La période de mars jusqu’en juin est accompagnée en partie de pluies qui déclenche les travaux champêtres dans les villages et hameaux du Bénin. Dès l’aube, tous les paysans vident de fait le village pour les champs, ce qui met en difficulté la vie économique et notamment, le chiffre d’affaires ordinaire des petits commerçant basés dans ces zones.
Bidossessi WANOU
Ils n’attendent pas la levée du jour. Déjà à 4h, au plus grand tard à 5h, ils battent déjà le macadam en direction des champs et fermes. Seuls les retardataires, à 6h, 6h30 trainent encore les pas sur le chemin des champs. C’est habituel. Ce scénario est répétitif à chaque saison pluvieuse dans les villages et hameaux du Bénin. Elle s’avère même plus flagrant au lendemain d’une pluie. Les villages se vident au profit des champs. 24minutes après 6 heures, nous sommes quelques pas entre Kétou et Kpédékpo, Au sud ouest du Bénin, dans un village nommé Modani. Des agglomérations groupées ça et là, mais tous vides. On dirait que ces lieux ne sont plus habités. Au loin, quelques bruits de moteurs, signalant qu’on n’est pas loin du centre ville ou du moins, d’un tracé ou les bruits de moteurs perturbent l’atmosphère trop calme qui nous accueille. A quelques encablures de ces taudis, une femme quinquagénaire, noire et effilée de taille, un foulard noué à la taille sur un pagne bigarré pour peu que l’on remarque les couleurs entremêlées à la poussière qui, telle de la poudre, a maronné aussi ses pieds. C’est une vendeuse de beignets de haricot qui déambulait depuis 8h dans les sentiers qui séparent les cases sans grand revenu. Adétola est son nom. Elle est accompagnée d’une fillette, la dizaine maximum qui, chargée de gâteau de blé appelé « Yovodoko » a son petit seau presque plein au-dessus de la tête dont la face dégoulinait déjà de sueur, preuve qu’elle fait le tour il y a bien longtemps. Désolation totale, la situation laisse comprendre une mévente et un faible chiffre d’affaire depuis le matin. Mais qu’est-ce qui peut bien expliquer ce fait ? Dame Adétola se propose de répondre : c’est la période ébauche-t-elle ; nous sommes en saison de pluie et notre village est majoritairement composé de paysans pour ne pas dit uniquement. Ils quittent très tôt la maison pour ne revenir que tard le soir ». Voilà qui semble justifier la situation. La mobilisation générale des villageois pour les travaux champêtres freinent le petit commerce dans les villages. Seul ceux qui réveillent tôt et très tôt, arrivent à rattraper encore quelques paysans retardataires. Tous les secteurs de ventes ne concentrent d’ailleurs même plus l’attention car, s’il est vrai que certains paysans au motif qu’ils partent tôt au champ n’ont plus le temps de favoriser le petit commerce, ils se retournent tout de même tard, et avec des profusions en produit agricole et n’ont plus besoin des petits commerçants pour quoi que ce soit.
La part belle à quelques denrées de secours
Sachant qu’ils ne pourront toujours pas apprêter un met avec lequel quitter la maison, certains paysans s’abonnent au marché de beignets d’haricot et de l’akassa. Il faudra donc les satisfaire et c’est ce que fait Idjagbo Awèklè qui, depuis 5h s’affaire à apprêter sa bassine de boules d’akassa pour servir tous ceux qui souhaitent s’en approvisionner. C’est aussi le cas des distributeurs de gari et de galettes qui ; depuis la veille au soir, bonifient leurs chiffres d’affaires. Même là, ils sont très peu nombreux à en faire la demande. Et pour cause, explique Aboudou Adjo : « beaucoup de paysans ont des pieds de maniocs dans leurs champs. A la veille de la saison pluvieuse ou à la tombé des premières pluies, on les déterre pour en faire du gari ». Un procédé qui, à l’en croire, limite considérablement aussi la demande. Il s’avère donc que la saison pluvieuse ne fait pas l’affaire de tous même dans les hameaux. Outre le fait qu’elle limite la clientèle astreinte à une mobilité liée aux travaux champêtres, il perturbe le développement du petit commerce. A ce chapitre, il faudra signaler certaines pluies inopportunes et à longueur de journée qui empêchent d’emblée certaines catégories de petits commerçants de pouvoir aussi bien en ville que dans les hameaux dérouler en toute quiétude leurs activités.