En matière de réchauffement climatique, la chaine d’impacts résultant de l’analyse de la vulnérabilité actuelle fait apparaître les déterminants, les aléas climatiques, et les relations de causes à effet entre les différentes composantes. Ainsi, le Bénin a identifié des dizaines d’options d’adaptation pour faire face à ces contraintes.
Félicienne HOUESSOU
Les transformations de l’environnement ont des effets sur le mode de vie de la population ainsi que sur leurs activités économiques. Ainsi, la vulnérabilité du Bénin face aux changements climatiques couvre différents secteurs d’activités. Dans le secteur de l’énergie par exemple, la réduction des débits des cours d’eau alimentant les barrages hydroélectriques, la perturbation dans le fonctionnement de certaines infrastructures en l’occurrence les réseaux électriques, la raréfaction des ressources de biomasse et la rupture des réseaux électriques sont entre autres perturbations dénombrés. « Au nombre des impacts identifiés, il faut noter entre autres : la baisse du potentiel hydroélectrique exploitable au niveau des bassins ; l’élévation des niveaux d’eau des barrages hydroélectriques au-delà des cotes d’alerte ; la défaillance des lignes de transport et de distribution de l’énergie électrique ; la perte de capacité (conductivité des lignes) du réseau électrique pouvant affecter négativement les rendements », indique le rapport de la direction du climat.
Egalement, les changements climatiques exercent des effets indésirables à la fois sur la santé des populations et sur les services sanitaires chargés de garantir l’état de bonne santé. Les maladies climato-sensibles majeures qui se retrouvent dans toutes les zones sanitaires du Bénin et dont l’impact social, est le plus élevé sont le paludisme, les infestations respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques. L’analyse de la vulnérabilité actuelle a permis d’identifier les aléas ou risques climatiques majeurs qui affectent toutes les zones sanitaires étudiées, à savoir les inondations, la sécheresse, les pluies violentes, les vagues de chaleur et les vents violents.
Les ressources forestières quant à eux, sont en proie à une forte dégradation sous l’effet des pressions anthropiques. Les risques climatiques majeurs exerçant l’impact le plus élevé sur les écosystèmes forestiers et les communautés riveraines sont les inondations, les pluies violentes et la sécheresse. Les modes d’existence les plus exposés à ces risques comprennent les petits exploitants forestiers et les exploitants agricoles. Au nombre des impacts potentiels susceptibles d’affecter les écosystèmes forestiers du Bénin, il faut retenir le dépérissement des forêts galeries, le dysfonctionnement physiologique et écologique de certains écosystèmes forestiers, la régression des populations d’espèces ligneuses caractéristiques,la réduction de la taille des populations animales dans les parcs nationaux et la modification de la structure de peuplement de certaines espèces végétale et animale.
Le tourisme ne reste pas en marge des risques climatiques. Affecté par les inondations, les crues, la chaleur excessive et l’élévation du niveau de la mer, il enregistre d’énormes difficultés. Il s’agit entre autres de la rareté des compétences dans les structures étatiques à même d’animer la vie du secteur, de la dégradation de certains sites et infrastructures touristiques, etc. Les impacts climatiques observés sont entre autres, la submersion ou disparition d’habitats ou d’infrastructures hôtelières dans la zone littorale, la perturbation des activités des Tour-opérateurs, une baisse de la fréquentation des infrastructures ou sites touristiques et une baisse de l’activité de guidage des touristes.
Plusieurs filières agricoles touchées
Le secteur de l’agriculture est fortement touché par les catastrophes naturelles. Les risques climatiques se traduisent par : des séquences sèches de plus en plus longues occasionnant la rareté du pâturage, la dégradation de plus en plus prononcée des sols avec pour corollaire la baisse de la productivité des cultures ; des pluies tardives et violentes qui conduisent à un décalage des périodes de semis des principales cultures ; la chaleur excessive et l’allongement de la saison sèche responsables de l’assèchement précoce et prolongé des ressources en eau utilisables pour les activités agricoles et une influence directe sur la transhumance. « Somme toute, la perturbation du calendrier agricole, les baisses de rendements agricoles, les perturbations des activités de pêche et d’aquaculture, la forte mortalité du bétail etc. imputables à ces risques climatiques, ont des répercussions économiques évidentes sur la vie des populations affectées », informe la Direction de l’environnement et du climat dans son dernier rapport. Ce document montre une baisse des rendements de la variété EVDT de maïs de 16,7 % et 8,9 % respectivement aux horizons 2030 et 2050. Le rendement du niébé pourrait accuser une baisse de 26,7% en 2030 et 26,1 % à l’horizon 2050. S’agissant de l’arachide, à l’horizon 2030, les projections laissent envisager une baisse de l’ordre de 2,5 % tandis qu’à l’horizon 2050, elles indiquent des perspectives plus favorables à l’amélioration de rendements, avec un taux d’environ 6,4 %. Ces projections affichent également une baisse de rendement du coton de l’ordre de 0,9 % en 2030 et 6,3 % en 2050.
