Des risques élevés continuent d’entourer les perspectives d’inflation, conduisant les banques centrales des principaux pays avancés à se montrer prudentes quant au rythme de l’assouplissement de leur politique, selon le Fmi qui préconise des mesures adaptées pour y faire face.
Aké MIDA
La flambée des prix des services freine les progrès de la désinflation, ce qui complique un retour à la normale de la politique monétaire, selon le Fonds monétaire international (Fmi). L’institution vient de mettre à jour les Perspectives de l’économie mondiale (Pem, Fmi, juillet 2024), relevant que les risques d’accélération de l’inflation se sont ainsi accrus.
Dans les pays avancés, d’après les projections révisées, le rythme de la désinflation devrait fléchir en 2024 et 2025, du fait que l’inflation des prix des services devrait désormais être plus persistante et que les cours des produits de base devraient être plus élevés. L’atténuation progressive des tensions sur les marchés du travail, conjuguée à une baisse attendue des cours de l’énergie devrait ramener l’inflation globale à son niveau cible d’ici à la fin de l’année 2025. L’inflation devrait se maintenir à un taux plus élevé dans les pays émergents et les pays en développement et ralentir plus lentement dans les pays avancés.
La situation de l’inflation laisse entrevoir des taux d’intérêt plus élevés pour encore plus longtemps, dans un contexte d’escalade des tensions commerciales et de plus grande incertitude en matière de politique économique, projette le Fmi. Cela aggrave les risques extérieurs, budgétaires et financiers et pourrait accroître davantage les coûts de l’emprunt et nuire à la stabilité financière si les améliorations budgétaires ne compensent pas la hausse des taux réels dans un contexte de croissance potentielle plus faible.
Les taux directeurs des principales banques centrales devraient encore baisser au second semestre 2024, avec des divergences dans le rythme de normalisation correspondant à des situations d’inflation variées.
Gérer ces risques
Pour préserver la croissance qui devrait être conforme aux prévisions présentées dans l’édition d’avril 2024 des Pem : 3,2 % en 2024 et 3,3 % en 2025, le Fmi estime qu’il faut « échelonner soigneusement le dosage de mesures » afin de stabiliser les prix et de reconstituer les réserves qui se sont réduites.
Dans la mesure du possible, suggère le Fonds, des mesures macroprudentielles devraient atténuer les facteurs de vulnérabilité liés à une forte exposition à la dette libellée en devises étrangères. Les dirigeants doivent agir dès maintenant pour dynamiser les perspectives de croissance à moyen terme en perte de vitesse. L’institution souligne qu’une action résolue des pouvoirs publics est nécessaire pour renforcer le dynamisme des entreprises, réduire la mauvaise allocation des ressources et remédier ainsi aux carences constatées. Il insiste aussi sur la stimulation de l’offre de main-d’œuvre, notamment en intégrant mieux les femmes et les immigrés (segments essentiels qui contribuent à la résilience économique dans les pays avancés), ce qui permettra d’atténuer les pressions démographiques et d’accroître les gains potentiels de croissance.
Les mesures qui contribuent à tirer parti des réseaux de la diaspora sont à privilégier pour maximiser les avantages des envois de fonds et à élargir les possibilités offertes par le marché du travail intérieur. Le Fmi met en garde contre « l’utilisation abusive de politiques de repli et orientées vers l’intérieur » qui compromettrait la capacité à faire face à des enjeux mondiaux.