Le Bénin et le Nigeria, ont signé hier, dimanche 07 juillet 2019, l’accord de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). C’était lors du 12ème sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine au Niger.
Abdul Wahab ADO
C’est désormais 54 sur les 55 pays du continent africain qui ont adhéré à l’accord de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Le Bénin et le Nigéria sont finalement rentrés dans le train de la Zlecaf depuis hier, dimanche 07 juillet 2019. C’est sous des applaudissements que les présidents Muhammadu Buhari et Patrice Talon ont signé l’accord portant création d’une zone de libre-échange continentale. En effet, à ce sommet de l’UA au Niger, le Gabon et la Guinée équatoriale ont déposé leurs instruments de ratification portant à 27 le nombre de pays l’ayant ratifié. La première phase opérationnelle de la Zlec a été officiellement lancée hier dimanche, à l’issue du sommet auquel 31 chefs d’État participent. A cette occasion, le président en exercice de l’UA, l’Égyptien Abdel Fattah al-Sissi, a fait savoir que « Nous avons le droit de nous féliciter de cette grande réalisation » tout en rappelant que « les efforts restent importants pour la mettre en œuvre et permettre l’augmentation des échanges africains, le développement de nos industries ». Selon le président Abdel Fattah al-Sissi « L’amélioration de nos infrastructures sera primordiale pour le bon fonctionnement de l’accord ». Pour le président nigérien Mahamadou Issoufou, « Ce protocole sur le libre-échange doit être accompagné d’un accord sur l’investissement et sur la propriété intellectuelle ». « La Zlec n’est pas un programme isolé. Il forme un ensemble cohérent de mesures qui doivent permettre d’augmenter le niveau des exportations inter-africaines. L’Afrique sera riche de ses matières premières lorsqu’elle sera capable de les transformer », a-t-il précisé. Quant au président de la commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, « la Zlec sera dès son lancement soutenue par des règles d’origine bien définies, des listes de concessions tarifaires dans le commerce des biens, d’un mécanisme en ligne de surveillance et d’élimination des barrières non-tarifaires continentales, d’une plateforme panafricaine de paiements et de règlements numériques, une application pour les entreprises, ainsi qu’un portail de l’Observatoire africain du commerce ». Il faut mentionner que lors de la cérémonie d’ouverture du sommet, la Banque africaine d’exportation et d’importation (Afreximbank) a annoncé qu’elle financerait la Zlec à hauteur de 25 milliards de dollars. Le sommet doit en effet arrêter les statuts, les cadrages budgétaires et de financement du secrétariat général.
Le Ghana choisi pour abriter le siège du secrétariat permanent
Faisant le point de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’Union Africaine, tenue le jeudi 04 juillet 2019 en prélude au 12ème sommet extraordinaire de cette institution, le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération, Alpha Barry, a révélé que le siège du secrétariat permanent de la Zlecaf sera basé à Accra au Ghana. « Il a été décidé que le siège va être à Accra. C’était la position du Burkina Faso, et celle de toute l’Afrique de l’Ouest, qui a soutenu le Ghana », a fait savoir Alpha Barry. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la coopération a, par ailleurs, expliqué que ce sommet marquera l’inauguration d’un nouveau format de rencontre de l’Union Africaine. « Désormais, il y a le sommet de janvier-février, qui concerne tous les Etats, et le mois de juillet, nous allons organiser un autre sommet avec les commissions économiques régionales. Tous les Etats n’y participeront pas. Ça va être de notre côté la CEDEAO, la CEMAC pour l’Afrique centrale, l’Union du Maghreb Arabe côté nord-africain » a-t-il précisé. Cette réunion des ministres des affaires étrangères de l’Union Africaine a été également l’occasion, selon Alpha Barry, d’évoquer la question de l’opérationnalisation du fonds pour la paix mis en place au niveau de l’institution panafricaine dans l’optique de prendre en charge son budget de fonctionnement et celui consacré à la paix. Par ailleurs, il faut mentionner que seule l’Erythrée reste à singer la Zlecaf.
Divers points débattus sur la Zlecaf au Niger
Pour ce 12ème sommet de l’Union africaine au Niger, divers points sont en débat. Il s’agit des impacts de la Zlecaf sur le continent, avec 1,2 milliard d’habitants et 2500 milliards de dollars de PIB cumulé. Pour de nombreux économistes, l’ouverture effective de ce marché commun présente beaucoup d’avantages, notamment la suppression de 90% des droits de douanes, la simplification des procédures administratives, la libre circulation des personnes et des biens, l’ouverture des espaces aériens entre autres. Ce qui devrait augmenter les échanges inter-africains de 33% à 60% d’ici à 2022 selon des chiffres de l’ONU. Cela permettra également d’augmenter de 1 à 3% de PIB par Etat membre. Les modalités d’entrée en vigueur de la Zlecaf, l’harmonisation des règles commerciales à l’échelle du continent ; les modalités sur la libre circulation des personnes et des biens, la définition des produits exemptés des droits de douanes, le financement de la Zlecaf sont débattus entre les chefs d’Etat et les recommandations et seront publiés aux termes des assises.