Le secteur des ressources en eau est confronté à quelques problèmes au nombre desquels figurent le faible niveau d’approvisionnement des populations en eau potable, la faible valorisation des ressources en eau, la pollution de l’eau provenant des déchets ménagers et industriels et l’état obsolète des réseaux de collecte de données hydrologiques et piézométriques. Les indicateurs d’incidence sont plus élevés au niveau des bassins versants du Niger et de l’Ouémé que dans ceux de la Volta et du Mono-Couffo. De son côté, le littoral béninois connaît de ce fait, l’un des plus forts taux d’érosion côtière enregistré dans les pays du Golfe de Guinée, avec un recul du trait de côte pouvant atteindre 12 à 30 mètres par an aux points les plus critiques. Représentant le risque environnemental majeur, l’érosion côtière se manifeste présentement avec plus d’acuité dans la partie Est du littoral.
Les principaux risques climatiques actuels auxquels se trouve exposé cet espace sont notamment les inondations, les crues, les vents violents et l’élévation du niveau marin. L’évaluation de la vulnérabilité future, a permis d’identifier quelques impacts dont l’exacerbation du phénomène de l’érosion côtière, la submersion des plages (Cotonou, Ouidah, Grand-Popo notamment), la dégradation voire disparition des mangroves et la salinisation des terres, eaux souterraines et eaux de surface.
Des pistes d’adaptation…
Pour faire face aux contraintes climatiques, six options d’adaptation sont identifiées dans le domaine de l’agriculture, à savoir : le renforcement des capacités nationales en matière d’alerte précoce et de gestion des catastrophes affectant le secteur agricole ; la gestion intégrée des ressources en eau dans les systèmes agricoles ; le développement de systèmes de production végétale et animale résilients aux changements climatiques ; le développement de systèmes d’élevage résilients aux changements climatiques ; le développement de l’aquaculture et la restauration des pêcheries ; l’assurance agricole et la gestion des calamités dans le secteur agricole. Trois options d’adaptation, se dégagent de l’évaluation sur les ressources en eau: la gestion et le développement de l’offre et de la demande en eau ; la connaissance et la protection durable des ressources en eau ; la mobilisation et valorisation des ressources en eau
Plusieurs options ont été identifiées dans les ressources forestières : l’amélioration de la gouvernance forestière ; la promotion de la gestion durable des forêts et des aires protégées ; la promotion des plantations domaniales et communales à grande envergure à base d’espèces autochtones ; la promotion des plantations agroforestières domaniales, communales et privées à petite, moyenne et grande envergure à base d’espèces autochtones. Cinq options d’adaptation sont identifiées en ce qui concerne le littoral : la mise en œuvre d’un plan de surveillance du littoral ; la gestion intégrée des écosystèmes côtiers ; la mise en œuvre d’un plan de mesures d’urgence ; la retraite ; la gestion des inondations. Le développement des actions politiques ; la sensibilisation, l’éducation et la formation et le développement technologique propre, sont les trois options d’adaptation du secteur touristique aux changements climatiques.
Au nombre de cinq, plusieurs options permettent une bonne adaptation du secteur sanitaire. Il s’agit du développement d’un système intégré de surveillance des maladies transmissibles et de riposte ; le renforcement du système d’information et de recherche en santé ; l’élaboration et mise en œuvre d’un plan intégré de prévention des conséquences sanitaires imputables aux changements climatiques ; la mise en place de stratégies réformatrices pour la revalorisation de la formation des agents de santé et l’amélioration des services et produits de santé. La diversification et sécurisation des systèmes de production d’électricité ; le renforcement de la résilience du réseau électrique ; la sécurisation des approvisionnements en bois-énergie et en produits pétroliers et la mise en place de mesures transversales sont les quatre options d’adaptation identifiées dans le secteur de l’énergie.