La 49ème session du Conseil des droits de l’homme a été lancée ce lundi 28 février 2022 en format hybride au Palais des Nations de Genève et en ligne. Placée sous le thème « situation des droits de l’homme en Ukraine résultant de l’agression russe », cette rencontre se tiendra jusqu’au 1er avril prochain.
Félicienne HOUESSOU
Le Conseil des droits de l’homme ouvre sa 49ème session avec pour objectif de répondre aux défis en matière de droits de l’homme exacerbés par les périodes de crise. Ouvrant les travaux, Federico Villegas, Président du Conseil des droits de l’homme, a déclaré que cette première session ordinaire de l’année était, à bien des égards, la principale session du Conseil. Il a souligné qu’au moment où la pandémie de COVID-19 se poursuit, le Conseil des droits de l’homme continue de faire preuve de flexibilité et de persévérance pour s’assurer qu’il est en mesure d’assumer la responsabilité collective de faire respecter les normes en matière de droits de l’homme et de répondre aux défis en matière de droits de l’homme exacerbés par les périodes de crise. Dès l’ouverture de cette session, le Conseil a décidé, à l’issue d’un vote (demandé par la Fédération de Russie) de 29 voix pour, cinq contre et treize abstentions, de tenir un débat urgent sur « la situation des droits de l’homme en Ukraine résultant de l’agression russe ». Ce débat aura lieu au terme du débat de haut niveau auquel doivent participer, jusqu’à mercredi prochain, quelques 130 responsables au niveau mondial. Lors de la cérémonie d’ouverture, le Conseil a successivement entendu des déclarations d’ouverture de Ignacio Cassis, Président de la Confédération suisse ; de Abdulla Shahid, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies ; de António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies ; et de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Selon António Guterres, les droits humains sont attaqués partout dans le monde et les autocraties montent en puissance. « Nous sommes réunis aujourd’hui pour parler des solutions », a-t-il ajouté, précisant que « ces solutions sont ancrées dans nos libertés fondamentales et nos droits humains durables. Les Nations Unies, à travers leur mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine et leurs agences humanitaires, doivent montrer à tous les Ukrainiens qu’elles sont à leurs côtés en ces temps difficiles », a-t-il déclaré. Pour sa part, Abdulla Shahid, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies a évoqué les questions relatives à la reprise après la pandémie et à l’équité en matière de vaccins ; les besoins de la planète ; et l’égalité des sexes. Il a, en outre, rappelé que ramener les voix de la société civile dans les couloirs de l’ONU est resté une de ses priorités depuis son entrée en fonction.
La situation de l’Ukraine au cœur de la session
Le populisme, le nativisme, le racisme et l’extrémisme gangrènent les sociétés. L’attaque contre l’Ukraine met en péril de nombreuses vies: entre jeudi matin et hier soir, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a enregistré 406 victimes parmi les civils, la plupart assassinées dans des zones pilonnées par des roquettes et des attaques aériennes. En quatre jours, 352 personnes sont mortes, dont 16 enfants, et environ 1700 personnes, dont au moins 160 enfants, ont été blessées. Des centaines de milliers d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur du pays où réfugiés. L’attaque contre la capitale et d’autres villes a forcé la population à dormir dans le métro, des enfants sont nés dans ces conditions. D’autre part, nombre d’infrastructures civiles sont détruites, de nombreuses personnes étant privées d’électricité. « Cette attaque repose sur un véritable mépris de notre peuple et de son droit d’avoir un État. Cette violation éhontée de la Charte des Nations Unies et des principes du droit international a été condamnée par le Secrétaire général et par la Haute-Commissaire aux droits de l’homme », a rappelé la délégation ukrainienne. L’agression russe s’accompagne d’un flux de désinformation, a-t-elle poursuivi, demandant au Conseil de « combattre les mensonges et les manipulations de l’État russe. Le Conseil de sécurité n’a pu prendre les mesures nécessaires du fait du veto de la Fédération de Russie, a rappelé l’Ukraine. Le Conseil se doit de répondre à cette violation flagrante de la Charte des Nations Unies et prendre les mesures qui s’imposent pour combattre les violations systématiques des droits de l’homme par la Fédération de Russie dans le cadre de cette agression », a insisté l’Ukraine. Pour la partie russe, les pays de l’Occident n’ont fait qu’attiser les flammes du conflit intra-ukrainien en encourageant les nationalismes et en fournissant des armes au régime de Kiev ». Le Conseil des droits de l’homme n’a tout simplement « pas le mandat pour discuter de l’appartenance territoriale de telle ou telle région », a affirmé la délégation russe.
A l’issue d’un vote (par appel uninominal), le Conseil a accepté la demande de tenue d’un débat urgent déposée par l’Ukraine par 29 voix pour, cinq contre et 13 abstentions. Vingt-neuf (29) États ont voté en faveur de la résolution : Allemagne, Argentine, Bénin, Bolivie, Brésil, Côte d’Ivoire, Etats-Unis, Finlande, France, Gambie, Honduras, Îles Marshall, Indonésie, Japon, Lituanie, Lybie, Luxembourg, Malawi, Malaisie, Mexique, Monténégro, Népal, Paraguay, Pays-Bas, Pologne, Qatar, République de Corée, Royaume-Uni, Ukraine. Les États suivants ont voté contre (5) : Chine, Cuba, Érythrée, Fédération de Russie et Venezuela. Les États suivants se sont abstenus (13) : Arménie, Cameroun, Émirats arabes unis, Gabon, Inde, Kazakhstan, Mauritanie, Namibie, Ouzbékistan, Pakistan, Sénégal, Somalie et Soudan.