Tenant au respect des textes qui encadrent son fonctionnement, le Conseil National du Crédit (CNC) pour le Bénin a tenu, vendredi 23 décembre 2022, sa 4ème et dernière session ordinaire de l’année. Déroulée dans les locaux de l’Agence principale de la BCEAO à Cotonou, cette rencontre a été l’occasion de passer en revue plusieurs points relatifs à la croissance économique du Bénin.
S.T.
En dépit de la crise mondiale caractérisée par la forte inflation et le conflit en Ukraine, l’économie qui a montré une certaine résilience au cours des derniers mois, devrait connaitre une meilleure croissance en 2023, et notamment, sur les cinq (05) prochaines années. Ce sont, entre autres, les conclusions de la 4ème et dernière session ordinaire du Conseil National du Crédit (CNC) pour le Bénin qui a consacré ses échanges à la Loi de finances du Bénin, gestion 2023 et au cadrage macroéconomique du Bénin au titre de la période 2022-2027.
Au titre de la Loi de finances, les membres du CNC ont pris acte des principales orientations de la politique budgétaire de l’État ainsi que des instruments de la politique fiscale pour l’année 2023. Les Conseillers, selon le communiqué final sanctionnant cette rencontre, ont relevé que le budget axé sur le capital productif et l’inclusion sociale, est équilibré en ressources et en emplois pour un montant total de 3.033,3 milliards FCFA. Si les dépenses d’investissement sont prioritairement prévues pour poursuivre la transformation structurelle de l’économie et l’amélioration du bien-être des populations, les dépenses sociales, qui occupent la part la plus importante du budget, devront, renseigne le communiqué, être affectées à : la poursuite et à l’accélération de l’exécution des projets à fort impact social que sont le Programme national intégré des cantines scolaires (PNASI), l’atteinte des cibles des objectifs de développement durable relatives à l’eau pour tous à l’horizon 2023, la mise en œuvre du projet Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH), l’extension de la mesure de gratuité des frais de contribution des filles du secondaire. Quant à la politique fiscale, les principales mesures de 2022 reconduites en 2023 et les nouveaux instruments fiscaux et douaniers pour 2023 ont été portés à l’attention des membres du Conseil.
Un cadrage macroéconomique ambitieux
S’agissant du cadrage macroéconomique réalisé sur la période 2022-2027, le CNC s’est réjoui des perspectives de croissance économique globalement favorables pour le Bénin sur la période. En effet, selon les projections officielles, le taux de croissance du produit intérieur brut devrait se situer en moyenne à 6,5% en 2023, contre une estimation de 6,0% pour 2022. Sur la période 2024-2027, la croissance maintiendrait une trajectoire autour de la moyenne de 6,0% en dépit de la guerre russo-ukrainienne dont l’impact direct sur l’économie béninoise est jugé limité. En outre, le taux d’inflation devrait être contenu dans la zone cible de 1 à 3%.
Au terme des échanges relatifs à ces deux points, les membres du Conseil, tout en saluant les efforts du Gouvernement en vue d’assurer une amélioration de la richesse nationale ainsi que sa meilleure répartition au sein des populations, ont toutefois invité à la vigilance face aux facteurs de risque à l’échelle internationale, qui entourent les projections établies, en lien avec la persistance du conflit armé russo-ukrainien, accompagné d’une exacerbation des tensions inflationnistes ; le défi sécuritaire ; la recrudescence des cas de Covid-19 dans certaines régions et l’apparition de nouvelles pandémies. Par ailleurs, les membres du CNC ont été informés des principales conclusions des réunions du Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BCEAO et du Conseil des Ministres de l’Union, tenues respectivement les 9 et 19 décembre 2022. Spécifiquement en ce qui concerne le CPM, les Conseillers ont pris acte de sa décision de relever, pour la troisième fois consécutive, de 25 points de base les taux directeurs de la BCEAO. Cette mesure est motivée par la hausse de l’inflation dans l’Union, depuis plusieurs mois, et qui a atteint un niveau record de 8,4% en octobre 2022, en raison essentiellement du renchérissement des prix des produits alimentaires de grande consommation et du transport dans les pays de l’Union, à la suite de l’envolée des cours du pétrole sur les marchés internationaux. Ainsi, le principal taux directeur auquel la Banque Centrale prête ses ressources aux établissements de crédit est passé de 2,50% à 2,75% à compter du 16 décembre 2022. Cette nouvelle hausse s’inscrit dans le cadre de la normalisation graduelle de la politique monétaire entamée depuis juin 2022 afin de favoriser le retour progressif de l’inflation dans la zone cible de 1 à 3%. Quant au coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union, il demeure inchangé à 3,0%.
Au-delà, l’occasion a été pour les membres du Conseil National du Crédit de prendre connaissance de l’état d’avancement du processus d’insertion des textes de loi communautaires dans l’ordonnancement juridique national, ainsi que de la mise en œuvre des initiatives structurantes de la BCEAO dont la réforme majeure liée au projet d’interopérabilité des services financiers numériques dans l’UEMOA destiné à contribuer à l’inclusion financière par l’utilisation massive des services financiers numériques.