Pour révéler le Bénin au monde comme il le chante si bien, le Président Patrice Talon une fois élu à la magistrature suprême du Bénin, s’est entouré de compétences à même de traduire sa vision par des projets de qualité pour le bonheur du peuple béninois. Où en est-on après 4 ans de gestion empreinte de réformes ? A cette question, le jeudi 23 avril 2020, l’invitée de l’émission « An 4 de la Rupture : le temps des moissons », le Ministre des Affaires Sociales et de la Microfinance, Véronique Tognifodé Mèwanou, a apporté des réponses suivant les domaines relevant de son département ministériel.
Sylvestre TCHOMAKOU
Intervenant principalement dans l’amélioration des conditions de vie des populations, à savoir, le renforcement des services sociaux de base et la protection sociale, le ministère des affaires sociales et de la microfinance, en 4 ans de gestion, a selon le ministre Véronique Tognifodé Mèwanou, travaillé à « faire du social autrement » avec un mécanisme durable et structurant. Bien que les réalisations ne soient pas encore à la taille des ambitions inscrites dans le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), il est à noter cependant que des efforts considérables ont été faits. En matière de protection sociale, pour permettre aux populations démunies de pouvoir se faire soigner gratuitement quand elles tombent malades, le projet d’Assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH) a été initié avec quatre (04) services à savoir : l’assurance maladie, la formation, le microcrédit et la retraite. Pour mieux assurer le démarrage de la phase pilote dans les sept (07) communes définies à travers les trois zones sanitaires (nord, sud, centre), le gouvernement a procédé dans un premier temps à l’identification et au recensement des ménages pauvres. Ce qui a permis de distribuer cent cinq mille (105.000) cartes biométriques donnant accès à des soins de santé gratuits. « Donc, ils sont cent cinq mille à pouvoir déjà bénéficier des soins de santé gratuitement. Nous sommes toujours en phase pilote ; suivra une phase d’évaluation en juin qui va nous permettre de corriger, et de réajuster s’il y a besoin, et de nous diriger vers la phase de généralisation », explique la ministre des affaires sociales. A l’en croire, les résultats satisfaisants qu’affiche déjà la phase pilote, ont permis de lancer l’enquête d’identification pour la généralisation. Pour cette assurance santé, le panier de soins comporte 26 pathologies et actes répertoriés. Ce qui représente selon les explications de la ministre Véronique Tognifodé Mèwanou, à peu près 70 % des infections les plus courantes. « Ces informations sont données par les agents des Centres de promotion sociale (CPS) et nous avons aussi une grande campagne de communication qui a démarré. Elle se décline sous plusieurs formes : dans les radios communautaires, des exposés qui sont faits dans différentes langues ; des mini-sketchs sont en train d’être préparés pour expliquer afin que toute la population puisse comprendre tout ce qu’il y a dans le volet assurance maladie », précise-telle.
Le microcrédit, plus facile grâce au digital
Si de part le passé, l’octroi de crédit aux femmes était caractérisé par une approche physique, en l’intervalle de 4 ans, le ministère de affaires sociales s’est organisé à digitaliser le mode d’octroi de crédits aux bénéficiaires. Abordant cet aspect des réformes, « la digitalisation a réduit les impayés. On est encore en train de travailler sur le système pour assouplir les conditions d’octroi des crédits aux femmes. Ce qui justifie la pause », relate l’invitée de l’émission « an 4 de la Rupture : le temps des moissons ». Le besoin de financement étant imminent au niveau des bénéficiaires. « C’est d’ici un mois, que nous relancerons le nouveau système d’octroi des microcrédits. Cette année, dix milliards de FCFA sont prévus pour impacter deux cent mille personnes à peu près », poursuit-elle. Contrairement à l’existant, cette nouvelle offre faite par le gouvernement aux femmes en activité, est en rupture avec quelques vieilles habitudes. Essentiellement, les cartes CARMES obligatoires à l’achat au coût de cinq mille (5.000) francs CFA ne sont plus de mises. Par ailleurs, le taux d’intérêt qui était de 8,5% est désormais revu à 4%. Aussi, le mode d’octroi du financement étant via téléphonie mobile, le moyen de remboursement des fonds prêtés reste le même. Pour amener les bénéficiaires à bien mener leurs activités, des séries de formations sont initiées à leur endroit, notamment en éducation financière. En matière de promotion de la microfinance, « avec l’aide du Ministère de l’économie et des finances, nous avons pu procéder à la fermeture de deux tiers de ces SFD (Systèmes financiers décentralisés) qui étaient illégaux. Ce qui nous a permis d’assainir le milieu. Quand on regarde les chiffres de l’INSAE, on voit qu’il y a une réduction de 720 à 150 SFD en 2019.
Le SIDDOFFE-NG, pour une meilleure protection sociale
Pour arriver à répondre aux besoins des différentes couches de la société, par sexe et âge, et avoir des statistiques fixes sur diverses thématiques, il a été mis en place le Système Intégré des Données relatives à la Famille, la Femme et l’Enfant – Nouvelle génération (SIDDOFFE-NG). Une base de données en rapport avec une application web qui permet la production et la diffusion de données désagrégées par sexe et par âge concernant toutes les cibles de l’action sociale. La finalité n’est rien d’autre que « d’analyser l’impact des actions, de savoir s’il y a des besoins et pour corriger aussi ce qui n’est pas bien fait et, de pouvoir organiser la performance du système de l’action sociale dans notre pays ».
