Environ 780 millions de femmes à travers le monde n’ont pas accès aux services financiers formels et la majorité d’entre elles, très pauvres, vivent dans des zones rurales ou assez reculées. Cette révélation a été faite récemment par Mary Ellen Iskenderian, présidente et directrice générale de Women’s World Banking, dans une interview accordée au Forum économique mondial (WEF).
Issa DA SILVA SIKITI
« Les femmes ont besoin d’un endroit sûr pour économiser leur argent et pouvoir effectuer et recevoir des paiements facilement et à moindre coût. En outre, elles ont aussi besoin d’avoir accès au crédit. La microfinance consiste très souvent en des prêts modestes et coûteux. Nous voulons donc nous assurer que les femmes ne soient pas exploitées et que l’accès au financement n’augmente pas leur endettement ou d’autres risques », a souligné la présidente et directrice générale de Women’s World Banking, dans des propos publiés sur le site du WEF.
« N’oublions pas l’assurance, car la capacité d’atténuer et de gérer les risques est essentielle pour protéger tout ce qu’une famille et qu’une femme a bâti grâce à son entreprise ou à ses économies. L’assurance est de plus en plus importante compte tenu de tous les risques climatiques auxquels de nombreuses femmes sont désormais confrontées », a-t-elle ajouté.
Fondé en 1979 et basé à New York, le Women’s World Banking est le plus grand réseau mondial d’institutions de microfinance et de banques.
Obstacles
A en croire cette illustre activiste, les principaux obstacles à l’accès aux services financiers numériques pour les femmes incluent, entre autres, le manque d’accès à la technologie, littéralement au téléphone [mobile], notamment le coût. « Le combiné n’est peut-être pas trop cher, mais le forfait de données et tous les services continus associés à ce téléphone peuvent être très coûteux. Dans certaines régions, notamment en Asie du Sud, les normes sociales peuvent constituer un véritable obstacle à l’accès des femmes au téléphone ».
En Afrique, le spectacle est désolant à cause des normes socio-culturelles qui autorisent les hommes à gérer tous les aspects financiers de la famille, y compris les affaires ou le salaire des femmes. Céline, commerçante de 40 ans, raconte : « Chaque soir, mon mari m’oblige à faire le point sur les recettes journalières de mon commerce pendant que, lui, il refuse de me dire quoique ce soit sur son revenu ou des combines qu’il fait par-ci par-là. Et c’est lui qui gère tout. Chaque fois que j’aborde ce sujet, il se fâche et je me tais parce que je veux la paix ».
« Les femmes, surtout celles des pays en développement, font face à un niveau de discrimination et de marginalisation incroyable dans un monde dominé par les hommes qui font en sorte que les femmes n’aient pas accès à la terre, à un capital, à un travail décent et à un prêt bancaire pour qu’elles continuent de croupir dans la misère et se soumettre à leurs ordres. Ça ne peut pas continuer ainsi », a martelé une féministe qui a requis l’anonymat.