Ils sont une figure emblématique de Djougou, ces hommes habillés en chemise vert jaune et rouge. Communément appelés ‘’Zémidjans’’ qui signifie en langue locale fon, « emmène-moi vite » et ‘’Zé’’ à Djougou, ces taxis-motos représentent le moyen de transport le plus populaire. Ce mode de transport est important au point de devenir indispensable non seulement aux autochtones mais aussi aux étrangers qui séjournent à Djougou. Artisans, mécaniciens, paysans, diplômés sans emploi, étudiants…, toutes sortes de catégories embrassent le métier. Il suffit juste de disposer d’une moto et de connaître un peu le milieu et top, l’aventure commence. Même certains Aspirants au métier d’enseignant (Ame) à l’instar de Youssouf Ambani, rencontré dans la circulation avec son uniforme, exercent occasionnellement le job à la sortie des classes et pendant les congés.
Cause de la prolifération du métier de zémidjan
Il faut reconnaître que le chômage et l’exode rural sont les principales causes de ce phénomène dans le pays et Djougou n’échappe pas à la règle. Les universités forment des milliers de jeunes diplômés chaque année dont les profils sont en inadéquation avec les besoins du marché de l’emploi. En dehors de ces chômeurs, un nombre important de jeunes se déplacent des villages vers les zones urbaines en quête d’un avenir meilleur. La baisse des rendements agricoles et la pauvreté ambiante poussent fréquemment ces jeunes à l’exode rural. Ils viennent pour la plupart du temps des villages périphériques. C’est le cas de Moumouni Alpha Kobaba, qui, faute de moyens, a abandonné l’apprentissage de la maçonnerie au profit du zémidjan depuis huit ans déjà. Au-delà de tout ceci s’ajoute le poids démographique de la commune de Djougou qui est l’une des plus grandes communes en termes de population après Cotonou, Parakou et Abomey-Calavi.
Un secteur mal organisé où règne l’incivisme fiscal
On dénombre des milliers de conducteurs de taxi-moto dans la commune de Djougou. Ces ‘’Zé” sont sous la coordination de deux syndicats rivaux qui ne s’entendent pas et qui se livrent une guerre froide. Il s’agit de l’Union des conducteurs de taxi moto (Ucotamo), le tout premier syndicat et de l’Union des conducteurs de taxi-moto nouvelle génération (Ucotamog). A la Mairie de Djougou, la direction des affaires administratives et financières n’arrive pas encore à recouvrer les taxes auprès de ces contribuables. Malgré plusieurs séances de travail avec leurs responsables syndicaux, c’est à un jeu de ping-pong qu’on assiste entre les deux camps. Selon le point fait lors d’une séance de reddition des comptes à la Maison des jeunes et loisirs courant décembre 2022, la ligne réservée à la perception des taxes sur les conducteurs des motos à deux roues est à 0 franc pour le compte de l’année budgétaire 2022. Indignés par cet état de chose, plusieurs citoyens dont les têtes couronnées ont demandé à la Secrétaire exécutive de la Mairie de Djougou de prendre ses responsabilités en vue de percevoir par tous les moyens légaux la contribution des conducteurs de taxi-moto au développement de la commune.
A en croire, la Secrétaire exécutive (SE) de la Mairie de Djougou, Vidémè Cornélie Zinsi, il a été proposé aux taxis-motos de payer 4.000 francs cfa par conducteur et par mois soit environ 133 francs par jour pour leur contribution au développement communal. Mais cette somme n’a jamais été collectée suite au refus de ces hommes en maillot vert jaune et rouge. Après les sensibilisations qui se poursuivent, la répression sera lancée car force doit rester à la loi, a mis en garde la SE.
Du côté des conducteurs de taxi, c’est un autre son de cloche. A en croire Baboukari Bachirou, président du tout premier syndicat des taxis-motos (Ucotamo), les Zémidjans n’ont jamais refusé de payer leur contribution citoyenne à la commune. Il parle plutôt d’une mésentente qui résulte de la lenteur administrative. Ce qui retarde la mise à disposition des tickets aux syndicats et surtout le mépris de administration communale à leur égard qui ne les invite jamais lors des séances de reddition des comptes. Son homologue de l’Union des conducteurs de taxi moto nouvelle génération (Ucotamog), Inoussa Issifou renchérit ces propos et appelle les autorités communales au dialogue pour une bonne collaboration au service du développement.
Interrogés sur leur effectif réel dans la commune de Djougou, les deux responsables ne donnent pas de chiffres mais promettent engager un recensement pour la sécurité des Zémidjans et celle des citoyens.
Emmanuel AKAKPO (Br Atacora-Donga)