Les malades mentaux, des êtres à assister
« La campagne de récupération des malades mentaux de la ville de Cotonou est née du constat amer de cette vision : ce sont des personnes humaines comme nous, qui ont droit, tout autant que nous, à un minimum de dignité humaine. Et c’est dans cet esprit que cette campagne a eu lieu en décembre 2019. Nous sommes en train de faire le point et nous avons prévu l’étendre aux autres localités. Nous avons récupéré, à peu près, entre cinquante et soixante personnes malades mentales, qui ont été amenées vers les centres psychiatriques. Nous prenons de leurs nouvelles régulièrement et, je peux dire que 80% parmi elles se portent mieux, aujourd’hui. Il y a une amélioration notable de leur état de santé. Malheureusement, il y a eu des cas de désertion. Nous allons étendre la campagne dans d’autres localités du pays. Et je lance un appel aux populations pour qu’elles n’abandonnent plus leurs parents qui ont une pathologie mentale dans la rue ; car, c’est une situation qui peut arriver à tout le monde. »
Le combat de la protection des enfants
« Nos actions se basent sur la Politique nationale de la protection de l’enfant (PNPE) avec un plan d’action bien défini. L’objectif de cette politique, c’est de pouvoir réduire toutes les formes de maltraitance, de violence et d’abus à l’endroit des enfants. Plusieurs actions sont menées aussi bien dans le cadre de la prévention que de la mise en œuvre du plan d’action. Nous apportons notre aide aux parents de triplés et plus, nous avons des centres d’accueil et de protection de l’enfant (CAPE) que nous sommes en train de mettre aux normes pour assainir ce milieu. Nous avons suivi et inséré 650 enfants en conflit avec la loi. Nous avons eu à recruter et former des familles hôtes ces derniers temps ; mille (1000) enfants en situation difficile ont été insérés dans ces familles. Nous avons eu à mettre en place la Ligne d’assistance aux enfants (LAE) avec le 138, qui est un numéro gratuit permettant de dénoncer les violences exercées sur les enfants et d’activer les différents services pour la résolution des problèmes qui peuvent concerner les enfants dans toutes les localités du pays. Nous avons toute une politique de prévention, notamment la campagne de tolérance Zéro aux violences faites aux enfants (CTZ). Cette campagne est en cours depuis un moment et a reçu récemment l’adhésion des leaders religieux et traditionnels pour nous aider à mieux lutter contre ce fléau.
Si je vous fais un point sur deux semaines, nous avons eu près de mille (1000) appels. Parmi ces appels, il y a 68 cas qui sont un peu préoccupants. Au sein de ces cas, il y en a qui sont d’extrême urgence qui ont pu être résolus. En guise d’exemple, nous avons les cas de mariages forcés et de viols ».
Course à la promotion et à l’autonomisation de la femme
« Une femme financièrement autonome est une femme qui est indépendante. C’est une femme qui peut se prendre en charge, elle et sa famille, au besoin. Mais pour arriver à cette étape d’autonomisation, il faudrait que la femme soit préservée des violences de toutes sortes et se sente en sécurité. Il faudrait qu’elle soit en bonne santé et maîtriser sa fécondité (espacement des naissances), ce qui lui permet d’avoir un contrôle sur sa capacité financière à gérer ses charges. Et quand on a tout ça, on peut se demander ce qu’on peut mener comme activité génératrice de revenus et ce que l’Etat peut apporter comme appui.
Les équipements ont aidé ces femmes dans l’amélioration de leurs productions, dans l’amélioration de leurs conditions de travail et donc celles de leur vie. Ces dernières années, pas moins de mille (1000) groupements ont été appuyés à hauteur de trois (3) milliards FCFA.
Les femmes participent de plus en plus aux processus de décision. Dans notre Ministère, nous avons eu à installer la plateforme du Compendium des compétences féminines pour mettre bien l’accent sur le mérite des femmes. Il ne suffit pas seulement de favoriser les femmes. Il faut aussi aller vers le mérite. Dans ce Compendium accessible, il y a plus de 1500 femmes avec leurs profils de compétences professionnelles, leur curriculum vitae. Ensuite, il y a aussi la plateforme dénommée « 50 millions de femmes africaines ont la parole » qui est destinée aux femmes entrepreneurs sur laquelle elles peuvent s’inscrire pour vendre leur savoir-faire au-delà de leur localité. C’est une plateforme ouverte sur le monde ». Si ces réalisations ont pu être enregistrées sur les quatre (04) années précédentes, le ministère des affaires sociales n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Les perspectives sont entre autres, poursuivre le projet ARCH qui est un pilier de la protection sociale ; réaliser la généralisation de l’Assurance Maladie ; relancer les microcrédits ; finaliser la formation qui va permettre d’accéder à une augmentation des compétences professionnelles pour accroître la capacité à produire des revenus des artisans puis des autres secteurs ; sans oublier la mise en marche de la phase pilote du volet Retraite en 2020. En ce qui concerne les enfants, il s’agira de renforcer les services de dénonciation.