à la mise en œuvre d’actions pour renforcer la résilience du littoral ouest-africain face aux changements climatiques. « Nous, représentants du secteur privé (ports, mines, agriculture, pétrole et gaz, transport, hôtellerie, et pêche) des pays de la zone côtière ouest-africaine, avons formé un Comité intérimaire consultatif WACA pour le secteur, en vue d’établir un plan d’actions pour faciliter l’implication accrue du secteur privé dans la gestion du littoral », avait indiqué le communiqué final. Lors de cette rencontre, les investissements dans la résilience du littoral, ont été encouragés au moyen de financements innovants et de partenariats public-privé. Il est de la responsabilité de tous les secteurs de faire en sorte de préserver les moyens de subsistance et la prospérité économique des régions côtières.